éducationContre le harcèlement scolaire, où en est le gouvernement

Par Nicolas Scheffer le 07/11/2024
Anne Genetet, ministre de l'Éducation nationale.

Pour la Journée nationale contre le harcèlement scolaire, ce 7 novembre, le ministère de l'Éducation nationale confirme la généralisation progressive des cours d'empathie à l'école, après une expérimentation prometteuse. Les nouveaux programmes d'éducation à la vie sexuelle et affective sont quant à eux promis pour décembre.

La mobilisation se veut générale en cette Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Après des années à tâtonner sur ce dossier, l'Éducation nationale reconnaît ce jeudi 7 novembre, par la voix de la nouvelle ministre Anne Genetet, que "près de deux élèves par classe sont harcelés à l’école" et que "face à ce fléau, nous le savons, il est urgent d’agir". Emmanuel Macron s'est même fendu d'un long tweet appelant à "redoubler nos efforts collectivement". Il faut dire que ces derniers ont été ralentis par la valse des gouvernements.

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Dans le but de "faire prévaloir la solidarité et l’empathie" à l'école est mis en avant le clip du prix "Non au harcèlement", réalisé par des élèves d'un collège de l'Allier, avec ce message : "Ton problème, c’est mon problème".

Les cours d'empathie très efficaces

Pour enrayer le phénomène, le ministère mise donc enfin sur les cours d'empathie, qui montrent de bons résultats. Suivant l'exemple danois, qui les a mis en place dès 1993, ces séances visent à encourager les enfants à reconnaître et partager leurs émotions, à les analyser via des saynètes, ou à débattre ensemble de la vie de la classe. Le précédent gouvernement avait annoncé la généralisation progressive du dispositif, expérimenté au premier semestre 2024 dans plus de 1.200 établissements.

Dans un dossier de presse publié ce 7 novembre, le ministère reconnaît "l'effet positif de ce nouveau levier dans la prévention du harcèlement à l'école". Les résultats sont en effet impressionnants : "47% des écoles ont vu le nombre de situations de violence diminuer sur le temps de l’expérimentation (les autres restant stables, moins de 1% ayant vu ce nombre augmenter, contrairement à la tendance nationale)", note le bilan de l'expérimentation, qui détaille : "Le nombre de situations de harcèlement diminue au fur et à mesure que le nombre de séances augmente, passant d’une diminution pour 39% des écoles avec environ une séance par mois, à une diminution pour 100% des écoles avec au moins deux séances par semaine. Cette tendance est identique sur les autres indicateurs observés."

"L’année scolaire verra la mise en œuvre d’un important plan de formation et d’accompagnement des professeurs sur le sujet du développement des compétences psychosociales", promet le ministère, expliquant que trois volumes représentant un "kit empathie" ont été créés pour proposer des "éléments d'organisation", "un éclairage scientifique", et "plus de trente séances clés en main". La ministre Anne Genetet, qui s'est rendue mercredi au lancement de la fondation contre le harcèlement scolaire Faire Face, lancée par son prédécesseur Gabriel Attal, ajoute dans une interview accordée à Elle : "À partir de l’année 2026, les programmes d'éducation à la vie affective et à la vie relationnelle comprendront toute une partie sur la compréhension des émotions de l’autre."

Nouveau programme d'éducation à la vie affective

Arlésienne du gouvernement, le nouveau programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle a été présenté au gouvernement mi-décembre, suivant trois axes : "Se connaître, vivre et grandir avec son corps""rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir" et "trouver sa place dans la société, y être libre et responsable". Il s'agit de remédier enfin à un trou dans la raquette : inscrites dans la loi depuis 2001, les trois séances par niveau d'éducation sexuelle sont régulièrement passées à la trappe, comme nous l'écrivions en 2021, alors qu'elles sont une brique fondamentale de la lutte contre le harcèlement, en ce qu'elles ouvrent les élèves à l'altérité.

Initialement annoncé pour décembre 2023, l'examen de ce nouveau programme devant le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) a sans cesse été repoussé, retardant sa mise en oeuvre effective. "J'ai pris le temps qu'il fallait pour relire avec beaucoup d'attention le programme qui a été écrit. Il est très complet", a salué le 22 octobre Anne Genetet lors d'une audition au Sénat. Et de promettre : "Il passera en Conseil supérieur de l'éducation au mois de décembre. Je demande qu'il soit publié le plus tôt possible pour que là aussi, les enseignants aient le temps de s'en saisir, pour être prêts à l'utiliser le plus tôt possible." Échéance désormais évoquée pour la mise en place de ce programme, initialement promise pour la rentrée 2024 : "Au plus tard à la rentrée 2025."

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Illustration : Bertrand Guay / AFP

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