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politiqueSylvain Comparot, candidat à Dijon : "Mon mari a été l'un de mes premiers militants"

Par Timothée de Rauglaudre le 09/03/2020
Dijon

[Candidat... et LGBT+ ! 1/4] Tête de liste soutenue par LREM à Dijon, Sylvain Comparot, 37 ans, est ouvertement gay et n'hésite pas à parler de son mari dans son clip de campagne. Une manière d'être transparent et de donner l'exemple aux jeunes générations. Il ouvre notre série de portraits de candidats LGBT+ aux municipales.

"Mon mari a été l'un de mes premiers militants. Il est toujours en train de coller des affiches, tous les soirs. On est une vraie équipe." 11 décembre 2019. Après un an et demi de préparation, enfin, Sylvain Comparot lance officiellement sa campagne. L'homme de 37 ans, qui travaille depuis presque quinze ans à l'université de Bourgogne, veut conquérir la mairie de Dijon (Côte-d'Or) à la tête de la liste "Dijon, l'avenir ensemble", soutenue par LREM, l'UDI, les Jeunes avec Macron (JAM), mais aussi l'association citoyenne Pour Dijon (fondée par Comparot) et le parti Allons Enfants qui promeut la place des jeunes en politique.

Dans un sondage publié mi-février, la liste qui revendique "la mixité des idées comme une force" était créditée à 6 %, ce qui la placerait en quatrième position derrière le maire sortant François Rebsamen, soutenu par le PS et le MoDem, puis les listes EELV, Les Républicains et le Rassemblement national, et à égalité avec celle de La France insoumise.

Une des rares têtes de liste gays

Mais Sylvain Comparot est aussi une des rares têtes de liste ouvertement homosexuelles dans ces municipales, qui plus est dans une ville de plus de 150.000 habitants, dix-septième municipalité la plus peuplée de France. Dans son clip de campagne particulièrement chiadé, on le voit partir à la rencontre des Dijonnais, chemise bleu ciel et la barbe parfaitement taillée.

En voix off, il décrit son parcours : "Je suis né en milieu rural avant de m'installer à Dijon, où j'ai fait mes études. J'y ai rencontré mes amis, mon mari, j'ai connu des succès et des échecs." Son mari, Jean-Charles, bientôt 35 ans, représentant de marque pour un groupe alimentaire, a cheminé à ses côtés dès les débuts de son engagement dans la campagne. "Il m'a soutenu, sinon je ne l'aurais pas fait", raconte le candidat à TÊTU.

"Mon mari m'a toujours accompagné"

Mariés en 2015, tous les deux ont entamé des procédures pour adopter un enfant. "Les difficultés pour adopter, on les connaît. On a fait les démarches en France. On est premiers sur une liste d'attente en Colombie, pour une fratrie." Sylvain Comparot grandit dans la petite commune de Châtillon-sur-Seine, à 80 kilomètres au nord-ouest de Dijon, petit dernier d'une famille de cinq garçons, avec un père facteur et une mère au foyer.

Il arrive à Dijon à l'âge de 19 ans pour entamer des études de droit, décroche une maîtrise de droit des affaires puis un master de médias et médiatisation - "de communication, quoi". Il ne quittera jamais vraiment l'université de Bourgogne, puisqu'il sera pendant huit ans directeur de cabinet de son président. "À titre personnel, je n'ai jamais eu de problème sur le fait de vivre mon homosexualité au grand jour, explique-t-il. Quand j'étais directeur de cabinet, dans les moments officiels, mon mari m'a toujours accompagné." Aujourd'hui, il est directeur des relations entreprises de l'université, et son mari continue de l'accompagner à ses réunions de campagne.

Transparence

"Mon homosexualité a toujours été une partie de moi mais ne m'a jamais résumé", poursuit celui qui était élu étudiant dès ses 21 ans, puis militant quelques années au Parti socialiste. S'il n'est pas encarté à LREM, il se dit "à titre personnel en soutien à la politique du gouvernement et du président de la République" - ce qui n'est pas le cas de toute sa liste. "On est dans une période où on accorde tellement peu de confiance aux politiques que, si on cache quelque chose, les gens trouvent ça suspect, parce qu'on leur a tellement menti que la confiance est usée."

Et puis, au-delà de l'exigence de transparence, il y a la volonté de donner l'exemple aux jeunes générations : "On doit pouvoir montrer aux jeunes qui, peut-être, ne vivent pas les choses de manière positive, ou ont besoin d'exemples, que ça ne va pas arrêter leur vie, qu'au contraire ils peuvent faire ce qu'ils veulent." Sylvain Comparot et sa liste ont fait de la "lutte contre les discriminations", quelles qu'elles soient, un des axes de leur campagne, à travers par exemple la création d'une "police municipale de proximité" formée à ces questions ou "un travail avec le périscolaire et l'école". Des sujets dont il discute beaucoup avec la numéro deux de sa liste, engagée dans la défense des droits des femmes. "La société entière doit se retrouver sur une liste. Les élections municipales sont les plus importantes, parce que ce sont celles des gens qu'on connaît."

C'est d'ailleurs ce même argument de la proximité qu'il avance quand on l'interroge sur la présence d'ex-Manif Pour Tous sur certaines listes LREM. "D'une manière générale, je m'exprime peu sur la politique nationale. Sur le plan local, je n'y ai pas été confronté, mais si ça avait été le cas, peut-être que je n'aurais pas fait le même choix d'alliance." 

 

Crédit photo : Thomas Hazebrouck