Au Luxembourg, le suicide d’un demandeur d’asile homosexuel relance le débat sur la mise en place de centres séparés pour les réfugiés LGBT.
Le 25 mars, les autorités luxembourgeoises constatent le suicide d’un réfugié russe dans la capitale. Sergueï Vladimirov était demandeur d’asile au Luxembourg parce qu’il faisait partie du mouvement d’opposition libéral en Russie. D’après ses proches, son départ pour le Luxembourg aurait également été encouragé par l'homophobie régnant dans le pays dirigé par Vladimir Poutine, Sergueï étant homosexuel. De nombreux réfugiés LGBT au Luxembourg
Les associations sur place constatent en effet que le Luxembourg est devenu une destination privilégiée pour les réfugiés LGBT de Russie et du Moyen-Orient, notamment depuis que le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a épousé son compagnon Gauthier Destenay en mai 2015.
Un climat de tolérance qui n'empêche pas les réfugiés d’être victimes d’homophobie au sein des foyers d'accueil. Sergueï Vladimirov aurait ainsi été victime "d’insultes homophobes et dégradantes" de la part de son voisin de palier, d’après le journal luxembourgeois Le Quotidien.
D’après l’Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés (ASTI), "une réflexion sur l’accueil des réfugiés LGBT s’impose" désormais, à la lumière de ce suicide.
Le Premier ministre du Luxembourg craint la stigmatisation
Le Premier ministre du Luxembourg – actuellement aux prises avec une affaire judiciaire concernant le Service de renseignement de l'État luxembourgeois – n’a pas souhaité s’exprimer sur ce décès, soulignant qu’il ne connaissait pas la "situation individuelle" de Sergueï Vladimirov. Néanmoins, il a rappelé que le "plus important c’est d’avoir des structures d’accueil". Quant aux locaux spécifiques aux personnes LGBT, Xavier Bettel s’interroge :
Je ne sais pas si en catégorisant les refuges selon l’orientation religieuse, politique ou sexuelle, on ne stigmatiserait pas davantage la personne concernée qu’autre chose.
Le Premier ministre Xavier Bettel a néanmoins souligné que les "cas spécifiques" de harcèlement ou d’humiliation dont pouvaient être victimes les réfugiés sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, devaient être signalés.
Le Haut Commissaire des Nations Unis pour les réfugiés privilégie l'inclusion
Une opinion partagée par Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). De passage à Luxembourg le 18 avril, le dignitaire de l’ONU a expliqué qu’il saluait "les gouvernements qui considèrent les réfugiés LGBT comme vulnérables et les choisissent parmi d’autres", comme c’est par exemple le cas en Allemagne.
En effet, à Berlin, plusieurs structures d’accueil distinctes ont été mises à disposition pour les réfugiés LGBT. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés estime cependant qu’il est "contre-productif" de séparer les réfugiés à leur arrivé car :
C’était chez eux qu’ils étaient séparés et exclus. C’est ici qu’il importe de travailler à leur inclusion.
En France, les personnes immigrées fuyant les persécutions liées à leur orientation sexuelle ou leur identité de genre peuvent être prises en charge par certaines associations LGBT ou par des organismes venant en aide aux demandeurs d'asile.