mondeTurquie : près de 400 arrestations lors de la Pride d'Istanbul

Par Nicolas Scheffer le 27/06/2022
Istanbul

Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées par la police pour avoir participé à une Marche des fiertés interdite par le régime de Recep Tayyip Erdoğan.

Une fois de plus, la visibilité LGBTQI+ est réprimée par le régime de Recep Tayyip Erdoğan. Ce dimanche 26 juin, près de 400 personnes ont été arrêtées sans ménagement par les forces de l'ordre au cours de la Marche des fiertés d'Istanbul. "373 personnes ont été arrêtées. Toutes avaient été libérées au matin du 27 juin", a déclaré l'association turque LGBTQI+ Kaos GL dans un communiqué.

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Depuis 2015, la marche est interdite par le gouverneur de la ville, officiellement pour "des raisons de sécurité" depuis celle de 2014 qui avait vu plus de 100.000 personnes défiler. Malgré cette prohibition, des centaines de personnes se sont rassemblées avec courage, à visage découvert et munies de drapeaux arc-en-ciel, ce dimanche dans le centre-ville d'Istanbul, pourtant fermé au public. Les manifestant·es ont reçu le soutien de riverains postés à leurs fenêtres.

"Un démantèlement délibéré de la société civile"

"On essaie de nous interdire, de nous empêcher, de nous infliger des discriminations et même de nous tuer à chaque minute de notre existence, a expliqué parmi les manifestants Diren, 22 ans, auprès de l'AFP. Mais aujourd’hui, c’est l’occasion de défendre nos droits, de crier qu’on existe : jamais vous n’arriverez à arrêter les queers." Avant même la manifestation, la police antiémeute a effectué une descente dans des cafés autour de la place Taksim, arrêtant violemment les personnes sur place, et notamment un photographe de l'AFP. Plusieurs témoins ont rapporté que la police a tenté d'empêcher la presse de filmer les arrestations.

"L'arrestation arbitraire de militant·es LGBTQI+ participe à un démantèlement délibéré de la société civile. L'objectif des autorités est clair : harceler et dissuader les manifestants à faire entendre les droits humains", commente auprès de têtu· Sébastien Tüller, responsable des questions LGBTQI+ à Amnesty international.

Depuis l'arrivée de l'AKP (le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan) au pouvoir en Turquie, les initiatives visant à desserrer l'étau pesant sur les personnes LGBTQI+ sont durement réprimées, comme pas plus tard que fin mai à l'université du Bosphore d'Istanbul. L'année dernière, une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans les mêmes conditions que ce week-end, alors même qu'en 2019 la Cour d'appel d'Ankara avait jugé invalides les interdictions de manifestations imposées depuis la tentative de coup d'État de juillet 2016. En mars 2019, 18 étudiants et un de leurs professeurs étaient poursuivis pour avoir participé à un rassemblement en faveur des droits LGBTQI+ sur le campus de leur université à Ankara. Trois ans après la manifestation, la justice a acquitté les manifestants.

Crédit photo : Capture d'écran Twitter / Kaos GL