Cet été, sous le parasol, on se met dans sa bulle et on découvre celles de six bandes dessinées qui, chacune dans leur style, explorent nos identités LGBT+.
Entre les biographies de figures éminentes de la communauté, les fictions sensibles ou les récits torrides, la bande dessinée s'ouvre de plus en plus aux vécus LGBTQI+. Pour cet été, on vous a dressé une petite sélection 100% queers (ou presque) à dévorer en vacances ou à la maison.
- Fragile, de Mathilde Ducrest
Étudiante issue d'un milieu modeste, Emily répond à une petite annonce pour un job estival : il suffit alors de promener le chien des Rascines, une famille bourgeoise et privilégiée des environs. C'est ainsi qu'elle rencontre Suzanne, l'aînée, avec qui l'alchimie est instantanée. Au gré de leurs balades de plus en plus fréquentes, les deux jeunes femmes se confient et se découvrent. Plus qu'un récit sensible avec une romance lesbienne, Fragile est aussi une fiction sur les écarts de classe sociale et la notion d'héritage. On se laissera happer par la pertinence de ses textes et les couleurs chaleureuses des images, délicieusement réconfortantes.
>> Disponible chez Casterman
- Alan Turing, de Maxence Collin, François Rivière et Aleksi Cavaillez
L'histoire le retient comme un cryptanalyste de génie, parvenu à décoder les messages cryptés des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Le mathématicien britannique Alan Turing fut aussi un homme gay qui a passé une grande partie de sa vie tourmenté par son premier amour, Chris, disparu trop tôt, puis dont la carrière a été brisé par une condamnation à la castration chimique pour homosexualité. Avec un trait crayonné noir et blanc qui colle à la noirceur omniprésente du récit, la bande dessinée Alan Turing éclaire les zones d'ombre autour du savant en se focalisant sur sa sensibilité et les émotions conflictuelles qui l'auront longtemps rongé.
>> Disponible chez Casterman
- Coccinelle, de Luca Gonca et Gloria Ciapponi
Artiste de cabaret dans la France des années 1950 (en particulier chez Madame Arthur), Coccinelle est devenue la première personne trans connue du grand public en France, et ainsi une légende et une icône de la communauté. Avec un style à l'ancienne appréciable, cette bande dessinée retrace le parcours sinueux mais tout aussi captivant de cette figure trans aussi affable qu'énigmatique. De son vivant, elle a autant su divertir et fasciner les foules que participer à l'ouverture des mentalités.
>> Disponible chez La Boîte à bulles
- Amour, sexe et terre promise, de Salomé Parent-Rachdi et Deloupy
Pendant plusieurs années, la journaliste Salomé Parent-Rachdi a sillonné les territoires d'Israël et de la Palestine. À travers une dizaine de portraits mis en image avec un trait efficace, elle tente de décortiquer comment le conflit, l'occupation et le vécu séparé des deux populations impactent la vie sentimentale et sexuelle de plusieurs générations : Mohammed raconte sa vie de jeune homosexuel à Gaza, quand Samira, une lesbienne palestinienne, détaille les affres de sa relation avec une soldate israélienne. En dépit de son titre désarçonnant alors que la guerre à Gaza échauffe les esprits, Amour, sexe et terre promise inclut le partage d'histoires queers primordiales.
- Split Check, de Nero O'Reilly et Iris Jay
Après qu'un critique culinaire (qui est aussi son ex) a descendu sa cuisine, Nic, un jeune chef new-yorkais, est dépité. Pour sortir de sa zone de confort, il accepte un nouveau job dans un restaurant de sandwichs à Detroit, dans le Michigan. Ce qu'il n'avait pas anticipé, c'était de commencer une relation sexuelle bouillante avec son nouveau collègue, le séduisant Jaime Velasquez. Décrit comme un The Bear gay, le premier tome – sur trois annoncés – de Split Check est un savant mélange d'érotisme et d'arrière-cuisine, tout en laissant la place à chaque personnage (on note d'ailleurs la présence d'un homme trans ingénieusement sexualisé, une représentation rare en bande dessinée).
>> Disponible aux éditions Dynamite
- Clémence en colère, de Mirion Malle
Comment équilibrer sa rage avec le besoin de résilience ? Pour se reconstruire après avoir subi des violences sexuelles, Clémence rejoint un groupe de parole. Elle y trouve une communauté, une famille choisie. Mais pour l'instant, elle est surtout en colère. Contre cette société qui insulte les femmes et les queers, sa fureur est corrosive, dévorante, galvanisante ; c’est celle de la lutte, celle qui donne envie de rendre les coups. Clémence en colère parle surtout d’espoir, de raisons de continuer à se battre, et de tous ces moments de douceur à trouver.
>> Disponible chez La ville brûle
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Crédit photos : Casterman / La Boîte à bulles / Les Arènes / Dynamite Eds / La ville brûle