Durant le week-end, le rappeur de 43 ans a réitéré sa soif de pouvoir sur les réseaux sociaux, affirmant sur Twitter qu'il serait candidat à la présidence des Etats-Unis cette année. Et s'il était élu, les personnes LGBT+ ne gagneraient probablement pas au change.
Ce n'est pas la première fois qu'il en parle, mais on a tendance à y croire de plus en plus. Le dimanche 5 juillet dernier, Kanye West a confirmé sur Twitter sa volonté de concourir à la présidence de 2020. "Nous devons maintenant accomplir la promesse de l'Amérique en ayant confiance en Dieu, en unifiant nos visions et en construisant notre avenir, déclare le principal intéressé sur le réseau social bleu. Je me présente comme candidat à la présidence des États-Unis". Ses propos doivent encore être confirmés, puisqu'on ne sait pas à ce jour s'il a entrepris les démarches nécessaires afin de voir son nom apparaître sur les bulletins de vote à l'automne.
Bien qu'elle soit donc à prendre avec parcimonie, l'annonce de Kanye West n'est peut-être pas bon signe pour de nombreuses raisons. Au fil de sa carrière, le rappeur quadragénaire a cumulé toute une kyrielle de dérapages et autres propos controversés, notamment à l'égard de minorités sociales telles que les victimes de violences sexuelles ou encore la communauté LGBT+.
Une ambivalence qui met le doute
Il est délicat de cerner la position de Kanye West sur les individus LGBT+. En 2005, ce dernier avançait au cours d'une interview pour MTV que "tout le monde dans le hip-hop discriminait les personnes gays", encourageant dans la foulée ses amis rappeurs à ne plus utiliser des injures homophobes dans leurs morceaux. Des années plus tard, il fut l'un des premiers à exprimer son soutien à Caitlyn Jenner, la mère de son épouse Kim Kardashian, après sa transition.
Néanmoins, l'artiste s'était mis à dos de nombreux fans queers cette année, participant à Awaken 2020, un énorme rassemblement évangélique dans l'Arizona. Parmi les présents, Ché Ahn, Guillermo Maldonado et Lou Engle, trois prédicateurs réputés pour leurs prises de position LGBTphobes. Sa performance à un tel événement avait révolté la communauté LGBT+, d'autant plus que le rappeur avait soutenu via sa musique la chaîne de fast-food Chick-Fil-A – dont le PDG est un homophobe notoire reversant de l'argent à des associations anti-LGBT+.
Polémiques à la chaîne
En parallèle de ses débâcles avec la communauté queer, Kanye West ne s'est jamais montré très avenant vis-à-vis de #MeToo, mouvement libérateur ayant donné la parole aux victimes de violences sexuelles. En guise d'exemple, le principal concerné avait apporté son soutien à A$AP Bari, un styliste et ami à lui. Celui-ci avait été arrêté à Londres en mai 2018 après être entré dans la chambre d'hôtel d'une femme, exigeant d'avoir un rapport sexuel avec elle tout en filmant son corps nu sans son consentement. Il l'a ensuite jetée dans le couloir, totalement nue.
Invité à participer au Saturday Night Live, Kanye West aurait également précisé vouloir être présent dans la même émission que Louis C.K., un humoriste américain accusé de s'être maintes fois masturbé devant des femmes sans leur consentement. En 2016, il avait aussi posté un tweet déplacé en soutien à Bill Cosby alors que l'acteur était accusé de violences sexuelles (comprenant viols et abus sexuel sur mineur) par une soixantaine de femmes. Pour couronner le tout, le rappeur a fait de #MeToo une punchline controversée dans la chanson "Yikes", issue de son album Ye.
Un bilan inquiétant
Enfin, il est nécessaire de revenir sur les propos polémiques de Kanye West sur l'esclavage. "Quand tu te dis que l'esclavage a duré 400 ans... 400 ans ? Ça a l'air d'être un choix", avait-il déclaré en 2018, quelque temps après avoir apporté son soutien à Donald Trump – qui, rappelons-le, n'est ni un allié des femmes, ni des personnes LGBT+. Le rappeur avait par la suite clarifié ses dires, mais la pilule avait toujours du mal à passer chez certaines personnes concernées.
Dans l'ensemble, Kanye West a évidemment effectué de généreuses contributions, reversant par exemple 2 millions de dollars aux familles de George Floyd, Breonna Taylor et Ahmaud Arbery, trois victimes de violences policières dont les noms ont gagné en importance grâce au mouvement Black Lives Matter. Il a également fait dans le caritatif, aidant financièrement et symboliquement les rescapés de l'ouragan Katrina ou les soldats vétérans de la guerre en Irak.
En tout et pour tout, il est impossible d'affirmer si Kanye West ferait un bon président des États-Unis ou pas. Mais jusqu'ici, ses prises de position douteuses envers les minorités, son attitude parfois délibérément provocatrice dans les médias ainsi que sa paranoïa – il avait été interné en novembre 2016 pour paranoïa et dépression – nous évoquent surtout un Donald Trump 2.0. Et sincèrement, c'est tout ce qu'on ne souhaite pas à nos camarades d'outre-Atlantique.
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