10 séries queer qu'il ne fallait pas manquer en 2019

Ponte de l’industrie queer, Ryan Murphy n’a pas chômé cette année, proposant la toute première fiction issue de son deal avec Netflix. Le showrunner que le tout-Hollywood se dispute revient avec The Politician, une dramédie caustique sur les rouages électoraux et, avouons-le, la folie des grandeurs. Chouchou des planches de Broadway, le jeune Ben Platt se glisse dans la peau d’un lycéen pétulant et obstiné, convaincu qu’il deviendra un jour le président des States. Au carrefour entre la fresque politique et la série ado, The Politician s’impose comme une satire bien pensée, sublimée par l’énergie caractéristique des séries estampillées Murphy et Falchuk (Glee entre autres).

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Bien qu’elle soit souvent inégale, Pose n’en demeure pas moins une série d’ores et déjà emblématique pour la communauté LGBT+. La preuve avec une deuxième salve déchirante, où chaque personnage réussit à tirer son épingle du jeu. À l’aube des nineties, Blanca et son microcosme flamboyant sont confrontés à la réalité amère du sida. Tout en soulignant le désengagement déplorable du gouvernement à l’époque, Pose met un point d’honneur à dépeindre les conséquences humaines du virus. Les bals extravagants, bien que toujours au rendez-vous, sont relégués au second plan pour laisser une place prépondérante aux relations interpersonnelles, plus intimistes. Un grand oui.

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On a tendance à mettre sur un piédestal les séries dramatiques, oubliant un peu vite que concevoir une comédie efficace n’est pas chose facile. Dans le genre, on ne peut que faire les louanges de Derry Girls, pépite irlandaise bien trop sous-estimée. On y suit les mésaventures de cinq camarades de classe inscrites dans un lycée catholique de la ville de Derry. Un pitch somme toute banal, mais la série de Lisa McGee réussit à nous faire rire jusqu’aux larmes, misant sur du comique de situation souvent gênant et une touche d’humour noir implacable. En prime, cette deuxième saison a le mérite d’inclure un épisode de coming out génialissime : il n’est pas trop tard pour rejoindre les Derry Girls sur Netflix.

L’OVNI série de l’année est signé Gregg Araki, figure de proue du cinéma queer à qui l’on doit Mysterious Skin ou encore Kaboom. Épaulé par la blogueuse aux multiples casquettes Karley Sciortino, il nous offre en 2019 une fiction terriblement perchée où s’entremêlent aliens reptiliens, soirées orgiaques et fin du monde imminente. Sous son vernis surréaliste, Now Apocalypse dépeint un groupe de potes qui encapsule à lui seul l’essence d’une génération. Une génération venant d’horizons divers, épicurienne au possible et pour qui les normes sexuelles et de genre n’ont plus la même signification qu’avant. On tient là une œuvre progressiste, voire peut-être trop singulière pour son époque.

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Bien qu’imparfait sur plusieurs niveaux, notamment à cause de la mise en retrait incompréhensible de son héroïne, ce troisième tour de piste de Dear White People fait la part belle à Lionel, son personnage homosexuel incarné par DeRon Horton. Après deux saisons rythmées par des relations foireuses, ce dernier ouvre enfin les portes du milieu LGBT+ de son campus. Et rencontre, par ce biais, un étudiant séropositif, l’occasion pour la série Netflix de démonter les préjugés corrosifs que beaucoup ont à l’égard des personnes positives au VIH. En dépeignant la culture gay à l’américaine tout en éduquant les sérophobes, Dear White People prouve qu’elle ne perd ni de son piquant, ni de sa pertinence.

Otis, un lycéen introverti pas forcément très cool, fait équipe avec Maeve, la rebelle de l’établissement, pour un projet un peu spécial : en mobilisant les savoirs de la mère sexologue d’Otis, le duo ouvre une sorte de clinique clandestine, prodiguant des conseils sexo avisés à leurs pairs en échange d’un peu d’argent. Au vu de ce pitch, on craignait de tomber sur un fac-similé d’American Pie, blagues lourdes et gênantes à l’appui. C’était mal connaître Laurie Nunn, scénariste débutante qui explore ici la sexualité adolescente dans toute sa pluralité et sa complexité. Tantôt drôle, tantôt tragique mais toujours sincère, Sex Education nous gâte en prime avec un personnage ouvertement gay qui casse les codes.

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Résumer Years and Years à un long épisode de Black Mirror ne lui ferait pas honneur, bien que les similitudes soient flagrantes. Pensée par Russell T Davies (Queer as Folk version UK) et avec Russell Tovey de Looking en tête d’affiche, cette mini-série audacieuse se plaît à imaginer les quinze prochaines années et prédit un avenir peu radieux, entre dérives technologiques et déclin sociétal. Modelée peu ou prou comme un signal d’alerte, Years and Years s’apparente à une dystopie glaçante comme on en croise peu, concevant un futur effroyable pour éveiller les consciences du présent. Mieux vaut s’armer d’un stock massif de mouchoirs tant le quatrième épisode ne devrait pas vous laisser indemnes.

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Quand on pense à l’année 2019 rayon séries, impossible de ne pas faire l’éloge de Fleabag, chef-d’œuvre british éminemment original. Près de trois ans plus tard, tandis que son remake français (Mouche) déboule sur Canal +, la série revient à la charge avec une seconde fournée d’épisodes. D’abord sceptiques, on s’est finalement laissés happer par la gouaille de Phoebe Waller-Bridge, sa créatrice et comédienne principale, ainsi que par les tribulations désopilantes de son personnage. Hors des clous, cette anti-héroïne finement écrite incarne avec brio le féminisme contemporain. En espérant qu’elle fasse des émules.

En une seule saison stellaire, Watchmen dépoussière le genre de la fiction super-héroïque. Basée sur le comics éponyme d’Alan Moore et Dave Gibbons, la série HBO nous plonge dans une réalité alternative où les tensions raciales aux États-Unis prennent une ampleur démesurée. L’excellente Regina King se glisse dans la peau d’Angela Abar, une flic dont le passé resurgit et menace de chambouler non seulement son existence, mais celle de l’humanité toute entière. Watchmen restera à coup sûr dans les annales pour son sixième épisode, une prouesse technique à lui seul, explorant d’ailleurs une romance gay aussi surprenante qu’émouvante. On remercie Damon Lindelof, capitaine de cette adaptation qui avait déjà fait ses preuves avec Lost et The Leftovers.

Habituée à enchaîner les succès, la chaîne câblée HBO n’a pas failli avec Euphoria, sa toute première fiction ado, adaptée d’un format israélien. Sous un éclairage néon évoquant aussi bien Spring Breakers que les filtres façon Instagram, la série de Sam Levinson passe au crible cette génération de teenagers en quête éperdue de sens, dopée aux écrans et blasée comme jamais. En plus de sa réalisation étourdissante, Euphoria est portée par deux actrices incandescentes : Zendaya, ex-égérie Disney, et la magnétique Hunter Schafer, indubitablement l’une des personnalités transgenres à surveiller de très près.

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