Hier en Ouganda, lors de la Pride 2016, la police a arrêté plusieurs militants, confisqué le matériel des journalistes et effrayé plusieurs participants...
Ce jeudi après-midi aurait dû être synonyme de paillettes à Kampala, la capitale de l’Ouganda, mais l’ambiance a vite tourné à la panique alors que se tenait le concours « Mr. and Miss Pride » dans une boîte de nuit.
Ce concours de beauté marquait le troisième jour de la Pride 2016 en Ouganda venant célébrer la communauté LGBT du pays ; une des robes était même dédiée aux victimes de la fusillade d’Orlando. Prévue du 2 au 7 août, cette manifestation s’ouvrait mardi sur un cocktail organisé en l'honneur des sponsors et partenaires de l’événement, tandis que le lendemain a eu lieu la « Lesbian and Bisexual Night ». Les festivités doivent se poursuivre jusqu’au dimanche 7 août par une cérémonie de clôture, après la Pride Parade qui est censée défiler samedi.
Arrestations, attouchements et censure
« Nous avons subi une descente de police. Ils disent que notre rassemblement est illégal » commence par tweeter le comité organisateur de l’événement dans la soirée d’hier, avant de préciser que les forces de l’ordre empêchent les participants de quitter les lieux. En tout, une vingtaine de personnes aurait été arrêtées puis relâchées au bout de 90 minutes, dont de célèbres militants des droits LGBT à l’instar de Frank Mugisha et Pepe Julian Onziema, dirigeants de l’ONG Sexual Minorities in Uganda (SMUG), et Clare Byarugaba qui milite contre la législation anti-LGBT ougandaise et qui fait partie de l'organisation de défense des droits humains en Ouganda, Chapter Four.
We have been raided by police. And they are saying our gathering is un lawful @GeraldMusa3 @BBCBreaking @CNN @mygayprides @Gay_News_Now
— Pride Uganda (@Prideuganda2016) August 4, 2016
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Plusieurs témoins de la descente interrogés par Buzzfeed US relatent également des faits de violence policière. Selon le Huffington Post, les policiers auraient aussi photographié de force les individus présents en les menaçant de publier les clichés et supprimé les enregistrements des journalistes occidentaux, tandis que deux femmes trans – Bad Black et Rihana – étaient victimes d'attouchements de la part de policiers qui prétextaient devoir déterminer leur sexe...
Le SMUG a même tweeté qu’un des participants était actuellement hospitalisé après avoir sauté du quatrième étage du building afin d’échapper aux forces de l’ordre…
A victim is currently hospitalized after jumping off the 4th floor to escape @PoliceUg brutality @frankmugisha @Opimva @KuchuTimes
— Sexual Minorities UG (@SMUG2004) August 4, 2016
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5ème Pride en Ouganda mais 1ère descente
Le comité organisateur de la Pride soulignait pourtant, dans un communiqué publié le mois dernier et relayé par un media local, que la police avait été prévenue de l’événement et qu’elle avait donné son aval à la manifestation, qui se déroule sans heurts depuis 2012 :
Pour ce qui est de la sécurité, nous demandons à la communauté de se rendre à la Pride 2016 sans aucune crainte : nous vous assurons qu’il y aura un maximum de sécurité partout et pour chaque activité mentionnée. Nous avons également prévenu les forces de police de l’Ouganda pour éviter toute situation absurde, et ils nous ont assuré leur coopération.
Alors que l’homosexualité est toujours illégale en Ouganda, et ce depuis 1894, la Pride 2016 en Ouganda célébrait – derrière le mot d’ordre « Standing Together » – qu’en dépit de tous les combats que les personnes LGBT du pays mènent chaque jour en raison de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, ils sont tous unis.
En outre, le comité organisateur en profitait pour remercier les pays voisins de leur soutien : « la communauté LGBT du Kenya qui a eu la gentillesse d’accueillir nos frères et sœurs ougandais qui cherchaient asile alors que leur vie tombait en morceau », « quant à la communauté LGBT au Burundi, nous sommes de tout cœur avec vous alors que votre pays est nourri par l’incertitude ».
"Notre fierté et notre résilience demeurent intactes"
Depuis, la descente de police a été vigoureusement condamnée par des personnalités qui ont également exprimé leur soutien à la communauté LGBT ougandaise, comme l’ambassadrice américaine en Ouganda :
I stand w/ @PrideUganda2016 to uphold basic rights of all individuals. No one should face discrimination because of who they are. #UGPride16
— Amb. Deborah Malac (@USAmbUganda) August 5, 2016
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Pour Kasha Jacqueline Nabagesera, la directrice de l’association LGBT Freedom and Roam Uganda, cette répression policière n'a fait que "rendre nos esprits plus forts encore".
We condemn in the strongest manner possible the cowardly acts v @PoliceUg at peaceful @Prideuganda2016 event. You made our spirits stronger
— BombasticKasha (@KashaJacqueline) August 5, 2016
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Dans un communiqué, Chapter Four appelle désormais le gouvernement à condamner cette attaque et assure que les autres festivités de la Pride 2016 en Ouganda seront maintenues car "notre fierté et notre résilience demeurent intactes malgré les actions horribles et honteuses de la police ougandaise".
Pour en savoir plus :
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Crédit photo couverture @Prideuganda2016/Twitter