Membre de l'Union européenne, la Bulgarie a adopté une loi contre la "propagande" LGBT+ à l'école, dans le sillage de la Hongrie de Viktor Orbán elle-même inspirée par la Russie de Vladimir Poutine.
Un nouveau domino dans l'escarcelle du lobby réac international. Le Parlement bulgare a interdit ce mercredi 7 août la "propagande" LGBT+ à l'école, par le vote d'une loi qui rend illégal "l'encouragement" d'une "orientation sexuelle non traditionnelle" et d'une identité de genre "différente de la biologique".
À lire aussi : La Russie envoie désormais en prison les LGBT pour "extrémisme"
L'amendement, introduit sur proposition du parti d'extrême droite prorusse Vazrajdane (Renaissance), a été adopté à une très large majorité, avec 159 voix (22 contre et 13 abstentions). Un vote surprise que les rapporteurs du texte ont justifié par la nécessité de légiférer rapidement en raison d'une "normalisation inacceptable de l'orientation sexuelle non traditionnelle", opérée selon eux par la "propagande" actuelle.
Ils ont "profité" d'un contexte de "guerre culturelle" autour des Jeux olympiques de Paris 2024 pour faire passer cette réforme, explicite Denitsa Lubenova, avocate de l'association LGBT+ Deistvie (Action), auprès de l'Agence France-Presse (AFP). L'Église orthodoxe a en effet vivement critiqué la cérémonie d'ouverture qui avait fait une belle place à la visibilité queer, et la Bulgarie a dénoncé la participation des boxeuses algérienne Imane Khelif et taïwanaise Lin Yu-ting, jugeant qu'elles représentaient "l'autre sexe".
Joue-la comme Poutine
Cette offensive anti-LGBT est directement inspirée du modèle de la loi hongroise qui, depuis l'été 2021, interdit d'évoquer l'homosexualité devant des mineurs sous peine d'une amende. En la soutenant, le Premier ministre de Hongrie, Viktor Orbán, s'est lui-même inspiré de la législation utilisée dans la Russie de Vladimir Poutine pour réprimer les minorités sexuelles et de genre. Fin juin, le Parlement en Géorgie avait aussi voté en première lecture une loi interdisant la "propagande LGBT+".
Après le vote du texte, des manifestants sont descendus dans les rues de la capitale bulgare, Sofia, pour protester aux cris de "Honte à vous !" et "Arrêtez de chasser les gens de Bulgarie". L'ONG LevFem, à l'initiative du rassemblement, estime que cet amendement va rendre impossible "toute lutte contre le harcèlement scolaire des jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres". Pour Radoslav Stoyanov, vice-président du comité Helsinki bulgare de défense des droits humains, la nouvelle législation va empêcher la diffusion d'une "information scientifique" auprès des élèves concernant les minorités.
La Bulgarie, membre de l'Union européenne depuis 2007, est en proie à une grave instabilité politique et ses électeurs sont appelés aux urnes cet automne pour la septième fois depuis 2021. Cet ancien pays communiste, où l'opinion publique est largement hostile aux LGBT+, n'autorise ni le mariage ni l'union civile entre personnes de même sexe.
À lire aussi : De Poutine à l'extrême droite française, le vrai lobby anti-LGBT
Crédit photo : Nikolay Doychinov / AFP