Les spectateurs de Mariés au premier regard, saison 7, ont pu découvrir ce lundi Pedro et Jefferson, premier couple gay du programme de dating sur M6. Pour têtu·, ils en dévoilent davantage sur leur personnalité et les raisons qui les ont poussés à tenter l'aventure de l'émission.
Le soleil de Gibraltar atteint son zénith, vous avancez lentement dans une allée nuptiale, cherchant du regard un visage familier, avant de vous retrouver face à un inconnu. Deux choix s’offrent alors à vous : l’épouser ou passer votre chemin. C’est en peu de mots le concept de Mariés au premier regard, l’émission de M6 (en streaming ici) dont les experts sont chargés de former des couples en calculant leur taux de compatibilité. Dans l'épisode diffusé ce lundi 3 avril, Pedro et Jefferson ont fait leur entrée dans l’aventure. C’est la première fois que deux candidats gays apparaissent dans l’émission. Pedro a 40 ans, il est tapissier-décorateur, et Jefferson a 31 ans, il est directeur d’agence en assurances. Tous deux ne connaissent pas encore et pourtant, on leur prédit une compatibilité de 79%. Pour têtu·, alors qu'on attend le moment fatidique de leur rencontre dans l'émission, ils se livrent sur leur expérience.
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"Être le premier couple gay, c’est sauter dans l’inconnu, et le charme se trouve dans sa spontanéité, se réjouit Jefferson. C’est sans précédent, j’adore ne pas savoir dans quoi je m’embarque !" Outre une appétence affirmée pour les sensations fortes, le trentenaire est convaincu que multiplier les représentations à la télévision est nécessaire. "J’aurais rêvé d’avoir les séries LGBTQI+ actuelles quand j’étais plus jeune, ça m’aurait aidé à me projeter. Imaginez si Gossip Girl avait eu un couple gay Blaire et Chuck", s’exclame-t-il. D’autant que Jefferson vient d’un milieu forain, "qui n’a pas la réputation d’être ouvert et encore moins aux questions LGBTQI+. Il était temps qu’il y ait un peu de représentation de ce côté-là également !"
Jefferson
Issu d'une mère kabyle et d'un père forain, Jefferson appréhendait quelque peu leurs réactions au moment de son coming out. Des inquiétudes qui se sont rapidement envolées. "L’homosexualité est assez tabou dans ces communautés mais avec mes parents, il n’y a jamais eu de débat, ça n’a jamais posé de problème", confie-t-il. Alors se marier avec un mec, aucun souci, en revanche épouser un inconnu… le candidat n’était pas très sûr de lui lorsqu’il a annoncé cet aspect de l'émission à ses parents. Dans l’épisode, on voit d’ailleurs leur regard au moment où il prétexte en plein repas de famille le tournage d’un documentaire sur les assurances… "Ils n’y ont pas cru une seconde", s’amuse-t-il.
En ce qui concerne le reste de sa famille, qui savait qu’il était gay mais évitait le sujet, se gardant bien de poser la moindre question sur la vie amoureuse du jeune homme, ce dernier s’attendait à ce que l’émission divise. Finalement, dit-il, "j’ai reçu beaucoup de messages de soutien, certains m’ont dit que voir que j’étais pleinement accepté aiderait sûrement les jeunes de la communauté foraine à s’assumer". La famille est une dimension primordiale pour le jeune homme, et il s’attend à ce que son partenaire soit tout aussi attaché aux valeurs familiales. N’est pas à 79% compatible qui veut : Pedro a aussi insisté longuement sur ce point. Ça tombe bien, Jefferson croit au destin, et le simple fait qu’on lui trouve une compatibilité parmi l'amoncellement des candidatures a une signification pour lui.
+ Pedro
Si d’aucuns seraient pétrifiés d’angoisse après avoir été sélectionnés, Pedro était bien loin de ces préoccupations. En effet, pendant le processus, sa vie était entre parenthèses : pendant plusieurs mois, il s’est occupé de son père, en fin de vie, au Portugal. Un père sur qui il avait jusqu’alors tiré un trait. "Mon père était un homme violent et alcoolique. Avec ma mère et mon petit frère, on devait se soutenir en toute discrétion. On le vivait comme une honte", nous explique-t-il. Pourtant, quand il reçoit un appel lui enjoignant de venir voir son père une dernière fois, il n’hésite pas et se rend auprès de lui. "Je ne pouvais pas le laisser comme ça. Mon père, c’est à la fois l’homme qui m’a donné la vie et qui m’a détruit, résume-t-il. J’ai pu apprendre à le connaître autrement, c’était un beau moment qui m’a permis de lui pardonner. C’était libérateur." Lorsqu’il retourne finalement à sa vie avec son deuil, il décide de se lancer dans l'émission. "J’aurais voulu avoir quelqu’un pour m’épauler dans cette étape difficile", admet-il. Mariés au premier regard, c’était aussi l’occasion de tourner la page, de penser à lui et de prendre un nouveau départ.
Plus jeune, Pedro a eu beaucoup de mal à assumer son homosexualité. Il faut dire que sa famille a essuyé bon nombre de drames. À 11 ans, un accident de voiture cause la mort de sa petite soeur. Des années plus tard, son cousin décède à son tour, suivi par sa cousine. Tous deux avaient la vingtaine, comme Pedro à l'époque. S'il refusait alors d'"ajouter une pierre au mur des malheurs" en assumant son homosexualité, il prend aussi conscience que tout peut s'arrêter. Persuadé qu'il "pourrait être le prochain", il décide donc de "vivre en étant pleinement lui-même".
= couple ?
Les deux garçons renâclaient devant les applis de rencontres, préférant de loin les jeux de regards, les taquineries et la complicité furtive qui se peut se créer entre deux personnes en face à face. "Je suis un vieux dans un corps de jeune", concède Jefferson, qui assume d'aimer les rencontres à l’ancienne. Du feeling, de l’instinct, une pincée de hasard, voilà en somme ce qu’ils attendent de Mariés au premier regard. Et avec ça, pourquoi pas trouver le bon ? "Qui ne tente rien n’a rien et s’il y a la cerise sur le gâteau je suis preneur", annonce résolument Pedro. Sur les applis, Jefferson avait du mal à trouver des mecs réellement prêts à s’investir. "Ce que je n’aime pas avec le swipe, c’est que tu espères toujours tomber sur quelqu’un de mieux alors qu’aucun profil ne correspondra exactement à ce que tu cherches, développe-t-il. De la même façon, je savais que dans Mariés au premier regard, je ne tomberais pas sur un portrait robot de l’homme idéal mais ça ne veut pas dire que ça sera pour autant moins bien."
Au niveau des critères, les candidats ne mettent pas en avant de physique particulier, si ce n’est un sourire communicatif (bingo). En revanche, ils sont intransigeants sur la place qu’occupent leurs amis et leur famille dans leur vie. Jefferson, de son côté, refuse tout net de se retrouver face à quelqu’un de fermé d’esprit, qui s’attaque par exemple aux folles. "La follophobie est un fléau dans notre communauté. Je ne suis pas spécialement extraverti dans mon style, mais le jour où j’ai envie de mettre un crop top à paillettes, hors de question que mon mec se moque parce que ‘ça ne fait pas assez mec’ pour lui !" Jusqu'ici, les voyants sont au vert pour le duo…
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Crédit photo : Julien Theuil / M6
