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sexoTout ce qu'il faut savoir pour exceller dans l'art d'être passif

Par Nicolas Scheffer le 28/08/2020
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On ne naît pas bottom, on le devient, par la grâce de la sodomie. Manuel de sexe gay pour garçons passifs (et actifs) afin de maximiser le plaisir anal.

Être passif, c'est loin d'être inactif. "L'actif a juste à faire marcher ses reins, le passif, c'est toute une logistique, un apprentissage !", signale Zack, bottom reconnu sur Instagram et qui a lancé son OnlyFans aux débuts de la plateforme. Au téléphone en plein milieu d'un magasin de fringues, il disserte sodomie et nous donne ses conseils pour ne pas avoir mal, pour se sentir parfaitement propre, et pour au fond prendre un maximum de plaisir anal. À certains moments, il se met à chuchoter car, dit-il, "il faudrait pas qu'on me vole tous mes secrets". Promis, on ne les répètera pas... Ou presque.

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"Les mecs qui ont les couilles en feu, tu peux leur dire qu'on ne passe pas la quatrième d'un coup. Sauf si on est un expert", met-il d'abord au point. Comprendre qu'il faut toujours prendre son temps, trouver son propre rythme. "Pour apprécier le moment, le maître mot c'est la confiance : confiance en toi et confiance envers ton partenaire", complète-t-il entre deux travées de t-shirt. L'actif doit en particulier se montrer attentif à celui qui s'apprête à lui ouvrir ses chakras ! Pour l'aider à se détendre, les préliminaires sont ainsi importants : faire monter le désir par le baiser, un anulingus, enfin chacun son menu, est bienvenu avant de glisser un ou deux doigts – quand on est assuré du consentement.

"Du gel, du gel, du gel…"

"Ma première fois en tant que passif, c'était avec un garçon qui en a une énorme. Ça ne s'est pas super bien passé parce qu'il pensait que j'étais régulièrement passif. On n'avait pas assez communiqué", nous relate Andrew Grey, un youtubeur qui s'emploie à démystifier la sexualité LGBT+. "Toutes les tailles peuvent entrer, c'est une question de temps, de plaisir et d'envie", précise Zack.

"Il ne faut pas se prendre la tête, le sexe, c'est un plaisir et ça n'a pas à être compliqué", abonde Andrew. Et si l'actif relève que le partenaire grimace, il faut penser à ralentir le rythme, voire se retirer doucement. Andrew conseille donc aux passifs d'adopter pour commencer une position où ils peuvent contrôler le rythme. Sa préférée : la position de l'andromaque, où le bottom s'assoit sur l'actif qui est allongé sur le dos… Surtout, rappelle Zack, il faut "du gel, du gel, du gel !". Le gel, c'est l'accessoire indispensable de la pénétration anale.

Pour éviter le Mikado…

Parmi les peurs attachées à la sodomie, la question de la propreté mérite d'être dédramatisée. "Bien sûr, tout le monde, une fois dans sa vie, a dû faire face à un Mikado", sourit Zack. Spoil : ce n'est pas grave. Et il y a des astuces pour l'éviter. D'abord, penser à la case la salle de bains en amont. "Avant le rencard, tu vas aux toilettes, même si tu en n'as pas envie, et après, tu passes à la douche", détaille-t-il – on parle douche anale. Pour pratiquer son lavement, pensez que se mettre accroupi facilite le travail de ruissellement… L'eau doit se trouver à une température modérée, pas trop chaude pour éviter les brûlures, ni trop froide pour permettre aux muscles de se détendre.

"Je dévisse le pommeau de douche et je mets le tuyau à l'entrée de l'anus", explique Zack en mimant. Attention, il ne faut pas l'enfoncer, au risque de blesser le passage. "Là, on met un petit peu de pression pour que l'eau irrigue l'anus, mais il ne faut pas un jet trop puissant", insiste le garçon. Ensuite, on laisse l'eau évacuer tranquillement, et on répète si nécessaire l'opération jusqu'à ce que ce que la rivière soit nette. Au passage, Zack préfère la méthode du tuyau plutôt que celle de la poire à lavement, que l'on peut trouver en pharmacie ou dans un sex shop. "La poire, c'est quand t'as rien sous la main et que tu as besoin de faire un lavement sous un porche parce que tu as flashé sur un mec en soirée !", s'amuse-t-il.

Adapter son alimentation

Certains se tournent vers le psyllium, un complément alimentaire riche en fibres. Ces dernières permettent de compacter les selles afin d'éviter les pistes d'atterrissage. Lorsqu'on utilise du psyllium, il faut veiller à boire suffisamment d'eau. Plusieurs marques en proposent, la plus connue est spécialisée pour éviter les lavements : Pure for men. Plus accessible et discret, Naturalia vend aussi de la poudre de psyllium pour "améliorer la digestion". Attention, Aides recommande d'éviter d'utiliser le psyllium deux heures avant et deux heures après ses prises de PrEP. Pour améliorer son transit sans supplément, "il faut manger suffisamment de fruits. Je conseille aussi de manger plutôt léger avant un plan", indique Andrew.

#Consentement

Nombre d'entre nous ont déjà vécu un plan qui tourne au fiasco, faute parfois d'être suffisamment raccord avec un partenaire sur ce qui nous plaît. "Au début, c'était bien parti, j'avais même pas baissé mon short que mon partenaire bandait déjà et puis... tout à dérapé", se souvient Zack. À ce moment, son partenaire le pénètre "sans gel, sans salive, sans capote", et sans discussion sur ces points. Zack dit avoir eu besoin de plusieurs mois avant de se remettre de ce rapport.

"Le consentement, c'est le plus important. La personne qui pénètre doit être particulièrement attentive à créer un climat d'écoute pour que le pénétré puisse le guider afin que les deux personnes prennent du plaisir", reprend Andrew. En ce qui concerne d'éventuelles prises de risques, elles doivent aussi être consenties à deux. Les CeGIDD (centres d'informations et de dépistage) reçoivent une hausse de témoignages où l'actif a retiré le préservatif à l'insu du passif : c'est non. Cette pratique, qu'on appelle le "stealthing", est une agression sexuelle.

Sodomie et clichés, la dure lutte

Et quand bien même le lavement a été fait, les prélis soignés et le rapport bien engagé, si ça ne veut pas passer, on peut aussi faire autre chose ! "On a le sentiment que la pénétration, c'est le Graal de la sexualité homo, mais c'est loin d'être le cas ! Notre référentiel, c'est le porno, mais ça ne représente pas la sexualité la plus courante", rappelle le youtubeur.

La sexualité en général, et la sodomie en particulier, traînent d'ailleurs leur lot de représentations éculées, mais pas toujours justes. "Dans la société, il y a une connotation négative à être passif, comme si la pénétration était un acte viril et donc puissant. Il faut rendre visible la pénétration anale chez les hommes et la montrer comme simplement très agréable", analyse Caroline Janvre, psychologue et sexologue, formatrice à Actions traitements.

La sexologue regrette en outre que certains hommes s'interdisent le plaisir anal à cause de telles représentations. "Pour bien vivre sa sexualité, il y a un travail à faire sur l'estime de soi et des autres. Lorsque l'on trouve négatif d'être sodomisé, il y a sans doute de l'homophobie intériorisée", explique-t-elle. Les power bottoms, ces passifs puissants, travaillent à renverser ces représentations. Alors, passifs de tous les pays, unissez-vous : il est temps de partager les manettes !

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Crédit photo : Charles Deluvio / Pixabay