PMAPMA : pour Buzyn, les réserves de l'Académie de médecine sont "datées"

Par Youen Tanguy le 23/09/2019
PMA

L'avis de l'Académie nationale de médecine, qui a émis des réserves sur l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, est "peut-être daté", a jugé dimanche 22 septembre Agnès Buzyn.

La loi bioéthique qui prévoit l'ouverture de la PMA pour toutes doit être débattue à l'Assemblée à partir de mardi 24 septembre. Et les débats continuent aussi en dehors de l'hémicycle. Samedi 21 septembre, l'Académie nationale de médecines a émis des "réserves liées à de possibles conséquences médicales".

Dans son avis officiel, elle juge notamment que "la conception délibérée d'un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n'est pas sans risques pour le développement psychologique et l'épanouissement de l'enfant".

Et d'ajouter : "De plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l'enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues".

Un avis adopté à une grande majorité

Un avis auquel a répondu la ministre de la Santé Agnès Buzyn, invitée du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, dimanche 22 septembre. "Considérer qu'il y a un lien direct entre défaut de construction de l'enfant et famille monoparentale est faux", a-t-elle lancé.

Interrogée sur le fait de savoir si l'avis de l'Académie de médecine était "idéologique" et "politique", elle a répondu : "Peut-être, en tous les cas peut-être daté."

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Cet avis sur la loi de bioéthique, dont l'ouverture de la PMA est la mesure la plus symbolique, a été adopté par l'Académie mardi, par 69 voix pour, 11 contre et 5 abstentions. Son rapporteur est Jean-François Mattei, ministre de la Santé dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin de 2002 à 2004.

"Un quart des familles françaises sont monoparentales"

"Aujourd'hui, nous avons un quart des familles françaises qui sont des familles monoparentales (...) Ne me dites pas qu'un quart des enfants français qui vivent et qui naissent dans ces familles ont des difficultés de construction, a répliqué la ministre. Les études que nous avons à notre disposition sur les enfants qui sont élevés dans des familles monoparentales ne sont pas des études inquiétantes."

Selon l'Insee, 1,7 million de familles sont monoparentales, soit plus d'une sur cinq (22%) - un taux qui a plus que doublé en 40 ans. Dans 85% des cas, la mère est la cheffe de famille. Environ 32,5% de ces familles vivent sous le seuil de pauvreté et 20% des bénéficiaires du RSA sont des mères isolées.

(Avec AFP)

Crédit photo : Le Grand Jury/Capture d'écran.