La conférence Internationale sur le sida s'est clôturée vendredi dernier. Retour sur les moments marquants de cette 21ème édition.
Du 17 au 22 juillet, la communauté internationale travaillant sur les enjeux de la lutte contre le VIH s’est retrouvée en Afrique du Sud, afin de réfléchir aux stratégies et outils nécessaires pour en finir avec l’épidémie. Principale leçon : les progrès ne sont pas si flagrants et demeurent fragiles si l’on ne poursuit pas les efforts menés depuis la première conférence en Afrique, il y a 16 ans. Depuis Durban, retour sur les temps forts de cette 21eme édition.
Le discours puissant de Charlize Theron
L’actrice sud-africaine, femme engagée et ambassadrice de l’ONU pour la paix a ouvert cette conférence sur une note très politique. "Nous avons toujours les mêmes réponses [à savoir pourquoi nous n’en avons pas fini avec l’épidémie]. Trop cher, trop compliqué, trop politique et je m’arrête là. Ce ne sont pas des réponses, ce sont des excuses", dénonce l’actrice à la tribune. Elle n’a pas manqué de rappeler l’impact des discriminations, notamment envers les LGBT, sur les contaminations. "Le VIH ne se transmet pas seulement sexuellement. Il se transmet par le racisme, le sexisme, la pauvreté et l’homophobie", a-t-elle interpellé, sous les ovations de la salle.
L’épidémie ne régresse pas
C’est LA mauvaise nouvelle de la conférence. Mercredi 20 juillet, l'Institut de métrologie sanitaire et d'évaluation (IHME) de Seattle publiait, dans la revue The Lancet, les résultats de son étude épidémiologique. Non seulement le nombre de contaminations ne baissent plus depuis dix ans, mais leur nombre est bien plus élevé que prévu : 2,5 millions de nouvelles infections au VIH chaque année. Selon l’IHME, ces infections sont mêmes en hausse dans plus de 70 pays. Des chiffres alarmants pour l’association AIDES. "Cette étude montre les limites du discours sur une fin du sida qui serait déjà engagée. Certes une issue est possible mais le niveau de financement actuel ne permet pas d'avoir un réel impact sur l'épidémie", abonde Aurélien Beaucamp, président de AIDES.
La marche d’ouverture
Lundi dernier, les participants de Durban ont quitté le centre de conférence pour la "Marche pour la santé". A l’initiative du collectif TAC (Treatment Action Campaign), 8000 personnes ont défilé dans les artères de la ville, réclament l’accès aux traitements antirétroviraux pour tous, l’arrêt des discriminations et un financement ambitieux de la lutte contre le sida. "Aujourd'hui en Afrique du Sud, 440 personnes mourront du sida. Nos leaders politiques insistent sur les millions de personnes désormais sous traitement, mais nous devons rappeler la réalité : la majorité des personnes touchées n'y ont toujours pas accès", a déploré Anele Yawa, secrétaire général de TAC.
Le Prince Harry et Elton John pour la jeunesse
Autres invités de marque, le Prince Harry et le chanteur Elton John. Tous deux ont voulu lancer un message pour une meilleure prise en compte des générations futures dans la réponse à l’épidémie. Lors de son discours, l’invité royal a endossé l’héritage familial de lutte contre la stigmatisation des personnes séropositives. Une semaine avant, le second fils de Lady Diana se faisait dépister en direct par des militants anglais. À Durban, il a averti : "Nous faisons face à un nouveau risque, celui de la complaisance", enjoignant la communauté internationale à prendre à bras le corps la protection des jeunes filles et garçons concernant le VIH. Elton John a, quant à lui, dénoncé les violences visant les jeunes homosexuels. Sa fondation a attribué dix millions de dollars à deux ONG, pour des projets de promotion des droits des LGBT en Afrique.
L’efficacité de la PrEP encore confirmée
La PrEP est le nouvel outil qui peut changer la donne en matière de prévention. Elle concernait de nombreuses présentations à Durban. Parmi elles, celle du français Jean-Michel Molina, qui présentait les résultats finaux de l’essai de PrEP intermittente ANRS-Ipergay (pris autour du rapport sexuel et non en continu, ndlr). La haute efficacité du Truvada pris en préventif sur les contaminations se vérifie encore. Durant la phase ouverte, terminée en juin dernier, un seul des 362 participants s’est infecté. Selon l’étude, ce dernier avait arrêté de prendre la PrEP lors de la contamination. Pour le professeur Molina, ces très bons résultats doivent permettre "une promotion élargie de cet outil chez toutes les personnes vulnérables et dans les pays où le niveau de l’épidémie le justifie." La PrEP n’est autorisée que dans 6 pays, dont la France depuis janvier dernier.
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