LGBTphobieArménie : 9 activistes LGBT+ attaqués par une trentaine d'assaillants

Par Marion Chatelin le 07/08/2018
Arménie

Neuf activistes LGBT+ ont été attaqués par plus d'une trentaine de personnes, dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 août 2018, dans un village du sud de l'Arménie. Deux d'entre eux ont été hospitalisés.

Nuit d'horreur en Arménie. Une violente agression homophobe a commencée plus tôt dans la journée du 2 août 2018, lorsque plusieurs militants queer, féministes et écologistes, se sont réunis dans une maison d'un petit village, au sud de l'Arménie. Selon le média américain Intomore, deux adolescents ont perturbé la réunion en proférant des insultes homophobes à l'encontre des activistes, devant l'entrée de la maison. Une trentaine de villageois, avec parmi eux l'ancien maire du village, des femmes mais aussi des enfants, se sont ensuite joints aux deux adolescents, en exigeant de parler aux activistes. Lorsque les militants sont sortis, plusieurs individus leurs ont jeté des pierres en criant des insultes homophobes, rapporte l'association LGBT+ arménienne Pink Armenia. Deux d'entre eux ont été hospitalisés et sept autres personnes seraient blessées plus légèrement.

Pas d'assistance pendant près d'une heure et demie

Contactée par les activistes, la police a mis près d'une heure et demie à arriver sur place. Pendant ce temps, les militants essayaient de fuir en courant dans la rue, poursuivis par leurs agresseurs. Robert, l'une des neuf victimes, interviewé par le média caucasien OC Média une fois sorti de l'hôpital, a annoncé avoir des points de suture au crâne, la cheville tuméfiée et plusieurs ecchymoses sur le corps. Il n'a pas hésité à partager ses blessures sur les réseaux sociaux pour alerter la communauté internationale :
https://twitter.com/RemyBonny/status/1025701421696643075
Au-delà des blessures physiques, le traumatisme psychologique est, lui, encore plus grand.

« La police n'est pas venue avec suffisamment de voitures pour transporter neuf personnes alors qu'on les avait prévenus au téléphone. On a dû arrêter un bus de touristes pour nous aider », a-t-il ajouté. 

Une série d'attaques d'une violence extrême

Selon le président de l'association Pink Armenia, Mamikon Hovsepyan, une attaque similaire a eu lieu en avril dernier, dans une ville du sud de l'Arménie, alors qu'aucune condamnation ou qualification en tant que crime de haine n'a été faite à ce jour par les forces de l'ordre. L'association a expressément demandé à la police de poursuivre les agresseurs, afin de « garantir la sécurité des activistes dans le pays ».

Parmi toutes les agressions homophobes survenues ces dernières années en Arménie, cette attaque est de loin la plus violente. Dans un communiqué publié sur son site internet, l'association LGBT+ Ilga-Europe, a condamné ce « crime de haine », qui se rajoute à toute une série d'agressions homophobes survenues cette année dans le pays caucasien.

« Les personnes LGBT+ font partie de la société arménienne et devraient être capable de vivre librement, sans peur. Nous appelons les forces de l'ordre locales et nationales à mener immédiatement des enquêtes pour retrouver les agresseurs. Nous demandons également au parlementaires de légiférer en faveur de la protection des personnes LGBT+. »

Selon le classement de l'ILGA pour les 48 pays les plus LGBT-friendly du continent européen, cette ancienne république soviétique arrive 47e, devant l'Azerbaïdjan et derrière la Turquie.
Crédit Photo : capture d'écran Facebook.