Le VIH, c'est manifestement du passé aux yeux de Xavier Breton, le vice-président de l'Assemblée nationale. Ce député Les Républicains (LR), ancien de La Manif pour tous, propose de supprimer le groupe d'études sur le VIH/sida. Le député socialiste Arthur Delaporte s'y oppose.
La droite a-t-elle déjà tourné la page du VIH/sida ? Ce mardi 10 décembre, la délégation du bureau de l'Assemblée nationale chargée des groupes d’études a proposé de mettre fin à celui concernant la lutte contre le VIH, qui permet d'informer et de sensibiliser les parlementaires de différents bords politiques depuis plus de vingt ans. Son vice-président jusqu'à la dissolution de cet été, Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados, s'inquiète des risques que ferait courir une telle décision alors que jamais nous n'avons été aussi près de mettre fin à l'épidémie. Comme plusieurs de ses collègues, il demande à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, de ne pas prendre en compte cette proposition et de laisser les parlementaires travailler.
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- Vous dénoncez un risque de suppression à l'Assemblée nationale du groupe d'études concernant le VIH/sida. Que se passe-t-il exactement ?
Arthur Delaporte : Les groupes d'études sont remis en jeu à chaque législature. Le président de la délégation chargée des groupes d’études, le vice-président Les Républicains (LR) Xavier Breton [opposant de longue date aux droits LGBTQI+, ndlrI], a estimé qu'il fallait supprimer 16 groupes d'études dont celui sur le VIH/sida. Certes, certains ont des contours flous et un toilettage est nécessaire, mais d'autres sont très importants, comme celui sur les violences intrafamiliales ou, je le crois, celui sur le VIH/sida. La proposition de Xavier Breton va être transmise au bureau de l'Assemblée nationale, qui devra trancher. J'exhorte donc la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, et le bureau à s'opposer à cette régression.
- En quoi consiste ce groupe d'études sur le VIH/sida ?
Nous menons des auditions pour documenter et faire vivre le débat sur le thème du VIH, en invitant différents interlocuteurs. En dix-huit mois, nous avons réalisé une dizaine de réunions. Les parlementaires rencontrent ainsi les différents acteurs de la lutte contre le VIH qui peuvent leur remonter des difficultés. L'avantage d'un groupe d'études est d'être transpartisan : on arrive régulièrement à des consensus. C'est aussi un lieu de plaidoyer politique. Par exemple, c'est grâce à nos travaux qu'a été inscrite dans la loi la gratuité du dépistage en laboratoire sans ordonnance. Nous nous intéressons aussi à des sujets transversaux, par exemple en poussant le gouvernement à une stratégie de prise en compte des problématiques liées au chemsex. Nous devions d'ailleurs porter le débat dans l'hémicycle au mois de juin, à l'initiative de la députée macroniste Brigitte Liso, qui présidait alors notre groupe d'études [un nouveau texte a été déposé en octobre, ndlr].
- Sentez-vous un manque d'intérêt de la part de vos collègues pour la lutte contre le VIH/sida ?
Pour atteindre notre objectif de zéro transmission du virus en 2030, nous devons mobiliser davantage l'Assemblée nationale. Dans ce cadre, il y a une dimension symbolique très forte à vouloir supprimer ce groupe d'études, comme si le VIH n'était plus un sujet. Nous devrions au contraire élargir les compétences de ce groupe à la santé sexuelle, et y englober notamment les hépatites virales.
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