Le gouvernement a garanti sa volonté de "traduire d'un point de vue législatif" l'avis du CCNE sur la PMA pour toutes, mais n'avance ni moyens ni agenda.
"C'est avis du CCNE qui permet d'envisager une évolution de la législation". La déclaration de Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement et secrétaire d'État chargé des Relations avec le parlement, à la sortie du Conseil des ministres, sonne comme un soulagement. La première expression publique du gouvernement Philippe II sur la PMA pour toutes suit non seulement l'avis favorable du Comité consultatif national d'éthique rendu mardi 27 juin, mais confirme la promesse de campagne d'Emmanuel Macron qui, dans les colonnes du n°213 de TÊTU, affirmait fermement :
Si [l'avis du CCNE et le débat de société qui s'en suit] aboutit favorablement, je légaliserai la PMA.
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Flou sur la forme et l'agenda
Le pouvoir avance toutefois à petit pas. Christophe Castaner a avancé que "le calendrier législatif" n'avait pas été arrêté, de même que le "meilleur véhicule législatif qui permettra d'élargir ces droits", qu'il était encore nécessaire de trouver. Et de poursuivre :
Il est important de chercher le plus large consensus et il ne faut surtout pas avoir de positions trop fermes ou trop dogmatiques qui opposeraient les uns aux autres [...] mais notre objectif est bien de traduire, d'un point de vue législatif, l'avis du CCNE.
"Il faut arrêter de se contenter des miettes"
Du côté des associations, l'avis du CCNE, bien que favorable à l'ouverture de la PMA à toutes, reste en travers de la gorge. Veronica Noseda, du Planning Familial, dénonce l'absence des premières concernées, les femmes lesbiennes au sein des discussions du comité, à l'exception de Marie-Jo Bonnet, historienne controversée et opposée à l'extension de la procréation médicalement assistée. Surtout, la militante reproche l'utilisation d'un "vocabulaire rétrograde et moralisateur" dans l'avis du CCNE qui, non seulement résonne avec la verve de la Manif pour tous, mais surtout induit une "vision pathologisante des homos et des familles, notamment les familles monoparentales" en interrogeant une souffrance possible des enfants, et en réclamant la réalisation d'enquêtes sur le bien-être de ces derniers.
Selon elle, la vague déclaration de Christophe Castaner "renvoie quelque part à la révision de loi sur la bioéthique annoncée pour 2018, or c'est aux parlementaires et au gouvernement de prendre la responsabilité. Ce n'est pas une question d'éthique mais de santé et d'accès aux droits; la question d'éthique c'est priver les femmes de cette possibilité."
Il faut maintenir une pression pour qu'il y ait des actes et être vigilant sur la manière dont la question est traitée. Il faut arrêter de se contenter des miettes et il faut avancer.