Marche des fiertésQue s'est-il passé à la Marche des Fiertés de Lyon ?

Par têtu· le 17/06/2019

La Marche des Fiertés, qui devait passer par la vieille ville de Lyon samedi 15 juin, a été annulée. Si le mauvais temps a d'abord été tenu pour responsable, les organisateurs évoquent, eux, une toute autre raison.

Ça aurait dû être un défilé historique. La Marche des Fiertés lyonnaise, qui s'est tenue samedi 15 juin, devait pour la première fois traverser le vieux Lyon, "fief des groupuscules d'extrême droite", comme le souligne 20 minutes. Mais les manifestants sont finalement restés faire la fête sur la place Bellecour, point de départ de la Pride.

Selon Le Progrès, dont un des journalistes se trouvait sur place, les organisateurs avaient initialement tenu pour responsable "un énorme orage". "Pour le matériel mais aussi des questions de sécurité, nous sommes obligés de poser les camions sur la place et ne pas suivre le tracé de la marche initialement prévue", avait annoncé le collectif 'Lesbian gay pride Lyon' (LGP Lyon). Pas de quoi doucher la bonne humeur des manifestants qui sont restés faire la fête place Bellecour jusqu'à 19 heures environ.

La météo, seule responsable ?

Mais, quelques heures plus tard, des commentaires sur les réseaux sociaux avancent une toute autre explication : la présence d'un groupe de manifestant.e.s aurait empêché le cortège d'avancer.

"Le président de LGP Lyon dit qu'ils ont annulé à cause du Pink Bloc mdr (soi-) disant on les a bloqués alors que c'est eux qui refusaient de défiler derrière nous" (sic), a commenté @SaryaSayan, qui dit avoir fait partie des manifestant.e.s pointés du doigt, sur Twitter le 15 juin. "Vous vous rendez compte quoi. L'organisation de la Marche des Fiertés a préféré annuler que (de) nous laisser défiler en tête."

La LGP Lyon a expliqué, dans un message posté sur Facebook le lendemain, que les "organisateurs et organisatrices" n'avaient "juste pas envie de défiler derrière des personnes dont la seule et unique action politique aura été de vandaliser un local associatif LGBT et d’empêcher le bon déroulement de la marche en nous traitant de fascistes pendant deux heures."

Différentes explications

Contacté par TÊTU, le porte-parole de la LGP Lyon, Olivier Borel, confirme cette version : "On a décidé de ne pas continuer à défiler car un groupe 'queer radical' de 30 à 60 personnes a voulu prendre la tête du cortège en nous traitant de fachos. Ils ne voulaient pas avancer et ralentissaient la marche." 

La veille de la Marche, des "tags et des prospectus" avaient été découverts sur la façade du centre LGBTI de Lyon, comme le montrent ces images postées sur Facebook. Selon le centre, l'action était signée "par des opposant.e.s d'un mouvement radical Queer "Biatch" qui se trompe de cible." Impossible de savoir si les personnes à l'origine de cette initiative sont les mêmes que les manifestants accusés d'avoir "empêché le bon déroulement de la marche."

De son côté, un.e membre du collectif Pink Bloc, qui serait à l'origine de ce "blocage", a formellement démenti ces accusations. "Le Pink Bloc a Lyon n'est pas resté statique il a tenté des dizaines de fois de commencer à marcher, a répondu @SaryaSayan. L'orga a REFUSÉ DE NOUS SUIVRE, elle a refusé de lancer la marche tant qu'on était à l'avant".

"Ce genre de chose n’est pas acceptable" 

"La seule chose qu’on demandait était de respecter le travail des militants et se placer derrière la banderole de tête, a commenté Olivier Borel auprès de TÊTU. On peut avoir des désaccords, mais ce genre de chose n’est pas acceptable." 

Sollicités par TÊTU, ni SaraSayan, ni la fédération de collectifs et d'associations Pink Bloc n'avaient répondu à nos demandes d'interviews ce lundi 17 juin à 16h.

Crédit photo : Wikimedia commons/image prise lors de la Marche des Fiertés lyonnaise de 2018.