Le reboot de Queer as Folk c'est fini, mais pour ses interprètes, ce n'est que le début. Notamment pour Devin Way, l'un des visages en couverture du magazine têtu· de la rentrée, bombe atomique au sourire de good boy qui a endossé l'un des rôles phares de la série gay la plus iconique.
Tous ceux qui ont suivi le remake étasunien des années 2000 – adapté de la série originale britannique signée Russell T Davies – se souviennent du couple torride formé par Brian et Justin. C’est dire si le casting du nouveau reboot était une question importante pour les fans, lesquels n'ont pas dû être déçus par la prestation de Devin Way, acteur texan d'une trentaine d'année à qui a été confié le rôle de Brodie – nouvelle version de Brian. “C’est le genre de mec que tu observes à l’autre bout de la pièce durant une soirée et à qui tu as désespérément envie de parler. Mais plus il se fait tard, plus tu réalises que ce type peut tout simplement détruire ta vie”, explique l’acteur en riant à propos de son personnage.
Last but nos least : Devin Way en couverture du têtu· de l'automne 🔥 pic.twitter.com/HMK0KE5ix1
— têtu· (@TETUmag) September 13, 2022
Dans la version du réalisateur canadien Stephen Dunn – disponible sur Starzplay – les tribulations de la bande d’amis ont pour toile de fond la Louisiane et ses décors pittoresques, où, après avoir abandonné ses études de médecine, Brodie rentre au bercail pour faire la fête et essayer de renouer avec son ex. S’il se montre “très charmant” au premier abord, les atouts physiques du personnage dissimulent un homme immature, assez égoïste, et manipulateur sur les bords. “En comparaison, je suis le mec le plus fréquentable de cette planète, estime son interprète. Je suis beaucoup moins chaotique que Brodie.” Leurs similitudes sont plutôt à chercher du côté de leurs parcours respectifs. “Il vient du sud des États-Unis, comme moi ; il est queer, comme moi ; il a été adopté, comme moi, liste Devin Way. C’est rare d’avoir autant en commun avec un personnage. En le jouant, j’avais comme le sentiment de rentrer à la maison.”
Devin Way du Texas à Hollywood
L’acteur a grandi dans la ville texane de Lufkin : “Imaginez un petit gars courant pieds nus tous les jours dans les bois, suggère-t-il pour donner un aperçu de ces années d’insouciance. On habitait pile en face d’un champ de mûres, où j’allais souvent m’amuser. J’y vivais mes meilleures aventures.” Celles-ci, souvent inspirées du Magicien d’Oz, son film fétiche, étaient cependant plus solitaires : “J’étais très timide. Je souffrais d’une anxiété sociale vraiment extrême. Si quelqu’un qui n’était pas un membre de ma famille s’adressait à moi, je commençais à hyperventiler et à pleurer, se souvient Devin. En vérité, je n’ai vraiment commencé à parler qu’à l’âge de 12 ou 13 ans. C’est à cette période que ma personnalité s’est développée.”
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“Sa personnalité, mais surtout son charisme. Après avoir jaugé ses adorables fossettes, son regard espiègle et son mètre quatre-vingt-cinq, on n’est pas étonné d’apprendre qu’il fit ses débuts dans le mannequinat, tout en prenant des cours de théâtre. Sur les conseils avisés de son agent, le jeune homme, qui vit alors à New York, fait toutefois rapidement ses valises pour Los Angeles, comme nombre d’aspirants comédiens. Là-bas, alors qu’il essaie de décrocher des rôles, il travaille en tant qu’entraîneur dans un réseau huppé de salles de sport. “Ça m’a permis de rester en forme et de me familiariser avec le côté glamour d’Hollywood, affirme-t-il, précisant avoir coaché plusieurs personnalités, dont il préfère taire les noms. Ce job m’a aussi permis de me faire un petit réseau de contacts et de me sentir à l’aise avec les gens du milieu. Maintenant, je ne suis plus vraiment stressé quand je passe une audition, par exemple.”
Lorsqu’il apprend qu’il sera à l’affiche de ce reboot attendu au tournant, Devin Way fait ses devoirs : né en 1989, il n’était qu’un préado lorsque les deux premières versions ont vu le jour, et se lance donc dans un marathon pour en rattraper les épisodes. Toutefois, ces deux séries ne lui étaient pas totalement étrangères : “Dès qu’on a eu accès à Internet à la maison, j’ai tapé 'garçons qui s’embrassent' dans la barre de recherche, confie-t-il en souriant. Les premières photos qui sont remontées provenaient du remake américain de la série, mais je ne l’ai réalisé que bien plus tard.”
Un Queer as Folk mis à jour
Pour le tournage, il déménage temporairement à La Nouvelle-Orléans. Hormis Fin Argus – qui incarne Mingus, ado non-binaire qui en pince pour Brodie –, il ne connaît aucun membre du casting. C’est pourquoi, avant d’attaquer la production du reboot à l’autre bout du territoire, le grand brun envoie un message à Jesse James Keitel, qui joue Ruthie, la meilleure amie de Brodie, et qui a été castée en même temps que lui. “Le courant est tout de suite passé, raconte Devin Way. À tel point que Jesse a lâché l’appartement qu’elle devait initialement louer pour en prendre un plus proche du mien, pile de l’autre côté de la rue.” C’est d’ailleurs dans ce pied-à-terre que l’actrice va organiser un repas de Thanksgiving avec toutes les stars du show, lesquelles avaient auparavant dégainé leurs plus beaux déguisements lors d’une fête d’Halloween mémorable – à en croire Instagram, Devin s’était ce jour-là transformé en Scooby-Doo. “On n’a jamais dû feindre l’amitié, précise-t-il en mentionnant toute la clique 100% queer avec laquelle il partage l’écran. On a vraiment pris le temps de se connaître les uns les autres. Ça m’a semblé naturel ; la directrice de casting a visé très juste.”
"J'étais content de voir que je rendais aussi bien à l'écran."
C’est sans doute grâce à cette harmonie générale que Devin Way ne s’est pas senti anxieux lors du tournage des passages les plus intimes. À l’image de la scène d’ouverture du premier épisode, où Brodie est aperçu en train de pénétrer sauvagement un homme blanc dont le dos arbore un tatouage “Black Lives Matter”, et qui soudain s’exclame : “Punis mon cul blanc ! Il est tellement privilégié !” “Ce que j’aime avec cette scène, c’est que le sexe n’est pas gratuit et sert un propos, explique l’acteur en riant de bon cœur. J’ai trouvé ce moment à la fois drôle, sexy et radical : ça donne le ton du reste de la série. Et, très franchement, soyons honnêtes, j’étais content de voir que je rendais aussi bien devant la caméra !”
Au détour de la conversation, l’acteur se souvient d’une projection de Black Panther, la superproduction de Marvel. Une bande de gamins chahutaient, ricanaient, parlaient fort… jusqu’au lancement du film. Là, calme plat. “Ils étaient comme hypnotisés par Chadwick Boseman et par son personnage, noir, puissant, avec le sens de l’honneur. Et puis c’est un roi, note Devin Way. Je pense que c’est ce jour-là que j’ai pris conscience du degré d’importance de la représentation.” Le comédien espère d’ailleurs que ce nouveau Queer as Folk touchera une audience plus large, et notamment toutes les personnes qui ne s’étaient hélas pas reconnues dans les précédentes versions.
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Crédits Photo : Zach Gold