Lou Dvina et Leontin Lacombe, qui tiennent le compte Instagram de conseils sexo Sapphosutra, continuent sur leur lancée d'exploration et de représentation des sexualités queers en proposant un kamasutra à mettre dans toutes les mains.
Maîtrisez-vous la dune, l'étoile et le volcan ? Si ce n'est pas le cas, vous pouvez toujours vous plonger dans une étude approfondie du Kamasutra queer de Sapphosutra, qui a publié son "manifeste érotique saphique" chez Les Insolentes. Un puits d'informations réunies dans un volume épais qui contraste avec le manque de représentations de la sexualité queer. Pour y remédier, Lou Dvina et Leontin Lacombe nous proposent un ouvrage documenté, clair et détaillé qui conserve la fraîcheur artistique du compte Instagram du couple, Sapphosutra. "Entre catalogue de positions à réaliser avec sa ou son partenaire et anthologie poétique saphique", de quoi nourrir aussi bien nos imaginaires que nos insomnies.
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Sur leur Insta, du cul, des anecdotes, des conseils, des dessins pour toustes. "L'idée, c'est de visibiliser les sexualités queers et plus particulièrement la sexualité saphique à travers des dessins, des témoignages, la participation des abonnées", confiaient-elles à têtu· en juin 2021. Si leur projet a depuis pris de l’ampleur, son objectif reste le même : offrir aux personnes queers des représentations loin de toute caricature. C'est d'ailleurs en raison du manque de propositions qu'offrait le kamasutra hétérocentré que Lou et Léontin, médusées, ont décidé d'agir, car des silhouettes féminines qui "se tournent les tétons de très loin", ça va bien cinq minutes. Ces représentations stéréotypées, en plus d'empêcher toute possibilité d'identification, "accentuent le fait qu’on pense que, dans la sexualité saphique, il n'y a pas de vrai sexe, que ce sont finalement juste des caresses entre bonnes copines". Une idée reçue qui entre en dissonance avec l'image hypersexualisée des lesbiennes. "On nous propose des plans à trois, on nous affirme qu’on n’a pas rencontré le bon mec, s'agace Lou. Dans le male gaze, on incarne des objets de fantasme."
Kamasutra queer et textes littéraires
Lou a donc choisi de dessiner de vraies scènes de sexe queer – loin de celles, absurdes, qu'elles compare à des "pyjama parties" – en s'inspirant des témoignages qu'elle reçoit. C'est pourquoi le kamasutra queer de Sapphosutra regorge de diversité, qu'il s'agisse des corps ou des positions réalisées par des personnes cis, trans ou non-binaires. Trente-trois postures s'enchaînent, avec ou sans pénétration, à deux ou plus, le tout à travers une esthétique simple, colorée, qui ne tombe jamais dans le trash sans pour autant chercher à faire dans le glamour. "C’est ça aussi qui apporte une diversité incroyable et magnifique. On a eu la preuve que l’intimité, la vie sexuelle, est conditionnée par les corps, et qu’on ne pouvait pas parler de sexualité sans parler de corps, ont-elles expliqué à têtu·. Même quand on pense à des corps relativement identiques, parfois la faisabilité d’une position tient à une longueur de bras ou de hanches."
La grosse plus-value de l'ouvrage réside dans sa richesse littéraire, puisque Lou et Leontin ont réuni divers textes érotiques lesbiens écrits par ce qu'elles ont appelé des "génies saphiques", qu'elles présentent d'ailleurs à la fin du livre où l'on retrouve quelques grands noms, comme Sappho, Violette Leduc, ou encore Monique Wittig. Mais aussi d'autres plus récents, comme Élodie Petit, Hugo Amour, Aurore Abraham ou encore Aman Ali.
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Crédit photo : Lou Dvina
