Michel : Je fréquente un garçon depuis plusieurs mois, il est en couple ouvert. Mais depuis que je connais son copain, je suis fou des deux à la fois… Je n’ose pas leur dire… Peut-être que ce n’est qu’un fantasme ?
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Môôôsieur Jérémy : Tu te souvenais de Loïs Andrea, la chanteuse des années 90 ? « Duo sur son body, Duo sur son body ? » C’était un peu la version française de « One, two, three, Peter Paul and Mary » de Britney. Et bien figure-toi que pendant longtemps j’ai cru qu’elle disait « duo sur son balai, duo sur son balai » et qu’elle parlait de deux sorcières… Mais que nenni ! Elle parlait bien de triolisme !
De tout temps, le couple et un tiers – homme ou femme- ont été matière à chansons, films et surtout pièces de théâtre. Mais maintenant que les amants ne sont plus dans les placards, certains couples s’ouvrent et vivent des couples à trois. Des trouples ! Même s’ils sont plutôt rares, ils se laissent emporter par leurs sentiments communs, et réciproques, pour une troisième personne.
Pour notre schéma binaire hérité d'une vision bourgeoise, religieuse et hétérocentrée du couple, c’est toujours une énigme : comment peuvent-ils maintenir à trois un équilibre déjà parfois compliqué à maintenir à deux ? Ce qu’on oublie, c’est qu’il y a de l’amour ! Et que chacun construit les limites de son couple en fonction du moment, de son âge et de son expérience, mais avant tout, en fonction de l’autre. Des autres donc.
Alors, puisque tu parles de sentiments, il faudrait aussi questionner les leurs. Mais ça peut commencer avec un lien plus sexuel pour voir si cela est envisageable. Pourquoi ne pas leur proposer un trio aka Plan à 3 ?
Après, c’est comme les triangles en géométrie : il y a les trouples isocèles et les trouples équilatéraux. Il y a ceux qui s'aiment vraiment tous les trois, ou ceux dans lesquels deux d'entre eux - qui ne sont pas amoureux l'un de l'autre - aiment un troisième, le petit veinard.
Car peut-être qu’un seul des deux est capable de tomber amoureux d’une autre personne, mais peut-être les deux aussi… Si tu t’autorises à développer des sentiments pour eux, c'est parce que tu as senti en eux cette possibilité ?
Parfois, une seule personne ne peut pas, à elle seule, nous rendre totalement heureux. Tomber amoureux, cela arrive, trois ou quatre fois maximum dans une vie ? Tu vis l'expérience rare de tomber amoureux de deux personnes en même temps !
Mais attention, il y a certains couples qui dégagent tant de lumière, de beauté et de simplicité – apparente – qu’ils donnent envie de les rejoindre pour se réchauffer à la chaleur de leur aura, qu’on rêve d’être l’un d’eux, pas forcément AVEC eux. Si ce sont les personnes, pour ce qu’elles sont, que tu penses aimer, tu es peut-être à l’orée d’un polyamour qui ne peut que s’installer naturellement, pas se décider…
Mais attention, tu seras le nouveau dans une relation déjà établie, deux personnes qui se connaissent bien et ont un lien fort…
Ma vieille tante hippie disait tout le temps :
On n’est bien plus que deux dans un couple.
Peut-être qu’il vaut mieux le savoir, en profiter et que tout le monde soit heureux ensemble plutôt que cela se passe dans le dos (enfin, façon de parler !) de tous.
Notre société est – encore - si choquée de voir deux hommes ensemble, alors imagine trois. C’est certainement un bonheur domestiquement possible, mais socialement incompris.
La polygynie est aujourd’hui le système le plus répandu à travers le monde. Sur 849 cultures, 708 (83 %) tolèrent les relations sexuelles entre un homme et plusieurs femmes. 137 sont monogames et 4 sont polyandres, c’est-à-dire autorisant la liaison d’une femme avec plusieurs hommes.
La monogamie a pour principal "intêret" de maximiser l’investissement parental (deux adultes pour nourrir et éduquer les enfants du couple) : cette disposition est utile pour une espèce à fort développement cognitif comme la nôtre. La monogamie assure aussi la paix sociale en diminuant la compétition entre les mâles dans des sociétés comptant à peu près autant de représentants de chaque sexe.
Le polyamour qui se développe notamment chez les LGBT, c’est appliquer une vision queer, non-binaire, inclusive dans les relations amoureuses. Bref, s'inventer !
On a pas que le disco, les seins coniques et Emmanuel Moire à offrir au monde : on a toute une capacité à repousser les limites du "bien-séant", à faire exploser les schémas un peu trop rigides... Et surtout, quand il s'agit d'ajouter de l'amour au monde...
Je te laisse, j'ai une soirée Thankgiving et c'est moi qui fait la dinde !
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