Sur l’île de La Réunion, une jeune femme a proféré des menaces de mort contre des associations LGBT ; elle écope de 6 mois de prison avec sursis.
Melissa a 20 ans et elle habite Saint-André sur l’île de la Réunion. Hier, elle a été jugée par le Tribunal correctionnel de Saint-Denis, le chef-lieu de l’île, pour « menace de mort matérialisée en raison de l’orientation ou de l’identité sexuelle », comme le rapporte le site d’information réunionnais L’info.re. Plus précisément, la jeune femme est accusée d’avoir adressé des menaces homophobes et transphobes à des associations LGBT de l'île via une page Facebook et des e-mails de haine.
Tout débute le 17 mai dernier, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT). Pour marquer ce jour, l’association OriZon – une organisation LGBT à but non lucratif basée à Saint-Denis – lance la page Facebook « Trans Infos Réunion » destinée à « prévenir, informer, orienter, amener vers le soin les personnes transidentitaires de La Réunion ».
Plusieurs associations LGBT visées par les menaces de mort
Le lendemain, l’accusée crée une seconde page Facebook en référence directe à cette dernière, mais dans une dynamique ouvertement haineuse. « Mort à Trans Infos Réunion » a depuis été supprimée mais avait pour photo de profil un drapeau arc-en-ciel en flamme avec le slogan de l’État islamique.
Dans les jours qui suivent, Melissa poursuit son acharnement en adressant des mails d’une violence inouïe à OriZon dans lesquels elle se fait passer pour une djihadiste. Elle y profère des menaces comme « mort à vous, on va vous décapiter ! » ou encore « comme avec Charlie Hebdo et au Bataclan, nous ferons également un massacre ».
Des menaces de morts qu’elle adresse également à deux autres associations LGBT de La Réunion, en évoquant même une tuerie contre tous les homosexuels au AK47…
"Ce n'est pas parce que c'est 'virtuel' qu'il n'y a pas de sanctions"
Pourtant, Melissa n'a aucun rapport avec l'EI ni avec l'islam. Lors de son jugement devant le Tribunal correctionnel de Saint-Denis, la jeune femme a timidement expliqué avoir été influencée par son éducation familiale, et s’est justifiée en arguant qu’elle avait agi sous coup de la colère. Elle a néanmoins été reconnue coupable des faits qui lui sont reprochés. D'après l'association OriZon, elle a été condamnée à une peine de prison avec sursis de 6 mois, avec mise à l'épreuve et obligation de soins ; elle devra également verser 2 000 euros de dédommagement à chaque association victime de ses menaces, soit au total 6 000 euros.
Preuve que même sur la toile, les propos homophobes tombent sous le coup de la justice. Espérons que cette affaire servira de leçon à ceux et celles qui, en métropole, brandissaient « les p*dés aux bûchers » lors des manifestations, ou aux internautes qui invectivent la communauté LGBT sur les réseaux sociaux, bien cachés derrière leur écran ordinateur. Les associations LGBT Réunionnaise comptent également sur le caractère exemplaire de l'affaire, à l'instar d'OriZon qui publiait ce message sur sa page Facebook :
En clair.
Ne jamais laisser faire, ne jamais taire !
Ce n'est pas parce que c'est que du "virtuel" avec Facebook ou autre qu'il ne peut y avoir de sanctions !
La preuve !