Cuba censure un film sur la censure de l'homosexualité à Cuba

Par Adrien Naselli le 12/12/2016
Cuba Festival de cinema latino-americain La Havane

Le festival de cinéma latino-américain de La Havane a ouvert ses portes jeudi dernier mais Santa y Andrés, un film traitant de la censure de l'homosexualité dans les années 1970, a été déprogrammé.

Il y eut les années 1980 et l'enfermement des séropositifs dans des sanatorium comme le montrait cet été le film El Acompañante de Pavel Giroud; il y eut auparavant les années 1970 et le musellement des artistes contestataires tels que le poète gay Delfin Prats, sujet du film Santa y Andrés programmé puis retiré du festival de cinéma latino-américain de Cuba.
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Deuxième film du réalisateur cubain de 33 ans Carlos Lechuga, il raconte la relation d'amitié qui unit une fermière chargée par la Révolution de surveiller le fameux poète homosexuel contestataire. C'est Roberto Smith, le directeur de l'ICAIC (Institut cubain des arts et de l'industrie cinématographique), qui a décidé de retirer Santa y Andrés de la programmation et il s'agit selon lui d'une "une question de principe" :

Le film présente une image de la Révolution qui la réduit à une expression d'intolérance et de violence contre la culture [et] fait un usage irresponsable de nos symboles patriotiques et de références inacceptables envers le camarade Fidel [Castro].

Le pays, justement, est en plein deuil de Fidel Castro décédé le 25 novembre dernier. Si les faits présentés dans le film sont véridiques sur la relation du régime avec l'homosexualité pendant une partie de son histoire, Cuba a en revanche totalement changé sa politique vis-à-vis des homosexuels en partie grâce à la personne de Mariela Castro, nièce de Fidel, qui a notamment créé le CENESEX, un centre d'éducation sexuelle très attentif aux questions LGBT.
De son côté, le réalisateur Carlos Lechuga s'est défendu en se décrivant comme "un patriote, vivant et travaillant à Cuba". Il explique par ailleurs au média OnCuba qu'il s'agit avant tout d'un film sur l'amitié :

Mon film parle de la supériorité de l'amitié et de l'art sur la politique, les idéologies et les goûts sexuels. J'ai tenté d'entendre la voix de ceux qui ont été réduits au silence ou qui ont subi la répression des personnes qui ont essayé de les faire taire. Le temps passe et passe et ces gens ne seront même pas excusés.

Chaque année, le festival de cinéma latino-américain est un grand moment de culture à La Havane, mobilisant les nombreux cinémas aux salles gigantesques de la principale artère de la ville.