LGBTphobieAmende sous peine de prison requise contre Jean-Marie Le Pen pour des propos sur les homosexuels

Par Marion Chatelin le 04/10/2018
le pen

Le parquet de Paris a requis, mercredi 3 octobre 2018, un total de 8.000 euros d'amende pouvant se transformer en emprisonnement à l'encontre de Jean-Marie Le Pen, jugé pour des propos visant les homosexuels et notamment le policier tué dans l'attentat des Champs-Elysées en 2017.

L'accusation a demandé « 40 jours-amende à 100 euros » pour chacun des deux dossiers jugés, soit 8.000 euros d'amende avec possibilité d'emprisonnement en cas de non-paiement, en l'absence de l'ancien tribun, hospitalisé depuis huit jours.

« Attiser la haine »

« Attiser la haine par ces propos-là, c'est ce qu'on reproche à Jean-Marie Le Pen », a déclaré la procureure, dénonçant « une exhortation claire à la mise au ban des homosexuels », « des mots complices » de ce que subissent certains d'entre eux au quotidien, du « mépris » jusqu'au « crime ». Coutumier des poursuites judiciaires pour ses déclarations, M. Le Pen, 90 ans, est poursuivi pour provocation à la haine ou à la violence et injure publique envers les homosexuels, pour trois séries de propos.

En mars 2016, dans son « Journal de bord » vidéo sur son blog, l'eurodéputé avait affirmé :

« Je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse... interdites, mais tout de même, dans l'exaltation de l'homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l'enfance et la jeunesse. »

Puis en décembre 2016, interrogé par Le Figaro sur la représentation des homosexuels au sein du FN, il avait estimé que « les homosexuels, c'est comme le sel dans la soupe: s'il n'y en a pas assez c'est un peu fade, s'il y en a trop c'est imbuvable ».

Ces propos « sont la violence », a réagi Étienne Deshoulières, avocat de l'association Mousse qui avait porté plainte après ces deux sorties.

Xavier Jugelé

L'ex-dirigeant frontiste est également jugé pour avoir commenté en avril 2017 les obsèques du policier tué dans un attentat jihadiste sur les Champs-Élysées, Xavier Jugelé, au cours desquelles son compagnon s'était exprimé. « Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l'écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d'ailleurs à plus de discrétion », avait affirmé M. Le Pen dans le même « Journal de bord ».

Pour Étienne Cardiles, l'époux de M. Jugelé, partie civile, « les mots prononcés ont été violents et ils ont fait du mal. (...) C'est vomir à la fois sur le couple et sur le cercueil », a résumé son avocat Thibault de Montbrial. Il demande 30.000 euros de dommages et intérêts.

Parquet et parties civiles ont rappelé d'anciennes provocations de M. Le Pen sur l'homosexualité : « l'anomalie biologique et sociale » de 1984 ou « le sidaïque, une espèce de lépreux » (1987). Défenseur de l'eurodéputé, Frédéric Joachim a demandé la nullité de la procédure et raillé « une poursuite dérisoire pour des faits anodins ».

Le jugement sera rendu le 28 novembre prochain.

(Avec AFP)

Crédit photo : Blandine Le Cain / Flickr.