mondeLa Russie envoie désormais en prison les LGBT pour "extrémisme"

Par têtu· avec AFP le 20/03/2024
Russie LGBT

L'offensive LGBTphobe a franchi un cap en Russie : deux salariés d'un bar ont été placés en détention provisoire pour leur soutien aux "activités de l'association publique internationale LGBT". Ils risquent jusqu'à dix ans de prison.

Après des amendes, les poursuites au pénal. Ce mercredi 20 mars, le tribunal d'Orenbourg, ville russe proche de la frontière avec le Kazakhstan, a placé le directeur artistique et l'administratrice du bar Pose en détention provisoire pour au moins deux mois pour "extrémisme" LGBT, rapporte l'AFP. "Au cours de l'enquête, il a été établi que les accusés, des personnes ayant une orientation sexuelle non traditionnelle, (…) soutiennent également les opinions et les activités de l'association publique internationale LGBT [sic] interdite dans notre pays", rapporte un communiqué du tribunal, diffusé sur Telegram.

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Dans ce pays fer de lance du lobby réac, ce raid judiciaire est possible depuis un arrêt de la Cour suprême rendu fin novembre 2023 permettant de ”classer comme extrémiste le mouvement de société international LGBT et d'interdire ses activités sur le territoire de la Fédération de Russie". Cette qualification peut conduire à une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de détention.

L'audience au tribunal d'Orenbourg s'est déroulée à huis clos. Les magistrats ont décidé "de l'incarcération des deux personnes accusées jusqu'au 18 mai 2024", précise le communiqué. "Lors des perquisitions, la police a saisi des smartphones, des ordinateurs portables, des sacs contenant des vêtements pour femmes et des perruques", a rapporté le ministre de l'Intérieur régional, citée par RIA Novosti, l'agence de presse russe sous la tutelle de l'État.

Des amendes à la prison

Les deux salariés ont été arrêtés le 9 mars lors d'une descente de police en pleine nuit dans le bar Pose, a affirmé le média indépendant Mediazona, qui a relayé une vidéo de la scène montrant des personnes allongées sur le sol, face contre terre, les mains sur la tête, entourées de policiers. Sur les réseaux sociaux, cet établissement d’Orenbourg dit accueillir une “programmation avec des spectacles”, sans donner plus de détails. Mardi, évoquant cette affaire, la cheffe de la branche russe d'Amnesty International, Natalia Zviaguina, a dénoncé l’ouverture en Russie de “la première enquête pour «extrémisme»” en lien avec la communauté LGBT+.

Ces dernières semaines, plusieurs Russes ont été condamnés à des amendes pour avoir mis en ligne des photos avec des drapeaux arc-en-ciel. Trois clubs LGBTQI+ ainsi qu'un sauna gay moscovites ont fait l'objet de descentes policières et le plus ancien bar LGBTQI+ de Saint-Pétersbourg a dû fermer ses portes. Deux influenceuses ont été condamnées à 500 euros d'amende pour avoir diffusé sur Instagram une vidéo de leur baiser. 

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Crédit photo : Olga Maltseva / AFP

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