Le président turc s'en est violemment pris à la "jeunesse LGBT" qu'il accuse de "vandalisme" après des manifestations à l'université du Bosphore. Le même jour, 159 étudiants pacifistes ont été violemment interpellés.
"Nous allons mener vers l'avenir non pas d'une jeunesse LGBT, mais d'une jeunesse digne de l'histoire glorieuse de cette nation", a exhorté Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours devant les cadres de son parti lundi. Le président turc s'en est pris aux militants LGBTQI+ les accusant de "vandalisme". Selon lui, la jeunesse de son parti n'est pas favorable aux personnes LGBTQI+.
"Vous ne faites pas partie de la jeunesse LGBT. Vous n'êtes pas de ces jeunes qui commettent des actes de vandalisme. Au contraire, vous êtes ceux qui réparez les cœurs brisés (sic)", s'est-il emporté. Il a accusé certains manifestants d'être des "terroristes".
"Nous n'allons pas baisser les yeux"
Depuis plusieurs semaine, l'université du Bosphore est le lieu de plusieurs manifestations d'étudiants qui demandent la démission du recteur, nommé par Recep Tayyip Erdogan. Ce recteur, extérieur à l'université, avait tenté de briguer un mandat de député en 2015. Le jour du discours du président turc, une nouvelle manifestation pacifique a conduit à une réponse violente des forces de l'ordre.
À LIRE AUSSI : En Turquie, le langage secret de la communauté LGBT+ menacé
Avec le hashtag "Nous n'allons pas baisser les yeux", la réaction des forces de l'ordre a provoqué un tollé chez les partis de l'opposition. Des vidéos montrent une réponse violente des forces de l'ordre à un mouvement pacifique à base de chants.
"Incitation à la haine"
Au cours de la manifestation, 159 étudiants ont été interpellés. Cette fois, ils dénonçaient l'arrestation arbitraire de quatre autres étudiants accusés d'"incitation à la haine". Leur méfait se résume à avoir accroché un tableau représentant un site sacré de l'islam orné d'un drapeau arc-en-ciel. Deux personnes sont encore en détention quand les deux autres sont assignées à résidence.
"Quatre détraqués LGBT" ont été arrêtés, s'est félicité sur Twitter le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu, samedi (son tweet est inaccessible en France). Le tableau a été accroché devant le bureau du recteur. Selon les autorités, le tableau représente de manière irrespectueuse la Kaaba, un édifice cubique du VIIè siècle au centre de la grande mosquée de la Mecque.
La Turquie est l’un des rares pays musulmans où l’homosexualité n’est pas réprimée par la loi. En revanche, l’homophobie et la transphobie y sont répandues et les associations LGBT font régulièrement état d’agressions et de discriminations. Amnesty International s'inquiète notamment du sort de 19 jeunes poursuivis pour avoir célébré une marche des Fiertés au sein d'une autre université.
Crédit photo : Wikimedia Commons / Пресс-служба Президента Российской Федерации