Marche des fiertésLes ressources très humaines de BNP Paribas

Par Gaëlle Caradec le 19/06/2019
BNP Paribas

Véritable bélier de la diversité chez BNP Paribas, Caroline Courtin occupe depuis avril 2018 le poste de responsable diversité et inclusion. Elle s’attèle à poursuivre les efforts du groupe pour lutter contre les discriminations et mettre en confiance les salariés LGBT+.

Assurée, Caroline Courtin jette des regards observateurs. Avant d’être nommée responsable de la diversité, la quadragénaire dirigeait les ressources humaines d’une filiale de BNP Paribas. Après l’obtention d’un diplôme de finance délivré par l’Institut d’études politiques de Strasbourg, elle pousse la porte de la Banque nationale de Paris à l’âge de 23 ans. Elle y gravit les échelons dans les activités bancaires et l’audit, à l’étranger, et prend son premier poste dans les ressources hu- maines, à Londres, en 2006.

Un réseau d'entraide international

Aujourd’hui, elle dirige la politique de diversité et d’inclusion de l’ensemble du groupe, dans 73 pays. La banque a établi un réseau mondial de référents diversité. Pour une quarantaine de pays, ces correspon- dants prennent en charge les questions de diversité et servent de relais. Depuis 2012, si un salarié est victime de harcèlement ou de stagnation professionnelle en raison de son orientation sexuelle, il peut le signaler à ce référent, anonymement ou non.

“Les salariés LGBT+ peuvent aussi trouver du soutien via les réseaux d'employés Pride”, ajoute Caroline Courtin. Ces groupes ras- semblent 3 000 employés LGBT+ et alliés de BNP Paribas. Le premier a été créé il y a dix ans aux États-Unis. La version française est née en 2015 et compte aujourd’hui 800 membres.

Sa création fut concomitante à la signature de la charte d’engagement LGBT+ de l’association professionnelle L’Autre Cercle. Quelques jours avant la ratification, 11 500 personnes avaient signé une péti- tion en ligne pour que BNP Paribas y renonce et nombre d’entre elles avaient inondé la boîte mail du PDG, Jean-Laurent Bonnafé. “Cette signature a été une étape charnière et mouve- mentée de notre engagement. Elle a permis à la direction générale d’affirmer haut et fort son soutien envers les LGBT+, insiste Caroline Courtin. Des clients nous ont menacés de fermer leur compte et nous avons tenu bon. Nous avons un vrai engagement de conviction. L’homophobie n’a pas sa place ici.” Depuis plus d’un an, un salarié de la banque effectue un mécénat de compétence au sein de L’Autre Cercle et aide à sa stratégie financière.

Soutien à tous les couples

La signature de cette charte et la politique du groupe ont des effets concrets pour les salariés LGBT+ de BNP Paribas. Son dernier accord d’entreprise en faveur de la diversité ouvre à tous les couples les avantages liés à la parentalité, peu importe le sexe du conjoint. Les couples homosexuels peuvent également demander des autorisations d’absence pour les événements liés à leur belle-famille.

Au-delà du respect de la loi, qui interdit toute discrimination, nous voulons que nos salariés se sentent en sécurité psychologique et physique, résume Caroline Courtin. Plus qu’en sécurité, il faut qu’ils se sentent bien, si- non ils ne peuvent pas être performants et ne restent pas. L’entreprise a aussi une responsabilité sociale plus globale.”

Un passé houleux

BNP Paribas a pourtant été condamnée par la justice en 2016 en raison de discrimination homophobe contre un de ses anciens employés, Nicola Rombi. Selon la justice, il avait été harcelé après avoir fait connaître son orientation sexuelle. Mails salaces, arrêt de sa progression professionnelle et privation de sa rémunération variable. BNP Paribas devra lui verser plus de 600 000 euros à la suite de ce procès.

Caroline Courtin réagit : “L’affaire a eu lieu entre 2009 et 2012. Nous en avons tiré les conséquences et poursuivons nos actions. Au contraire, cela renforce notre engagement. C’est douloureux pour une entreprise qui en fait autant pour la cause LGBT+ mais le plus important, c’est que cela contribue à renforcer notre engagement pour garantir un environnement bienveillant et respectueux à nos salariés.”

https://tetu.com/2019/04/15/tetu-connect-le-premier-forum-dintegration-des-personnes-lgbt-en-entreprise/

Double discrimination

Pour ce faire, le groupe mise sur des rassemblements comme les Gay Games. L’événement sportif qui promeut la tolérance s’est déroulé l’été 2018 à Paris. “200 de nos salariés, de 15 pays différents, ont participé. Ils nous ont rapporté 24 médailles, dont neuf en or”, énumère avec fierté Caroline Courtin. Elle-même n’a pas revêtu de maillot mais était derrière eux, en “fervente supportrice”, assure-t-elle les poings serrés.

Pour encore améliorer l’inclusion des travailleurs LGBT+, la responsable souhaite se pencher sur la double discrimination subie par les femmes homosexuelles. En mars, elle assistera à une conférence du réseau LB Women à Londres. “D’ailleurs, je me demandais si TÊTU considérait faire sa une avec deux femmes”, lance-t-elle d’un air malicieux.