ANALYSE. Toujours aussi didactique et bienveillant en saison 2, le teen show britannique de Netflix vise juste dans sa volonté de dépeindre les aspects moins érotiques (mais primordiaux) du sexe entre hommes. Attention, spoilers.
Le sexe gay à l’écran, on connaît. Deux individus à la plastique irréprochable s’embrassent, s’enlacent, chahutent sous un éclairage avantageux. Tout se déroule sans encombres, cette partie de jambes en l’air totalement spontanée est un plaisir partagé. C’est sexy, ça fait envie. Sauf que, dans les faits, avoir un rapport sexuel n’est pas toujours aussi évident, et encore moins aussi glamour. Avec sa deuxième saison fraîchement débarquée sur Netflix, Sex Education brise les tabous et lève le voile sur un des aspects laissés pour compte de la sexualité entre hommes : la préparation pré-coïtale.
Avant Sex Education, Looking
S’il vous est arrivé d’être passif lors d’un rapport, vous n’êtes pas sans connaître ce fâcheux sentiment de doute quant à l’état de votre rectum. Pour beaucoup, la solution réside dans le lavement anal, soit une pratique qui consiste à s’injecter de l’eau dans le conduit rectal afin de le « nettoyer » et d’éviter toute trace non désirée le fameux moment venu. Bien connue au sein de la communauté, cette pratique est pourtant aux abonnés absents sur le petit écran.
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Exception faite de la regrettée Looking qui, dans son épisode “Looking Top to Bottom” en saison 2, met Patrick (incarné par Jonathan Groff) en pleine situation. Pas habitué à être pénétré, il se rend à la pharmacie afin d’investir dans une poire à lavement (aussi appelée poire anale). Plus tard dans l’épisode, le temps d’un bref instant, on l’aperçoit sur le sol de sa salle de bain, nu, le fessier en l’air et la poire anale tout juste utilisée à ses côtés. Pour les esprits candides, ce que le personnage vient de faire ne coule pas forcément de source étant donné que l’acte préparatoire est suggéré plus qu’il n’est expliqué.
En guise de clarification, la saison 2 de Sex Education vient mettre les points sur les i. Dans son sixième épisode, Otis est surpris de voir Anwar, un des garçons populaires du lycée, venir lui demander conseil. Alors qu'il prévoit de passer à l'acte pour la toute première fois avec son petit ami, il aimerait savoir comment se faire un lavement anal. Pas vraiment au fait du sujet, Otis reçoit finalement un tutoriel bien détaillé de Rahim (le petit nouveau de l’établissement interprété par notre frenchie Sami Outalbali).
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Eclairage nécessaire
En plus d’un schéma explicatif étonnamment efficace qui reprend l’acte du lavement étape par étape, Rahim prodigue des conseils avisés. « Se faire un lavement n’est pas essentiel si tu manges beaucoup de fibres et que tu vides tes intestins régulièrement », explique-t-il notamment. Il précise en prime qu’il est important de lubrifier la canule de la poire anale, afin de ne pas irriter ou causer de lésions au niveau de la zone rectale. Bien vu. On en profitera pour préciser que, malgré les rumeurs qui assurent le contraire, aucune étude ne prouve que la pratique du lavement est risquée pour la santé.
Mais Sex Education ne s’arrête pas en si bon chemin. Plus tard, vers le dernier acte de l’épisode, Anwar va directement demander à Rahim de l’éclairer au sujet du lavement. De fil en aiguille, Rahim lui fait une remarque piquante de vérité : « Si tu n’es pas prêt à parler de lavement avec ton mec, alors t’es clairement pas prêt à avoir sa bite dans ton cul ». Trop souvent, il est vrai que cette étape de préparation avant tout rapport anal doit rester confidentielle. Grosso modo, c’est un peu cette pratique dont on ne doit pas prononcer le nom, comme pour préserver une aura de mystère.
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Libération de la parole
Beaucoup de mecs assurant le rôle d’actif ne veulent pas savoir ce que l’autre a dû faire pour éviter tout « incident ». C’est, pour beaucoup, quelque chose qui doit rester tu. Sauf que cette attitude est contre-productive : en faisant du lavement anal quelque chose de tabou, cela peut générer du stress chez l’homme passif et rendre le rapport douloureux. Or, comme on le sait tous, le plaisir sexuel est partagé lorsqu’il se fait en toute décontraction.
La résolution vient à l’issue de l’épisode, alors qu’Anwar parle librement de son manque d’expérience avec son petit ami. Ce dernier lui propose alors de lui montrer comment faire, ce qui rassure tout de go le principal intéressé. C’est un dénouement presque utopique mais qui, tout de même, renvoie un message positif : en cas de doutes au sein du couple, la communication est la meilleure des options.
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Une chose est sûre : en abordant aussi frontalement la thématique du lavement chez les personnes gays, Sex Education prouve avec bienveillance qu’elle est là pour mettre un terme aux non-dits qui persistent au sein de la communauté homosexuelle. Elle le fait de façon peut-être un peu trop pédagogique, certes, mais c’est une étape nécessaire pour libérer la parole et éclairer les esprits les plus ignorants. On a rarement vu une série populaire aller aussi loin en matière de représentation, avec pléthore de personnages fluides, bi, pansexuels... Et franchement, en 2020, ça fait du bien.
Crédit photo : Netflix