Déjà visé à plusieurs reprises par des dégradations, le local du Centre LGBTI de Touraine, à Tours, a été visé ce 22 mai par une bouteille explosive artisanale, qui heureusement n'a fait aucune victime. Alors qu'une enquête pour tentative d'assassinats est ouverte, bénévoles et salariés font front.
En quatre mois, c'est la sixième fois que le Centre LGBTI de Touraine, à Tours (Indre-et-Loire), est visé par des actes d'intimidation LGBTphobes. Mais ce lundi 22 mai, la violence est montée d'un cran avec le jet d'un explosif dans le local, alors occupé. Visés ces derniers mois par plusieurs dégradations qui restaient matérielles, les membres de l'association s'inquiètent désormais d'une menace qui devient dangereuse pour les personnes. Pour leur permettre de continuer leurs actions, les forces de l'ordre ont augmenté les rondes de surveillance.
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C'est en plein après-midi, lundi, qu'un homme masqué a jeté une bouteille remplie d'acide et d'aluminium dans le local du Centre, où se trouvaient deux salariées et un bénévole. "Nous sommes immédiatement sortis pour essayer de l'attraper. Il s'est retourné vers nous et a lancé 'bon courage maintenant' avant de s'enfuir en courant", témoigne auprès de têtu· Emmanuelle, l'une des salariées. "Par chance, aucun blessé n'est à déplorer et les locaux n'ont pas subi de dégâts", souffle-telle. Il se trouve en effet que le mélange du chimiste LGBTphobe a tardé à exploser, leur laissant le temps de réagir. Mais sinon ? Tous les esprits y pensent, et redoutent une nouvelle agression.
Le Centre LGBTI souvent ciblé
Au lendemain de l'attaque, ce mardi matin, les salariés ont vu en une heure deux rondes de policiers municipaux surveiller les abords du local. Celui-ci est régulièrement ciblé : en février, des agresseurs ont tenté de détruire une vitre, deux vitrines ont été saccagées en mars, le mois suivant de la nourriture a été jetée sur l'entrée et la porte a été forcée et, la nuit du 14 mai, les boîtes aux lettres ont été forcées, le courrier déchiré et les serrures remplies de colle... Une plainte a été déposée et une enquête a été ouverte concernant tous ces faits. Sur celle de lundi, la procureure de la République de Tours a annoncé l'ouverture d'une enquête pour tentative d'assassinats, rapporte France 3 Val de Loire.
"Bien sûr, nous sommes choqués, mais on ne baissera pas les bras, nous sommes soudés", reprend Emmanuelle, un peu éreintée et surtout soucieuse à l'idée qu'on s'en prenne aux militants. "Le préfet d'Indre-et-Loire s’est rendu sur place, il condamne fermement ce nouvel acte de violence et apporte son soutien au centre", a fait savoir sur Twitter la préfecture. Sur la photo accompagnant le message, on voit le préfet devant des affichettes sur la façade clamant "la rue est à nous" ou "nous ne voulons pas mourir parce que nous sommes pédés". Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a également réagi sur Twitter, dénonçant des "attaques inadmissibles" et annonçant avoir "demandé au préfet de renforcer la sécurité de cet établissement".
Multiplication de la violence LGBTphobe
Cette violence n'est malheureusement pas un cas isolé. Le dernier rapport de SOS homophobie fait état d'une agression physique tous les deux jours en France. En parallèle de la montée d'un discours réactionnaire, plusieurs centres LGBT ont également été visés ces derniers mois : celui de Saint-Denis à la Réunion a été incendié en février, celui de Nantes a reçu des tags homophobes et une croix celtique, symbole de l'extrême droite. Au centre d'Arras (Pas-de-Calais), le drapeau arc-en-ciel est régulièrement volé...
"Ces attaques ciblent les centres car ils incarnent la visibilité des personnes LGBTQI+. Nous nous inquiétons pour le public qu'on accueille, nous voulons rester un lieu convivial où tout le monde peut se sentir en sécurité", plaide Emmanuelle. Administrateur du centre, Ash assure que l'association ne déménagera pas : "Nous restons concentrés sur nos actions et la préparation de nos événements, comme la marche des Fiertés, le 17 juin". Un rassemblement de soutien est prévu à Tours ce vendredi 26 mai, à 18h30, place Anatole France.
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Crédit photo : préfecture de l'Indre-et-Loire