Après avoir souvent déçu dans la conception de ses personnages LGBT, Disney change la donne avec son dernier film d'animation, Avalonia, l'étrange voyage, un récit d'aventure attendrissant porté par un jeune ado gay.
Rappelez-vous la fois où Le Monde de Dory accueillait le "premier couple lesbien dans un film Pixar"... dont les deux protagonistes apparaissaient moins de cinq secondes à l'écran. Ou encore lorsque le blockbuster Avengers: Endgame incorporait le premier personnage gay du Marvel Cinematic Universe (MCU), soit un citoyen lambda dans un groupe de parole. Et il y a aussi cette fois où le fameux "premier personnage lesbien" dans un Pixar était en réalité une policière cyclope dans En avant, laquelle ne faisait que mentionner sa compagne furtivement au détour d'une conversation. Tant d'exemples, comme autant de déceptions.
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Avalonia change la donne
Mais ça, c'était avant Avalonia, l'étrange voyage. Grâce à son dernier film d'animation tout juste ajouté au catalogue streaming de Disney+ en cette période de fêtes, l'entreprise de Mickey rectifie le tir et propose un personnage gay attachant et consistant – et qui ne se définit pas uniquement par sa sexualité.
Réalisé par Don Hall (Vaiana, la Légende du bout du monde), Avalonia nous plonge dans le pays du même nom : un territoire verdoyant, coupé du reste du monde par d'infinies montagnes. C'est là que vivent Ethan Clade et son père, Searcher, un fils d'explorateur qui a préféré ne pas marcher dans les pas de son père disparu pour goûter au calme de la vie de famille. Aussi, lorsque le Pando, la plante qui fournit l'énergie de tout Avalonia, est menacée par un virus énigmatique, la famille Clade se réunit afin d'empêcher le pire d'arriver avant qu'il ne soit trop tard…
Dans son ensemble, sans être le Disney le plus renversant, Avalonia, l'étrange voyage réussit sa mission première : être un long-métrage familial distrayant, teinté d'humour mais doublé d'un message en toile de fond sur l'urgence climatique et l'importance de prendre soin de l'environnement. Le style d'animation, coloré et pointilleux, se situe dans la lignée des plus récents Pixar, comme Raya et le dernier dragon. Pour les fêtes, disons qu'on tient là le film idéal pour captiver des enfants de tous âges, ce qui peut s'avérer utile pour canaliser l'excitation de Noël…
Côté représentation LGBTQI+, il y a de quoi s'enthousiasmer. Dès la première partie du film, on est invité à comprendre qu'Ethan a un sévère béguin pour son camarade Diazo. Un coup de cœur qui semble mutuel, puisque les deux ados se tournent autour, le rouge aux joues. À maintes reprises, Ethan, gêné, réagit comme tant de gamins qui ne savent pas où se mettre en présence de leur premier crush. Alors, certes, il n'y a pas de bisou, et pas non plus de câlin, mais Avalonia n'en a pas besoin : grâce à une écriture et à une animation soignées, les sentiments des personnages ne laissent aucun doute et nous replongent à leur âge, bégayant devant nos personnes préférées. Disney choisit donc de traiter cette bluette comme n'importe quelle autre et de rendre le fait que deux garçons soient attirés l'un par l'autre aussi anodin que possible.
Une sortie sur Disney+
Avec Avalonia, l'étrange voyage, Disney met fin à ce jeu de piste qui consistait à débusquer les sous-textes queers dans des œuvres autrement hétéros, comme ce fut le cas avec Luca et Encanto, pour ne citer que de récents cas de figure. Mais ce virage queer-friendly est-il fait pour durer ? Aux États-Unis, le film, qui est sorti au cinéma, a connu un énorme flop au box-office. Ce n'est donc pas un hasard s'il sort directement sur Disney+ en France, évitant ainsi le traditionnel passage en salles. En tout et pour tout, Avalonia devrait causer à Disney une perte d'environ 100 millions de dollars. Autant dire que ce n'est pas très bon signe pour l'avenir.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes réactionnaires blâment l'aspect "woke" du film pour expliquer cet échec économique. La vérité, c'est que Disney n'a quasiment pas communiqué sur Avalonia, quand d'autres de ses films d'animation ont pu bénéficier d'énormes campagnes d'affichage ainsi que d'une réelle promo sur Facebook, Twitter, Instagram et compagnie. Un sabotage qui, à lui seul, peut expliquer les mauvais résultats du film. On espère donc que Disney ne se servira de cet échec commercial pour faire un pas en arrière concernant l'inclusion LGBTQI+, et qu'il s'agit là de pessimisme de notre part. On a aimé, et on aimerait aimer encore.
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Crédit photo : Disney+
