AidesUne rémission du VIH sans greffe de moelle osseuse suscite de nouveaux espoirs

Par Nicolas Scheffer le 08/07/2020
VIH

Une nouvelle piste de traitement contre le VIH pourrait avoir été trouvée : un patient est en rémission depuis un an sans avoir subi de greffe de moelle osseuse.

Une nouvelle étape a été franchie dans la recherche contre le VIH/sida. Un patient porteur du virus pourrait être le premier patient adulte à guérir de la maladie sans avoir eu besoin d'une greffe de moelle osseuse. L'homme est en rémission depuis plus d'un an, ont annoncé les chercheurs mardi 7 juillet à l'occasion de la 23ème conférence internationale sur le sida organisée par l'ONU.

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Avant lui, deux patients, appelés "Berlin" et "Londres", semblent avoir guéri du VIH après avoir subi une greffe de moelle osseuse. Cette greffe est une opération à haut risque utilisée notamment pour traiter certains cancers. Mais ce troisième patient - qui ne montre plus de signe d'infection - aurait donc été guéri avec un traitement différent. Cet homme, un Brésilien de 34 ans, a été diagnostiqué positif au VIH en 2012. Il a reçu plusieurs antiviraux puissants (du maraviroc et du dolutégravir) afin d'étudier si ces molécules lui permettrait d'éliminer le virus.

Le patient contrôle désormais le virus sans traitement

Après 57 semaines sans traitement contre le VIH, le patient est resté négatif aux tests de détection des anticorps. Selon Ricardo Diaz, un expert des maladies infectieuses à l'université de Sao Paulo, cet homme peut être considéré comme indemne. "L'important pour moi est d'avoir un patient qui était sous traitement et qui contrôle désormais le virus sans traitement", explique-t-il. Les patients sous traitement ont désormais une espérance de vie équivalente aux personnes négatives mais ils doivent ingérer des antirétroviraux à vie. "Nous ne sommes pas en mesure de détecter le virus et le patient perd la réponse spécifique au virus : si vous n'avez pas d'anticorps, vous n'avez pas d'antigène (de virus, ndlr)", détaille le professeur.

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Cette découverte suscite des espoirs. C'est une piste plus "éthique" que la greffe de moelle osseuse pour les personnes gravement malades qui doivent vivre avec le VIH, estime le docteur Diaz. La greffe de moelle est une opération très lourde : "il faut mettre en balance le taux de mortalité de 10 % pour une transplantation de cellules souches et le risque de mort si on ne fait rien", expliquait en mars le professeur Ravindra Gupta. 

Prudence

Toutefois, les professionnels de la lutte contre le VIH appellent à la prudence. Notamment Florence Thune, présidente de Sidaction, qui dans un tweet, a écrit : "Nous rêvons tous de guérir du VIH. Mais nous avons aussi appris à respecter le temps de la recherche pour ne pas (se) créer de faux espoirs (suivez mon regard...). Une manière de doser au mieux patience, prudence, preuves avérées et optimisme." 

Selon l'ONU, 40 millions de personnes vivent actuellement avec le VIH et 1,7 million l'ont contracté l'année dernière. Face à cette nouvelle, les médecins aussi restent prudents.  "Ces données doivent faire l'objet d'une analyse plus approfondie", selon Sharon Lewin, la directrice du Doherty Institute for Infection and Immunity de Melbourne (Australie). Des rémissions, même longues, ont déjà été signalées sans qu'une guérison puisse être affirmée.

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