queericideMeurtre de Brianna Ghey en Angleterre : deux ados condamnés

Par têtu· avec AFP le 21/12/2023

Les deux accusés, un garçon et une fille, avaient attiré en février la jeune femme trans de 16 ans dans un parc avant de lui asséner 28 coups de couteau. Ils ont été déclarés coupables et risquent la perpétuité.

Le procès a été éprouvant. Au Royaume-Uni, deux adolescents ont été déclaré coupables ce mercredi 20 décembre du meurtre de Brianna Ghey, une adolescente transgenre, survenu en février. Au cours de l'attaque décrite comme "frénétique", la jeune femme pagée de 16 ans a reçu quelque 28 coups de couteau de chasse après avoir été attirée dans un parc proche de chez elle, près de Liverpool dans le nord-ouest de l'Angleterre.

À lire aussi : Le meurtre d'une figure non-binaire soulève la question des queericides impunis au Mexique

Le procès de ce queericide a duré quatre longues semaines. Les deux accusés, un garçon et une fille dont les noms n'ont pas été dévoilés pour les protéger, se sont renvoyé la culpabilité du meurtre au cours de l'audience. Aujourd'hui âgés de 16 ans, ils risquent la perpétuité pour ce meurtre "horrifique", selon les mots de la police, mais la sanction sera rendue dans un second jugement. Au moment du prononcé de la culpabilité, les deux adolescents n'ont montré aucune réaction.

Une "soif de tuer"

Une absence manifeste de regrets qui a accablé la mère de Brianna Ghey, laquelle a décrit sa fille comme "drôle, pleine d'esprit et intrépide", réclamant "de l'empathie et de la compassion" pour les familles des accusés. Ces derniers ont été décrits par l'accusation comme fascinés par "la violence, la torture et la mort" et animés par une "soif de tuer".

Car l'assassinat de la jeune femme a été planifié pendant des semaines, comme l'attestent les SMS glaçants des accusés. Une semaine avant les faits, la fille a ainsi transmis au garçon la photo de Brianna avec ce message : "Samedi 11 février 2023. Victime : Brianna Ghey". Puis elle décrivait le mode opératoire jusqu'à la dissimulation du corps : "Attendre que Brianna descende du bus, ensuite, marcher tous les trois jusqu'au parc Linear. Aller jusqu'à la zone du tuyau/tunnel. Je dis le mot de passe à [nom du co-accusé]. Il la poignarde dans le dos pendant que je la poignarde à l'estomac".

Quatre autres ados visés

L'enquête a montré que quatre autres adolescents étaient inscrits sur une "kill list" des accusés. Ces derniers sont atteints, entre autres, de troubles autistiques. Le garçon a "progressivement cessé de parler" après son arrestation et déposé son témoignage au procès à l'aide d'un clavier. "Il s'agit de l'un des cas les plus perturbants que j'ai eu à traiter. La planification, la violence et l'âge des tueurs dépasse l'entendement", a témoigné la procureure en chef adjointe Ursula Doyle.

La police a retrouvé des empreintes digitales des accusés sur des bouteilles de soda retrouvées dans le parc. Les adolescents ont également été aperçus par des passants, et ils ont été arrêtés dès le lendemain du meurtre à leur domicile. Dans la chambre de la fille, les enquêteurs ont retrouvés des vidéos de torture et une veste avec des traces de sang appartenant à Brianna. Chez le garçon, qui utilisait un langage "déshumanisant" pour qualifier la victime, un couteau maculé du sang de la victime a été retrouvé. "Brianna faisait confiance à l'accusée" qui l'a entraînée dans le jardin et elle a été "trahie" par quelqu'un qu'elle pensait être son amie, a déclaré l'enquêteur Nigel Parr, de la police de Cheshire.

Au Royaume-Uni, alors que les droits des personnes transgenres sont l'objet d'une rhétorique réactionnaire, la mort de la jeune fille a provoqué une très forte émotion. Dans plusieurs villes, des veillées à la bougie ont été organisées avec des slogans visant à "protéger la jeunesse trans" et demandant "justice pour Brianna".

À lire aussi : Du guet-apens au massacre : pourquoi les crimes homophobes sont-ils si barbares

Crédit photo : Oli SCARFF / AFP