Plusieurs footballeurs ont encore refusé cette semaine de porter un maillot aux couleurs du drapeau LGBT en symbole de lutte contre l'homophobie, arguant de leurs convictions personnelles.
Et ensuite ? Après que plusieurs joueurs de football ont refusé cette année de participer à la campagne annuelle de la Ligue de football professionnel (LFP) contre les LGBTphobies en arborant un maillot floqué aux couleurs du drapeau LGBT, personnalités et institutions réagissent à leur prise de position.
À lire aussi : Refuser de porter les couleurs LGBT, la nouvelle mode dans le foot masculin
Dès dimanche, lors de la 35e journée de Ligue 1, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait réagi sur France 2 : "Il est de la responsabilité des clubs de prendre des sanctions". Message reçu par le FC Nantes, qui a annoncé le lendemain une sanction financière à l'encontre de son avant-centre égyptien Mostafa Mohamed, qui avait expliqué publiquement : "Vu mes racines, ma culture, l’importance des mes convictions et croyances, il n’était pas possible pour moi de participer à cette campagne". "Mostafa Mohamed, attaquant du FC Nantes, a refusé de prendre part à la rencontre contre le Toulouse FC pour des raisons personnelles, dans une période où le FC Nantes lutte pour son maintien en Ligue 1 Uber Eats. À ce titre, la Direction du FC Nantes a décidé de le sanctionner financièrement", explique le club dans son communiqué. Si le montant de sa sanction n'a pas été précisé, le club annonce qu'il fera "don de cet argent à l'association SOS Homophobie, qui lutte chaque jour contre l'homophobie et qui saura en faire bon usage". Le Toulouse FC, lui, avait simplement écarté de son match dimanche face à Nantes les cinq joueurs qui refusaient de porter ce maillot, tout en se disant "respectueux des choix individuels".
"Complices des comportements homophobes"
Lundi soir, le Conseil national d'éthique de la Fédération française de football a publié une lettre ouverte aux joueurs ayant refusé d'arborer le maillot floqué de numéros arc-en-ciel, dans laquelle il souligne "la gravité de leur comportement et l'erreur qui est la leur". "Même s'ils n'en n'ont pas conscience, ils se rendent complices des comportements homophobes", souligne la FFF, qui ajoute que "pour ceux qui ne se sentent pas concernés par la lutte contre l’homophobie, porter un numéro arc-en-ciel dans le cadre d’une action nationale organisée par le football professionnel français (…) ne saurait présenter un caractère insupportable". Pour autant, la FFF annonce qu'elle ne saisira pas la commission de discipline et souligne encore : "Les comportements individuels de quelques-uns ne doivent pas occulter la réussite de cette initiative".
Et si la séquence n'était pas seulement révélatrice de l'homophobie dans le football ? À ce sujet, Le Monde est allé interroger Ouissem Belgacem. L'ancien footballeur, auteur du livre Adieu ma honte, a connu l'homophobie dans son sport mais aussi dans la culture musulmane, et sensibilise aujourd'hui les joueurs professionnels et amateurs à l'inclusion et à la lutte contre les LGBTphobies. "Les joueurs du Toulouse FC, Zakaria Aboukhlal, et du FC Nantes, Mostafa Mohamed, ont demandé, par le biais d’un post sur les réseaux sociaux, que l’on « respecte » leurs « croyances personnelles », eux qui sont musulmans. Qu’avez-vous à leur dire ?", demande le journal. "Ce que je lis dans ces déclarations, c'est « je suis homophobe, respectez-moi », répond l'ancien footballeur. Et ils utilisent la carte de la religion pour justifier leur propre homophobie. Par ricochet, ça donne encore une mauvaise image de l'islam en France." Et de préciser : "Mais qu’on soit clairs : il y a des millions de Français d’origine musulmane qui n’ont aucun problème avec l’homosexualité."
Pour Ouissem Belgacem, "une partie des instances du football français n'a pas envie de prendre le problème de l'homophobie à bras-le-corps". Et le refus de joueurs de souscrire au message "Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot" montre que "cette initiative ne fonctionne pas (…) Pour lutter contre l'homophobie, il faut éduquer : prendre le temps de former et répéter". Enfin, à l'intention des joueurs concernés, il déclare : "J’aimerais bien que ces joueurs comprennent que porter le maillot floqué d’un arc-en-ciel, ce n’est pas faire la promotion de l’homosexualité". But !
À lire aussi : Lutte contre l'homophobie : le mini-film "à nos amours au grand jour"
Crédit photo : Edoardo Busti via Unsplash