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musiqueRufus Wainwright : “Quand tu atteins 40 ans, tu deviens sexy pour plein de gens”

Par Romain Burrel le 07/07/2020
Rufus Wainwright

Il sort le 10 juillet prochain son nouvel album, Unfollow the Rules. TÊTU est revenu avec Rufus Wainwright sur ce disque, toujours très personnel, sur Jeff Buckley, et sur l'homoparentalité.

On se souvient avec émotion du jeune minet aux cheveux longs, beau à crever, qui débarqua telle une météorite folle et furieuse sur la scène folk. En 1998, Rufus Wainwright avait 24 ans et la peau douce. Vingt-deux ans après ses débuts, le chanteur arbore, comme son mari, le directeur artistique Jörn Weisbrodt, une somptueuse barbe poivre et sel. Preuve que le temps a filé. En deux décennies, Rufus a laissé une poignée d’albums prodigieux, aux arrangements luxuriants, aux paroles sans filtre, écrins parfaits pour sa voix traînante et sublime.

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Unfollow the Rules, son nouvel album, ne fait pas exception. Huit ans après son dernier effort pop, on y retrouve toute la sève de l’œuvre de Wainwright : folk aérien dédié à son mari (“Peaceful Afternoon”), envolée opératique (“Hatred”) et balade délicate inspirée par sa descendance (“My Little You”). Ce papa gay attentionné a déménagé à Los Angeles pour se rapprocher de sa fille, Viva, qu’il a eue avec Lorca Cohen, la fille de Leonard Cohen. Une nouvelle vie, plus calme, sous le soleil brillant de Californie, pour, enfin, “cesser de suivre les règles”. Titre étrange pour un artiste qui aura passé une bonne partie de sa carrière à les envoyer valser.

Huit ans depuis ton dernier album. Tu te fous de nous ?

Je sais. Désolé. Cette fois, ça faisait sens pour moi de refaire un disque à Los Angeles. Accaparé par l’opéra [il en a écrit deux, dont Hadrian, en 2018], ça faisait des années que je n’avais pas fait de disque pop. Mais là, toutes les étoiles se sont alignées. Par chance, certains studios comme Ocean Way existent toujours. Mon autre chance a été de travailler avec le producteur Mitchell Froom. On n’avait encore jamais bossé ensemble, mais il connaissait mon travail. Il sait ce que Los Angeles a à offrir. Et cette ville a toujours été nettement plus accueillante pour moi que n’importe quel autre endroit.

Vraiment ? On t’imaginait à New York comme un poisson dans l’eau !

Dans ma jeunesse, j’ai vécu à New York pendant deux ou trois ans avant de m’installer à Los Angeles, et ce fut un cauche- mar ! Quand je suis arrivé à L.A., tout est soudain devenu plus simple. Dans la ville de Brian Wilson, d’Harry Nilsson et de Randy Newman, il y avait de la place pour moi. Ça me fait du bien de revenir ici. Ça n’a pas marché pour moi à New York. À l’époque, Jeff Buckley était l’épicentre de la scène musicale. Moi, j’étais son exact opposé. C’était très ironique que les gens nous comparent, car nous étions vraiment différents. C’était un guitariste hétérosexuel et cool. Moi, j’étais ce dandy romantique et un peu pédé... (Rires.)

"Avec Jeff Buckley, ce fut une intense et belle rencontre. Mais on a pas baisé..." ...