politiqueMunicipales 2020 : ces maires ouvertement LGBT+ qui ont été (ré)élus

Par Nicolas Scheffer le 29/06/2020
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Les élections municipales 2020 ont donné lieu à une vague verte, mais aussi à une petite vague arc-en-ciel. Plusieurs maires ouvertement LGBT+ ont en effet été élus.

Si le second tour des municipales a donné lieu à une vague verte, de nombreux maires LGBT+ de tous bords politiques ont aussi été élus ou réélus. À Nancy, Saint-Dié-des-Vosges, Châteauroux, Tilleroy-les-Marchiennes ou encore à Paris, les électeurs ont choisi des élus ouvertement LGBT+. À Toulouse, Antoine Maurice a manqué de peu de faire tomber Jean-Luc Moudenc qui s'était opposé au Mariage pour tous. Petit passage en revue non exhaustif des maires français LGBT+.

Une première femme transgenre à Tilloy-les-Marchiennes

La victoire de Marie Cau à Tilloy-les-Marchiennes, dans le Nord de la France, est historique. Avec plus de 63 % des suffrages dès le premier tour, elle devient la première maire ouvertement trans en France. Cette ingénieure de 55 ans a un diplôme de technicienne agricole et d'un BTS horticole. Avant de se reconvertir dans l'informatique, l'édile a fait un passage dans l'armée. Fait notable, elle a été élue honorablement... avec une forte participation : 67,9% des inscrits. "Mon élection est perçue comme une lueur d’espoir", disait-elle à Têtu, à peine élue.  "C’est ça qui est intéressant : quand les choses deviennent normales, qu’on n’est pas montré du doigt", poursuivait-elle

"Je ne me suis pas engagée en politique. Je vais simplement m'occuper de mon village. Le fait que je sois transgenre était quelque chose de complètement accessoire, quelque chose de normal pour tout le monde", explique la maire de cette commune de 500 habitants  qui dit ne pas avoir été confrontée à des propos transphobes. Pour cause, ici, tout le monde connaît cette mère de trois enfants qui souhaite un "modèle basé sur le développement durable, l'économie locale et les circuits courts, le social et le mieux-vivre ensemble".

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Un défenseur de l'adoption à Nancy

La victoire du socialiste Mathieu Klein à Nancy est symbolique pour la gauche dans cette ville dirigée par la droite depuis 1947. Mathieu Klein, ouvertement homo, l'a emporté avec 54,54 % des voix. Face à lui, Laurent Hénart (Parti Radical) le maire sortant soutenu par Les Républicains, LaREM, le MoDem et l'UDI a récolté 45,46% des suffrages, qui avait été vivement critiqué en 2014 après la nomination d'un ancien responsable de la Manif pour tous comme conseiller délégué aux écoles. Laurent Hénart l'avait alors directement démis de ses fonctions. L'ex-maire de Nancy avait également apporté son soutien au mariage pour tous en 2013.

À 44 ans, Mathieu Klein est un proche de Martine Aubry qui a créé la surprise en devenant porte-parole de Manuel Valls pendant la campagne de 2017. Selon France Bleu, le nouveau maire de Nancy a refusé un poste dans l'équipe gouvernementale d'Édouard Philippe après avoir élaboré un plan contre la pauvreté. Le nouveau maire de Nancy a déjà eu l'occasion de défendre les droits des LGBT+ alors qu'il était président du conseil départemental. En effet, en 2018, Jean-Marie Muller, président du Conseil de famille des pupilles de l'État avait suscité une vive polémique, en déclarant : "On n’a rien contre les couples de même sexe, mais tant qu’on aura des couples jeunes, stables, avec un père et une mère, on les privilégie". Mathieu Klein l'a "invité à mettre fin à son mandat et en a avisé le Préfet".

Un maire homo pour "dire stop à la pente glissante"

David Valence (Parti Radical) a été réélu au premier tour à Saint-Dié-des-Vosges avec près de 72 % des voix. Ce maire ouvertement gay mais qui "n'a jamais fait de coming out à proprement parler", avait dû déposer plainte en septembre après une injure homophobe. Après quatre mois d'hésitation, il a voulu rendre publique cette plainte pour "dire stop à la pente glissante du toujours plus violent". "C’est aussi une façon de donner du courage à toutes les personnes qui souffrent, qui sont discriminées, mises au ban de la société, parce qu’elles sont homosexuelles, ou qu’elles font partie d’une toute autre minorité", poursuivait l'élu auprès de Têtu.

