[Candidat… et LGBT+ ! 2/4] Tête d'une liste regroupant notamment EELV et LFI à Toulouse, Antoine Maurice, 38 ans, est ouvertement gay. Il compte aujourd'hui lutter contre les discriminations dans sa ville, et envoyer un message aux jeunes générations : on peut être gay et candidat. Et même, maire ?
Une ville rose écologique... et inclusive. C'est ce dont rêve, Antoine Maurice, 38 ans, qui se présente sur une liste "paritaire et inclusive" (Archipel citoyen) avec laquelle il entend “refonder la politique locale” et s’emparer de la mairie de Toulouse.
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"Oui, je suis gay"
Né dans une famille de gauche, il confie avoir longtemps refoulé son homosexualité. “J’ai fait mon coming-out assez tard, vers la vingtaine. Pour être tout à fait honnête, c’est ma mère qui est venue me chercher et m’a posé la question”. La première fois, il lui répond qu’il ne sait pas, qu’il se cherche encore. Six mois plus tard, elle revient à la charge et cette fois-ci, il lui annonce simplement “Oui, je suis gay”.
Quatre mots qui lui vaudront plusieurs semaines compliquées avec son père, avant que leurs rapports ne se normalisent. “Aujourd’hui ce n’est même plus une question, ils ont rencontré mon ancien compagnon avec qui je suis resté neuf ans et il a toujours été le bienvenu”.
Toulouse est aussi la ville dans laquelle il a découvert les lieux gays. “On parle d’une époque avant internet. Et ces lieux me permettaient un moment de respiration.” Des endroits de rencontres aussi où il va apprendre à s’affirmer. “Ils ont été un véritable vecteur d’émancipation, pour moi.”
Désormais, la ville rose a triste mine. Il ne reste “à tout casser que deux ou trois bars gays et une boite de nuit”. Ils ont fermé, les uns après les autres, décrit l'homme politique. “Ils avaient une importance à l’époque. Peut-être est-ce moins le cas aujourd’hui, s'interroge-t-il. Les sexualités me semblent désormais plus libres, plus variées, plus diverses. Au moment où j’ai fait mon coming-out, jamais je n’avais entendu parler de bisexualité.”
Conseiller municipal
Une fois ses études de ressources humaines en poche, il trouve du travail du côté des mutuelles. Pas convaincu, il se tourne alors vers un pôle de coopération d’économie solidaire et d’innovation sociale où il s’occupe de son développement. Et aujourd’hui, il est à tête d’une ressourcerie. Côté politique, il s’engage à Europe Écologie Les Verts (EELV), dès 1999, et entre au Conseil municipal de Toulouse neuf ans plus tard. Tête de liste en 2014, il siège depuis dans l’opposition à la mairie de Toulouse. “J’ai énormément grandi grâce à la politique”, ajoute-t-il.
Ce parcours lui vaut d’être aujourd’hui tête de liste pour Archipel citoyen (France Insoumise -EELV), face au maire sortant, Jean-Luc Moudenc (LR, LREM), à Nadia Pellefigue (PS, PRG, PCF), Franck Biasotto (Modem, LREM) ou encore Quentin Lamotte (RN) pour ne citer qu'eux. Ils sont en effet douze candidat à vouloir s'installer place du Capitole. S’il devient maire, il souhaite développer les transports en commun et le vélo, mettre en place une "démocratie vivante en co-construction avec une université citoyenne", favoriser la diversité économique dans l’habitat et mettre en place des “écoles oasis” où la végétation remplacera le béton. “La nuit, elles deviendront des parcs ouverts aux habitants”, détaille-t-il.
Plan contre les discriminations
Ce célibataire souhaite aussi un plan d’action pour lutter contre toutes les formes de discriminations : soutien plus appuyé aux associations, mise en pratique d’un “vrai plan de lutte”, lancement d’actions de communication, de formations pour les agents municipaux, etc. Il raconte vouloir une ville plus safe où les victimes d’agressions seraient mieux prises en charge. Au niveau des commissariats et des mairies, Archipel citoyen veut mettre en place un meilleur accueil. “L’idée est de nous appuyer sur les structures existantes pour arriver à ce que la parole des victimes soit entendue”.
Il souhaite aussi lancer un conseil de lutte contre les discriminations où élus et associatifs siégeraient. À cela, s’ajouterait une nouvelle convention de politique globale de sécurité pour lutter contre les violences LGBTphobes, mais aussi pour mettre un terme aux violences sexistes et sexuelles. Ce plan d’action, il le prévoit sans augmentation d'impôt puisqu’il est financé, explique-t-il. “Notre idée, c’est de redonner aux habitants le pouvoir de vivre à travers des mesures concrètes”, souligne Antoine Maurice. Cela passe aussi par un tarif plus solidaire dans les transports en commun, où une cantine scolaire tournée vers des produits locaux, bio avec un tarif social.
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"Responsabilité"
À ces côtés pour mettre en place cette politique, une liste paritaire et diverse. Sept de ses colistiers ont même été tirés au sort sur les listes électorales. “On a envoyé 1000 courriers, 20 ont répondu et au final sept ont été motivés par cette expérience”. Il espère aussi pouvoir compter aussi sur l’expertise du centre LGBT de Toulouse, qui n’était pas disponible pour répondre à nos questions.
Lui, qui avait défilé en 2013 en faveur du mariage pour tous, avec son écharpe tricolore, s’engage aujourd’hui pour tenter de faire bouger les lignes. “J’assume complètement mon homosexualité. Mais je pense que pour certains jeunes, le coming-out reste encore une étape difficile. En tant qu’homme politique, j’ai aussi cette responsabilité envers les nouvelles générations. De leur dire, oui, c’est possible. Oui, vous pouvez vous présenter à la mairie d’une grande ville. Et peut-être même être élu." Antoine Maurice deviendrait ainsi le premier ouvertement gay de Toulouse.
Aucune des associations LGBT+ que nous avons contactées n’a souhaité s’exprimer dans cet article pour cause de réserve électorale.
La liste Archipel citoyen est menée par Antoine Maurice, soutenue par Europe Écologie Les Verts, La France insoumise, Nouvelle Donne, Place publique, le Parti Pirate, Ensemble. Elle est l’une des douze listes qui se présente aux municipales de Toulouse.