L'un des hommes forts de l'État islamique a été fait prisonnier par les autorités irakiennes. Il est connu pour avoir participé à un grand nombre d'exécutions publiques pour homosexualité.
Le 9 décembre dernier, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi proclamait un jour férié pour célébrer "la fin de la guerre" qui avait commencé en 2014; l'État islamique (EI) avait alors établi son "califat" sur un territoire aussi vaste que l'Italie, à cheval sur l'Irak et la Syrie, imposant ses lois à la population. La guerre est toujours en cours sur une partie de la Syrie mais, selon Emmanuel Macron cité par Le Monde, "d’ici à mi ou fin février, nous aurons gagné la guerre en Syrie".
Après la défaite du soi-disant État islamique face à l'armée irakienne et la coalition internationale menée par les États-Unis en fin d'année 2017, les leaders de l'organisation terroriste qui ont survécu se cachent. Le 1er janvier 2018, l'agence de presse Abna 24 révélait qu'un des chefs de l'EI, connu sous le nom d'Abu Omer, mais aussi surnommé Barbe Blanche (White Beard) en Occident, avait été fait prisonnier par les forces irakiennes après que des habitants de Mossoul ont révélé sa cachette.
Sauvagerie
Abu Omer est accusé d'avoir organisé et participé à plusieurs exécutions publiques d'homosexuels dans les zones naguère contrôlées par l'État islamique. Des photos et une vidéo datant de 2015 le montrent s'adressant au peuple tandis qu'un bourreau décapite deux hommes à genoux. Les organes de propagande de l'EI - la radio mais aussi les réseaux sociaux - expliquent que l'homosexualité est la raison de ces exécutions.
En août 2015, Subhi Nahas, un homme qui avait réussi à s'échapper du Nord-Ouest de la Syrie, livrait son témoignage à l'ONU : "Dans l'État islamique, les gays sont traqués et tués tout le temps." Plusieurs histoires concordantes font état de foules qui applaudissent "comme si elles étaient à un mariage", précisait le jeune homme en huis clos aux Nations Unies. À ses côtés, Jessica Stern, la directrice de la Commission internationale des droits des gays et lesbiennes, expliquait que l'EI avait revendiqué trente exécutions pour "sodomie" en un an seulement.
Quelques mois plus tard, l'Observatoire syrien des droits de l'homme dénonçait l'assassinat de huit hommes et un garçon pour homosexualité dans le Nord de la Syrie.
Controverse sur sa détention
À peine les médias internationaux relayaient-ils la nouvelle de la détention d'Abu Omer début janvier - attestée par une photo des forces irakiennes (en couverture) - que plusieurs sources affirmaient sa libération. L'homme aurait en effet payé un pot-de-vin pour pouvoir sortir de prison.
Une rumeur persistante démentie ce jeudi 11 janvier, les autorités irakiennes ayant diffusé un portrait d'Abu Omer, en gros plan... et sans sa barbe fournie. Elles ont aussi reproduit ses papiers d'identité pour preuve.
En Occident
Les personnes LGBT sont une cible revendiquée de l'État islamique et l'attentat d'Orlando, avec ses 49 morts dans un club gay, en est l'exemple le plus tragique. S'il n'a pas été possible pour les services secrets de prouver des liens concrets entre l'EI et le terroriste Omar Mateen, l'EI avait en tout cas repris le bilan à son compte via ses organes de propagande, en félicitant l'homme.
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Photo de couverture : Abu Omer sur un selfie posté par les forces de l'ordre irakiennes et révélé par l'agence Abna, manifestement pris par un policier.