C'est son second mandat à l'hôtel de ville de Saint-Dié-des-Vosges. En 2014, il avait été élu sur une liste d'union de la droite. Son militantisme lui vient de la défaite de Jacques Chirac et d'Alain Juppé après la dissolution de l'Assemblée en 1997. David Valence a alors 16 ans. Désormais, dans cette ville de 20.000 habitants, tout le monde le connaît et une grande majorité des électeurs l'apprécie.

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À Chateauroux, un maire bientôt marié ?

Ce n'est pas Palm Springs, qui est dirigée par un conseil municipal 100 % LGBT+, mais Châteauroux a élu au premier tour Gil Avérous, ouvertement gay. Le maire, réélu pour un second mandat pense "qu'être homosexuel n'est pas un handicap en politique", disait-il en 2016 dans les colonnes de La Nouvelle République. Il n'empêche que lorsqu'il a habillé l'hôtel de ville de Châteauroux des couleurs LGBT+ après l'attentat d'Orlando, il a reçu une lettre de menaces anonyme.

Le maire est pacsé avec son compagnon et envisageait de se marier avec en 2016. Pourtant, il s'était déclaré contre contre le mariage pour tous, sans pour autant afficher de soutien avec la Manif pour tous. "Maintenant, les choses sont faites et bien faites. Pas question de le remettre en cause", poursuivait-il au quotidien local. Gaulliste, le maire s'est prononcé contre la GPA et favorable à la PMA uniquement si "elle a un caractère médical".

À Paris, David Belliard premier adjoint ?

Il souhaitait prendre l'assaut de la mairie centrale, après son score de 10,79 % au premier tour, le candidat écologiste David Belliard s'est rallié à la socialiste Anne Hidalgo. David Belliard pourrait-il devenir premier adjoint de la maire ? L'écologiste aux baskets Veja s'était souvenu, dans Libération, de ses difficiles années collège : "Je ne voulais pas être gay. En plus, j’étais assez croyant, enfant de chœur jusqu’à 13 ans. J’ai longtemps intériorisé une forme de culpabilité. Quand j’y repense j’étais un gamin assez créatif et efféminé", confie-t-il dans le quotidien.

Sa mue en parisien passe par la perte de son accent de haute-saône, un régime et des efforts pour paraître plus "viril". En 2008, il a tout juste 24 ans quand Pierre Bergé lui donne les commandes de Sidaction. Il deviendra ensuite journaliste à Alternatives éco avant d'être élu en 2014 conseiller de Paris. Discret sur sa vie privée, on sait que son compagnon est "un peu plus jeune et plus petit que moi", dixit l'intéressé : roux, barbu et sexy selon Libé qui a eu le droit de voir sa photo.

À noter aussi à Paris, Alice Coffin (EELV), cofondatrice de l'Association des journalistes LGBT+  et dans le comité d'organisation de la Conférence Lesbienne Européenne a été élue dans le 12e arrondissement.

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La ville rose n'a pas basculé

L'élection ne s'est pas jouée à grand chose à Toulouse où le maire sortant Jean-Luc Moudenc (LR soutenu par LREM) a été réélu. Le maire sortant a battu Antoine Maurice, ouvertement gay. Le candidat écologiste avait pourtant ses chances : inconnu des toulousains avant la campagne, il a obtenu 48,02% des voix. La campagne s'est terminée avec un goût particulièrement amer. Le candidat d'union de la gauche a été qualifié de "tarlouze" par un soutien de Jean-Luc Moudenc qui a été immédiatement congédié.

Le maire n'est pas connu pour ses positions LGBTfriendly. Il a manifesté auprès de la Manif pour tous. Le maire n'a pas réussi à enrayé la LGBTphobie puisque les violences signalées y ont augmenté sensiblement, selon les associations.

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