À une large majorité, le Parlement européen a voté une résolution pour que la décriminalisation de l'homosexualité soit au cœur de la diplomatie de l'Union.
Rarement une telle majorité au Parlement européen ne s'est saisie de la protection des personnes LGBTQI+ dans le monde. Ce jeudi 20 avril, l'Hémicycle a voté avec une large majorité en faveur d'une résolution appelant à la décriminalisation universelle de l'homosexualité et de la transidentité. Un texte qui répond au durcissement récent de la loi en Ouganda, laquelle rend l'homosexualité passible de la peine de mort (l'homosexualité est pénalisée dans 63 pays du monde, et passible de la peine de mort dans onze d'entre eux).
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"C'est la première fois que le Parlement adopte une résolution pour la décriminalisation universelle de l'homosexualité et de la transidentité, se félicite Pierre Karleskind, eurodéputé Renaissance à l'origine de la résolution. C'est un message politique envoyé à la Commission européenne et au service d'action extérieur de l'Union européenne [institution chargée de la diplomatie de l'UE]".
Prérequis pour la coopération entre pays
Ainsi, le Parlement demande à la Commission de "mobiliser tous les outils de politique extérieure de l'UE" pour atteindre cet objectif, et lui donne une feuille de route : créer une coalition à l'ONU, faire de cette décriminalisation un prérequis pour abaisser les droits de douane, considérer une clause de "non-retour sur un droit humain" dans les accords internationaux... "Nous attendons de la Commission qu'elle soit beaucoup plus proactive sur la défense des personnes LGBTQI+ dans le monde. Elle pourrait notamment aider directement les associations et la société civile", poursuit Pierre Karleskind.
"Nous apportons notre solidarité à la communauté LGBTQI+, notamment en Ouganda, où elle fait face à un projet de loi draconien. Nous appelons sans équivoque le président Museveni à ne pas promulguer cette abominable loi et à se tenir du bon côté de l'histoire", a dénoncé dans un communiqué transmis à têtu· Kim van Sparrentak, eurodéputée écologiste et co-présidente de l'Intergroupe LGBTI du Parlement européen. La résolution appelle notamment à retirer les avantages douaniers dont profite l'Ouganda si sa loi durcissant la criminalisation de l'homosexualité entre en application.
L'extrême droite française s'abstient
Au total, 416 eurodéputés ont voté en faveur de la résolution, 62 se sont prononcés contre et 36 se sont abstenus. Si des parlementaires des différents groupes politiques ont voté en faveur du texte, les alliés du Rassemblement national, les groupes ID et ECR, ont majoritairement voté contre ou se sont abstenus, tout comme les français Nicolas Bay (Reconquête, proche d'Éric Zemmour), Brice Hortefeux (Les Républicains) ou Nadine Morano (Les Républicains) – Jordan Bardella s'est pour sa part contenté d'assister à la séance sans prendre part au vote du texte complet.
"Est-ce qu’on se rend bien compte que le président d’un parti qui prétend gouverner le pays n’est pas capable de condamner l’exécution d’hommes ou des femmes en raison de leur sexualité ? C’est extrêmement grave que personne ne mette le RN face à cette duplicité", réagit auprès de têtu· Stéphane Séjourné, président du groupe Renaissance au Parlement européen.
Mise à jour le 21 avril : Le président Ougandais a indiqué refuser de promulguer la loi homophobe, annonçant un retour au Parlement avec " des propositions pour son amélioration", pointe Aljazeera. Yoweri Museveni "n'a pas d'objection sur la sanction mais sur la question de la réhabilitation de personnes qui ont pratiqué l'homosexualité mais veulent retrouver une vie normale", selon son porte-parole.
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Crédit photo : Michel Christen, European Union 2020