Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer dévoile aujourd'hui la nouvelle campagne contre l'homophobie et la transphobie en milieu scolaire. Si les personnes trans' sont prises en compte pour la première fois, l'affiche choisie s'avère à côté de la plaque.
Depuis son interview en novembre dans le numéro 217 de TÊTU sur le harcèlement scolaire, le ministre de l'Education nationale ne convainc toujours pas dans la lutte contre les LGBTphobies à l'école. Jean-Michel Blanquer dévoile aujourd'hui "Ça suffit !", la nouvelle campagne d'affiches et de flyers contre l'homophobie et la transphobie qui fait son entrée dans les collèges et lycées de France. Il avait promis dans nos pages une campagne "résolument positive". C'est raté.
Deux bonnes choses à souligner : l'intégration des personnes trans' à cette campagne de sensibilisation. "Une première", souligne Joël Deumier, président de SOS Homophobie joint par TÊTU. Les associations de lutte contre les LGBTphobies invitées aux réunions de travail du ministère avaient, selon lui, insisté sur ce point.
Autre nouveauté, la présence des couleurs arc-en-ciel. "Ce sont les couleurs de l'émancipation des LGBT, rappelle Joël Deumier, c'est donc positif". Sauf que le dégradé bardé de noir choisi par le ministère rappelle davantage le logo de Canal+ dans les années 1990 qu'une référence claire et assumée au rainbow flag. Le visuel général, très sombre, est plus angoissant que positif.
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Le fait de nommer les "moqueries, discriminations, insultes, rejets et agressions" que peuvent subir les collégiens et lycéens LGBT est une bonne chose mais le message global (comme le slogan "Ça suffit !") sonne creux. Or le besoin de message efficace contre l'homophobie et la transphobie est crucial : le taux de suicide chez les jeunes LGBT est 4 fois plus élevé que chez les jeunes en général, selon une étude de l'INPES de 2014.
Manque de moyens pour les interventions en classe
Pour Joël Deumier, "rien ne remplace les interventions des associations en milieu scolaire". Sur l'année 2017-2018, SOS Homophobie est intervenue auprès de 27 000 collégiens et lycéens. Un chiffre faible au regarde des 3,3 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens que comptait l'Education nationale sur cette période. Il faut dire que l'association, qui mobilise des bénévoles formés tous les jours de l'année, manque de moyens humains.
"J'ai lancé un appel aux citoyens qui veulent nous aider", nous explique-t-il. Le planning de l'association est complet jusqu'en juin 2019, à raison d'une à cinq interventions en classe par jour. SOS Homophobie est obligée de refuser régulièrement des demandes d'interventions des établissements scolaires.
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