EXCLU - JCDecaux annonce à têtu· retirer l'affichage promotionnel de Transmania, le livre transphobe et complotiste de Dora Moutot et Marguerite Stern.
Décidément, le lobby réac cherche à s'approprier tout l'espace, y compris la rue. Ce mercredi 17 avril, alors que nous humions l'air matinal de Paris, nous avons découvert en levant les yeux une affiche promotionnelle pour le nouveau livre de Dora Moutot et de Marguerite Stern, Transmania. Une grande publicité, diffusée également à Lyon et à Toulouse, et barrée d'une accroche transphobe : "Quand l'idéologie transgenre s'infiltre dans toutes les sphères de la société… ou l'histoire de l'un des plus gros casses conceptuels du siècle."
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Cet après-midi, sur l'insistance des questions de têtu· quant à la validation d'une telle campagne, JCDecaux nous annonce avoir décidé de retirer les affiches. "Si JCDecaux est par conviction attaché à la liberté d’expression, nous avons procédé au retrait des affiches Transmania sur les mobiliers concernés du fait des propos véhiculés sur le visuel sur lequel la Ville de Paris nous a par ailleurs interpellés. Nous présentons nos excuses aux personnes que ces affiches ont pu heurter", nous fait savoir l'entreprise spécialisée dans la publicité urbaine.
Transphobie et complotisme
Que les filles spirituelles de La Manif pour tous trouvent tribune ouverte pour déblatérer leurs délires dans Le Figaro ou Le Point était déjà une épreuve, mais l'affichage public est régi par des règles précises. D'ailleurs, JCDecaux dispose d'une charte de communication dans laquelle l'entreprise édicte des principes parmi lesquels "le refus du racisme, de l'antisémitisme et de toute discrimination fondée sur (…) l'orientation et l'identité sexuelle". Un peu plus loin, on peut lire : "La publicité doit respecter la dignité humaine et ne doit ni inciter ni cautionner aucune forme de discrimination (…) La publicité doit faire preuve de sincérité et d’honnêteté et ne doit autoriser aucun propos ou représentation qui provoquerait des peurs irrationnelles. Toute forme de manipulation et de promotion de fausses croyances doit être strictement interdite." Or le livre, que nous avons pu consulter, en est truffé, ce qu'a reconnu l'entreprise. L'affichage "est également contraire à notre Charte de la déontologie de la communication extérieure", constate-t-elle.
La mairie de Paris a fait savoir son mécontentement, par la voix du premier adjoint, le socialiste Emmanuel Grégoire, qui a écrit à l'entreprise ce mercredi matin pour demander le retrait des affiches. "Ce n'est pas mon rôle de définir le contenu du livre. En revanche, l'accroche sur l'affiche est en elle-même transphobe et complotiste. JCDecaux est soumis à un contrat de concession qui l'oblige à un devoir de vigilance sur les propos mis en avant par l'affichage, s'agace l'élu parisien auprès de têtu·. On ne peut pas invoquer la liberté d'expression lorsqu'il s'agit de discrimination, en particulier transphobe."
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Crédit photo : Maurine Charrier / têtu·