Sous Donald Trump, les États-Unis ne reconnaissent plus la transidentité dans les documents officiels. Pour l'instant, le ministère français des Affaires étrangères n'a recensé aucun problème concernant des voyageurs LGBTQI+.
La question était inenvisageable il y a à peine six mois, mais elle se fait de plus en plus pressante : en tant que personne queer, doit-on craindre de se rendre aux États-Unis ? Dès son premier jour à la Maison-Blanche, le président américain, Donald Trump, a signé un décret interdisant la reconnaissance administrative des personnes transgenres, et lancé une guerre contre les politiques de diversité et d'inclusion au sein des entreprises. Heureusement, les voyageurs LGBTQI+ peuvent toujours passer la frontière.
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"Nous n'avons reçu aucune consigne visant à décourager un voyageur LGBT de venir aux États-Unis", rapporte un diplomate américain. Le ministère français des Affaires étrangères se veut, lui aussi, rassurant : "Je ne dissuaderais pas une personne LGBT+ d'aller aux États-Unis, par exemple pour participer à la Pride mondiale prévue à Washington. Nous n'avons eu aucune remontée concernant une personne LGBTQI+ qui se serait vu refuser l'entrée aux États-Unis en raison de son genre ou de son orientation sexuelle", pointe un diplomate français.
Malgré tout, le Quai d'Orsay a modifié sa fiche de "conseils aux voyageurs" se rendant aux États-Unis, précisant par exemple que "pour les nouvelles demandes de visa, il convient de relever qu’une rubrique a été ajoutée qui requiert, en vertu du décret présidentiel du 20 janvier 2025, d’indiquer le « sexe à la naissance »". "Nous sommes restés purement factuels", ajoute notre interlocuteur du Quai d'Orsay.
Préférez l'Esta au visa
Les États-Unis ont en effet mis à jour une foire aux questions avec cette précision : "Lorsque vous remplissez la case « sexe » pour la demande DS-160 ou DS-260 [deux formulaires de demandes de visa], merci d'indiquer votre sexe à la naissance : homme ou femme. La plupart du temps, ce sera le sexe mentionné sur votre passeport. Mais si votre passeport mentionne votre identité de genre, ne mentionne pas un sexe, ou mentionne « X/non spécifié » dans un champ d'identification du sexe, vous devez indiquer votre sexe à la naissance." Certes, être mégenré sur un document administratif est particulièrement désagréable, "mais les personnes transgenres peuvent toujours obtenir leur visa", avance le diplomate américain.
Pourne pas être mégenré, vous pouvez passer par l'Electronic System for Travel Authorization (Esta), conseille notre source au Quai d'Orsay. Cette procédure, la plus simple, est utilisée pour les voyageurs restant moins de trois mois sur le territoire américain et qui ne se sont pas rendus dans des pays jugés hostiles aux États-Unis (Iran, Iraq, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen et Cuba pour les séjours postérieurs à 2021). Votre demande prendra en compte le genre indiqué sur votre passeport.
Contactez l'ambassade
Attention toutefois, car une autorisation de voyage ou un visa n'est pas une garantie de passer la frontière. Sachez qu'un garde-frontière peut vous refouler, ou du moins demander à accéder à votre téléphone portable, à votre ordinateur, ou encore vous interroger plus longuement s'il le juge nécessaire. Ce sont ces douaniers qui "ont autorité pour permettre ou refuser l'entrée aux États-Unis", rappelle le département d'État, le ministère des Affaires étrangères des États-Unis.
C'est la raison pour laquelle l'Allemagne, le Danemark, la Finlande et le Royaume-Uni ont averti les personnes non-binaires et transgenres qu'elles peuvent être refoulées, même avec un visa ou un Esta. "Si vous avez la mention de genre X sur votre passeport ou si vous avez changé de sexe, il est recommandé de contacter l'ambassade américaine avant le voyage pour confirmer les règles applicables", a indiqué à l'Agence France-Presse la diplomatie danoise.
Le ministère allemand avertit que "les antécédents judiciaires aux États-Unis, les déclarations incorrectes sur l'objet du séjour ou même un dépassement minime de la durée du séjour lors du voyage peuvent entraîner l'arrestation, le placement en rétention et l'expulsion lors de l'entrée ou de la sortie du pays". C'est toujours bon à savoir avant de passer la frontière.
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Crédit photo : Droits LGBT aux États-Unis via Wikipédia