Le 15 mai, des militants ont investi les rues de Beyrouth au Liban pour réclamer la décriminalisation de l’homosexualité ; une première depuis 2012.
Pour la première fois en quatre ans, le Liban a été le théâtre d’une manifestation exigeant plus d’égalité pour les personnes LGBT. Relativement tolérant par rapport aux autres pays arabes, le Liban n’est pourtant pas un territoire où il fait bon vivre lorsque l’on est gay, lesbienne, bi ou trans. En effet, le code pénal libanais considère toujours l’homosexualité comme un crime, pouvant être punie d'une peine allant jusqu’à un an d’emprisonnement. En outre, la police libanaise effectue régulièrement des descentes dans les boîtes de nuit soupçonnées d’être fréquentées par des homosexuels.
Dimanche 15 mai, une cinquantaine de militants se sont alors rassemblés devant la gendarmerie de Hbeich à Beyrouth, à l'intérieur de laquelle la police des mœurs enferme souvent les personnes LGBT d’après les manifestants. Ceux-ci exigeaient l’abolition des lois criminalisant les relations sexuelles dites "contre nature", et réclamaient la libération de quatre femmes trans emprisonnées.
C'est Helem, l’une des plus importante association LGBT des pays arabes, qui organisait l’événement et qui a ainsi distribué des tracts appelant à plus l’égalité, grâce à des slogans comme "l’homosexualité n’est pas une maladie", "le sexe n’est pas illégal, votre loi est archaïque", ou encore "Supprimez le 534" en référence à l’article du code pénal libanais criminalisant l'homosexualité. Cette association dénonce en effet l’emprisonnement des homosexuels et des trans en vertu de cette loi vieille de 94 ans, héritée du mandat français sur le Liban et la Syrie (1920-1943).
Lutter contre les abus de la police libanaise
"La plupart des personnes arrêtées en vertu de cette loi ne sont pas détenues pour leurs actes, mais sont arrêtées dans la rue à cause de leur apparence" a ainsi souligné Genwa Samhat, la directrice exécutive d’Helem, mettant en lumière la persistance d’arrestations aléatoires dans les espaces publics. L’association tenait aussi à dénoncer les licenciements abusifs des homosexuels, camouflés en départs volontaires par les employeurs.
Cette manifestation exceptionnelle qui a pris la forme d'un sit-in intervenait après qu'une conférence publique prévue par une association LGBT ait été annulée sous la pression des organisations religieuses.
Il s'agissait ainsi de la première protestation en faveur des droits LGBT au Liban depuis 2012. Cette année des individus étaient descendus dans les rues pour demander l’abolition du "test anal" dans le cadre des procédures judiciaires. Cette pratique visant à "prouver" des relations homosexuelles fut finalement interdite par le ministère de la Justice libanais, mais continue malheureusement d’être appliquée par certains policiers, selon l'association Helem.
Cette manifestation du 15 mai précède donc de quelques jours la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie célébrée aujourd’hui, et apporte de l'espoir dans ce pays en mutation. En janvier dernier, le Liban a ainsi légalement reconnu le changement de sexe d'un homme trans pour la toute première fois.
Crédit photo couverture Sarah Shmaitilly pour Beirut Syndrome.