Huit mois après avoir ouvert les droits au mariage pour les couples de même sexe, ce petit archipel de 60 000 habitant·e·s, indépendant mais rattaché au Royaume-Uni, est le premier territoire au monde à revenir sur cette avancée.
Mis à jour le 8 février 2018 : C'est désormais officiel : les gays et les lesbiennes bermudien.ne.s ne peuvent plus se marier sur l'île, faisant des Bermudes le premier territoire à retirer le droit au mariage pour les couples de même sexe après l'avoir légalisé. Le gouverneur John Rankin a ratifié la loi mercredi 7 février. Les couples de même sexe qui se sont mariés entre mai 2017 et février 2018 ne seront toutefois pas démariés.
Dans un message posté sur les réseaux sociaux, Greg DeRoche et Winston Godwin, qui étaient devenus les visages du combat pour obtenir le mariage pour tous dans ce territoire britannique d'outre-mer, expriment leur "profonde tristesse" mais appellent la communauté LGBT à continuer de se battre car "nous ne pouvons pas nous arrêter là."
C’est étonnamment le parti travailliste progressiste, arrivé au pouvoir en juillet aux Bermudes, qui vient contredire la décision rendue par la Cour suprême en avril dernier. Une loi abrogeant le mariage des couples homos et soutenue par de nombreuses Églises conservatrices a été approuvée mercredi 13 décembre par le Sénat, après avoir été validée par l’Assemblée vendredi dernier.
Ce revirement va dans le sens de la volonté des 70% de votants qui ont refusé d’aller vers ce droit au référendum de 2016. Mais comme moins de la moitié du corps électoral avait participé à la consultation publique (seulement 44%), son résultat avait été invalidé. Nous en parlions ici.
Le gouverneur de l'île doit désormais signer cette nouvelle disposition - qui ne s’appliquera pas aux couples déjà mariés depuis mai dernier -, procédure qui est présentée comme une formalité.
La sénatrice Crystal Casesar, favorable au texte, estime que ce changement de cap prend en compte l'opinion des habitants de l'île qui ne seraient pas "préparés" à accepter le mariage pour tous. Fin 2017 pourtant, 24 pays autorisaient les couples de même sexe à se marier (dont deux sur une partie de leur territoire seulement) ce qui représente plus de 1,1 milliard d’habitants, soit près de 14,5 % de la population mondiale.
"Ce vote n'aura que des impacts négatifs, rien de positif ne viendra de cette législation", a déclaré Jeffrey Baron, un dirigeant de l'opposition qui a voté contre la mesure. Même son de cloche de la part de l'opposant Nandi Outerbridge, qui considère que la loi "balaye les droits des êtres humains".
Cet aller-retour rappelle les valses législatives américaines concernant le mariage, entre accord de certains États puis interdiction par d'autres, jusqu'à ce que la Cour suprême ne l’autorise finalement en juin 2015. Récemment, l'Autriche et l'Australie (qui avait également procédé à un référendum) viennent d'ouvrir le mariage à tous les couples. En 2017, Malte, la Finlande et l'Allemagne les avait précédées.
En août 2017, Haïti a interdit le mariage pour tous et la "promotion" de l'homosexualité.
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