sondageLa société française est moins transphobe que ses élus le croient, selon Ipsos

Par Quentin Martinez le 07/06/2023
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À l'occasion du mois des Fiertés, un sondage Ipsos met en lumière une large acceptation en France de la nécessité de défendre les droits des personnes LGBTQI+, notamment concernant l'accès aux parcours de transition.

Si le décalage entre le personnel politique et la société française est béant, c'est bien sur les sujets LGBTQI+. Une grande étude de l'institut Ipsos, réalisée à partir des réponses de 22.500 personnes dans 30 pays dont la France, démontre à quel point les élus sont dans notre pays en retard par rapport à la population. Ainsi, quand François Ruffin, député de la Somme, a récemment déclaré – avant de présenter des regrets – que l'autodétermination de genre constituait une "fracture" dans la société française, une écrasante majorité de nos concitoyens se montre au contraire favorable à l'avancée de nos droits.

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C'est d'ailleurs au sujet de la transidentité que l'écart est le plus évident. Sur le constat, 63% de la population française estime que les personnes trans sont discriminées et 20% n'ont pas d'avis. Les sympathisants écologistes sont sans surprise les plus sensibilisés à la question (rappelons qu'Hélène Hardy, l'une des responsables du parti, est elle-même une personne transgenre) : neuf sympathisants écolo sur dix (90%) entendent lutter contre les discriminations transphobes. Du côté de la France insoumise (LFI), huit sympathisants sur dix (78%) sont de cet avis. Même du côté du Rassemblement national (RN, ex-FN), on considère qu'il faut protéger les personnes transgenres des discriminations : 67% des sympathisants du parti d'extrême droite y sont favorable. Marine Le Pen s'inspire pourtant des dirigeants les plus LGBTphobes pour son programme politique.

10% des Français·es s'identifient LGBT

Certes, lorsqu'on leur suggère des mesures concrètes, les personnes sondées sont légèrement moins allantes, en particulier les sympathisants de la droite et de l'extrême droite. Mais dans leur ensemble, une majorité de Français reste favorable à faire avancer les droits des personnes LGBTQI+. Alors qu'au Sénat, 18 élus Les Républicains (LR) viennent de lancer un groupe de travail pour s'opposer à la possibilité d'entamer un parcours de transition avant l'âge de la majorité, 55% des électeurs y sont pourtant favorable, à condition que les parents soient d'accord (seuls 29% sont contre). C'est sur le remboursement par la sécurité sociale des coûts d'une transition que les électeurs des différents partis s'opposent le plus : six sur dix sont favorables au remboursement à la France insoumise (59%), contre seulement trois sur dix du côté du Rassemblement national (32%) et de LR (35%).

Aujourd'hui, il est aussi plus facile de se déclarer LGBTQI+. Quelque 10% des Français indiquent désormais être LGBTQI+, avec un effet de génération marquant : cinq fois plus de jeunes de la Gen Z (22% des moins de 26 ans) se déclarent queers que parmi leurs aînés baby-boomers (4% des 75 à 59 ans). "Le contexte est radicalement différent avec une plus grande acceptabilité aujourd'hui", analyse Mathieu Gallard, qui a dirigé l'étude Ipsos. Il en veut pour preuve qu'aujourd'hui, la moitié des Français (54%) déclarent connaître une personne LGBTQI+.

Résultat, dix ans après l'adoption du mariage pour tous, seuls 10% des Français considèrent que les couples homos ne devraient pas être reconnus, que ce soit par le mariage ou par le Pacs. "Il y a une hausse continue en faveur du mariage pour tous en France mais aussi de la possibilité pour les couples homosexuels d'adopter", remarque Mathieu Gallard. Si la société française est favorable à protéger et conquérir de nouveaux droits pour les personnes LGBTQI+, "dans les États conservateurs où la droite s'oppose aux droits LGBTQI+ les avis favorables baissent", avertit le directeur d'étude. Et d'ajouter : "Certaines questions restent clivantes, mais sans pour autant devenir des repoussoirs. Dans l'ensemble, la France est un pays progressiste qui se situe dans la moyenne haute de l'étude." Nos droits sont bien un combat permanent.

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Crédit photo : Sébastien Bozon / AFP