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reportageAu Lezart festival, les lesbiennes se ressourcent en air et en fun

Par Tessa Lanney le 01/09/2023
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Événement lesbien rural, le Lezart festival s'est tenu fin août à Vicq-sur-Gartempe, dans la Vienne. têtu· a embarqué son sac de couchage pour se joindre aux festivités !

Après un arrêt sur l’aire d’autoroute de Limours Janvry, au sud de Paris, la voiture têtu· repart vers le Lezart festival avec de l’essence et deux passagers queers qui faisaient du stop. Cette rencontre fortuite donne le ton de la destination : aller à la rencontre de la communauté, d’ici et d’ailleurs. Le GPS met le cap sur Vicq-sur-Gartempe, dans la Vienne. Maël et Margot, deux potes de la capitale ont comme nous leur tente sous le bras, prévoyant de camper avec six autres comparses ce week-end des 25 et 26 août. La discussion tourne d'abord autour de Drag Race France, tout le monde y allant de ses pronostics, et le débat fait vite rage dans l'habitacle entre les fans de Sara Forever et la team Keiona. Maël nous partage son expérience de l’édition précédente du festival lesbien féministe organisé par l'association Arts et Perpectives. Le concept : découvrir des artistes, humoristes, artisan·es queers et bien sûr faire la fête tout en profitant de l'air de la campagne. Aloïse Sauvage est la tête d'affiche de cette quatrième édition.

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"J’avais eu le sentiment d’être dans une bulle le temps d’un week-end, raconte Maël. Le Lezart rappelle qu’on peut être queer et ne pas vivre à Paris, qu’il y a une multitude d’autres endroits où l’on peut se retrouver, partager. Ça permet aussi de faire entendre nos luttes et nos réalités, d’exister auprès des habitant·es des environs". Et si avec sa jauge de 2.500 personnes le Lezart n’a rien à voir avec la capacité d'un Rock-en-Seine (40.000), cela fait tout de même une belle brochette de queers ! "Peut-être que ça permettra à de jeunes queers, de jeunes lesbiennes du coin de s’affirmer davantage", observe le festivalier. "On reste sur un festival à taille humaine. Je préfère les petits festivals, ça va de paire avec une manière de raisonner, de produire, de consommer qui ne vise pas la quantité", se réjouit Margot.

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"Une grande proximité avec les artistes"

L’autoroute laisse peu à peu place aux chemins à travers champs bordés de corps de ferme. Si vous craignez de ne pas être au bon endroit, la myriade de chemises en flanelle, crop tops en résille et coupes en brosse vous rassurent vite. On accède au Lezart par une longue tente, un tunnel dans lequel on retrouve les clichés de la photographe The Lesbianist, qui met en avant les corps et étreintes lesbiennes dans des postures à la fois subtiles et explicites. Margot repère immédiatement le travail de Roméo, autre photographe du lieu, et sa série sur les ruptures accompagnée de textes personnels des modèles. Les festivités ont lieu en haut d’une colline sur laquelle on a greffé une scène. En face de celles-ci, sur les hauteurs, la market place où l’on retrouve des illustratreur·ices, écrivain·es, libraires et artisan·es.

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Au centre de ce cercle culturel, une large plaine où s'installent la plupart des festivalières pour voir la scène. Au Lezart, la programmation est garantie 100% sans mecs cis. Outre les chanteuses, on retrouve cette année les humoristes Tahnee, Mahaut Drama et Natacha Prudent et des drag kings comme Thomas Occhio, Jay des Adelphes, Rico Tourky Brille, Hayden Lavidange et Apollon d’Angelo. Le public en redemande mais n’attend qu’une chose, la venue d’Aloïse Sauvage, qui fait une étape dans sa tournée qui se terminera à Paris le 3 septembre. Et bien sûr où qu'elle aille, ses fans sont au rendez-vous. "L'avantage des petits festivals, c’est que ça permet une grande proximité avec les artistes", remarque Margot, évoquant "de vrais moments de communion. Quand elle a chanté la chanson 'Jimy' par exemple, on sentait que toutes les personnes présentes avaient vécu des trucs similaires et je me suis sentie super proche de la foule. J’ai trouvé ce moment magique, hors du temps."

Réunir les générations

"Ce qui m’a marquée, c’est l’aspect intergénérationnel, reprend notre auto-stoppeuse. Par rapport aux autres événements que je fréquente, il y a beaucoup de personnes plus âgées. C’est trop cool de faire la fête tous ensemble." En témoignent Delphine et Mylène, respectivement 65 et 63 ans, confortablement installées dans des sièges de camping. Après avoir longtemps vécu en région parisienne, ces désormais retraitées habitent dans la Sarthe, près du Mans. "On a pas mal roulé notre bosse !" assure Delphine, qui se souvient bien de La Champmeslé, premier bar lesbien à Paris, mais aussi du 3W Kafé, qui n’est plus strictement lesbien. "On ne sort plus vraiment dans les lieux communautaires. On est devenues assez casanières, confient-elles. On a entendu parler du Lezart par des amies qui nous l’avaient vendu comme un festival lesbien et féministe, alors on est venues l’année dernière pour la journée. Cette année, on a décidé de camper." Après un tour du côté des stands, elles ont rencontré les reprenneuses de la librairie lesbienne féministe Violette and co, dans la capitale, apprenant ainsi que le lieu aurait une seconde vie non loin du local initial. "Elles ont de l'énergie. Ça fait du bien de se mêler à la jeunesse", résume Delphine, avant que Mylène ne la coupe : "Et surtout de voir autant de femmes s’embrasser dans un même endroit !"

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Au Lezart, les enfants sont aussi les bienvenus, comme l’illustre Karine, 44 ans. Avec sa compagne, elles ont emmené leur fils de 5 ans pour son tout premier festival. Venues du sud de Limoges, les deux mamans ont entendu parler du festival dès ses débuts, il y a quatre ans, alors qu’elles faisaient du woofing dans la région et logeaient chez quelqu’un dont la fille était lesbienne. À part la Pride, elles ne participent pas à d’autres événements lesbiens et n’ont d’ailleurs que très peu d’amis queers. “C’était l’occasion de montrer à notre fils d’autres personnes comme nous, dans une ambiance conviviale et bienveillante, développe Karine. Il faut dire que la très rare présence d’hommes cis, ça détend ! On avait déjà participé à des activités en non-mixité, mais jamais d’aussi grande ampleur."

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Crédit photos : Tessa Lanney