politiqueJean-Luc Mélenchon, l'interview dans TÊTU : "Ne nous refermons pas autant que nos adversaires"

Par Thomas Vampouille le 15/06/2021
jean luc melenchon

Sur les starting-blocks pour la présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon a accepté de répondre aux questions de TÊTU. L'occasion pour le député Insoumis de revenir sur son long engagement pour les droits LGBTQI+ et de développer ses positions à propos de la PMA, de la GPA, du suicide assisté… De s'inquiéter aussi, avant même l'épisode de la farine, d'une fermeture du débat politique et militant.

Jean-Luc Mélenchon nous reçoit dans son bureau de l'Assemblée nationale. Nous sommes le jeudi 20 mai 2021 ; la veille, le député de La France insoumise (LFI) a été le seul leader de la gauche à refuser de se rendre à la manifestation organisée par des syndicats de policiers pour interpeller la justice devant le palais Bourbon.

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C'est sur ce sujet que démarre notre entretien, l'Insoumis contestant avoir eu du nez sur ce sujet, mais simplement de la culture historique et politique : "Ces manifestations, rappelle-t-il, ont toujours été l'occasion de mettre en cause la justice et l'ordre républicain. Pour le reste, la sécurité contre le social, c'est un grand classique des campagnes, aussi vieux que la lutte droite-gauche". Et de citer l'exemple de l'affaire "papy Voise" mais, comme nous prenons le temps – l'interview durera 1h30 –, il peut expliciter son propos sans raccourcis, au sujet de la sécurité mais aussi de l'homophobie et de toutes les "phobies", d'ailleurs, dont l'islamophobie, sur laquelle sa position a évolué depuis 2017.

Jean-Luc Mélenchon est lancé dans sa troisième campagne présidentielle. Engagé de longue date sur les sujets LGBTQI+ – puisque le hasard, presque, les place sur sa route dès 1982 –, il nous raconte avoir déposé le premier projet de loi sur le partenariat civil, en 1990. Ce qui fait qu'à l'âge de 69 ans (il en aura 70 en août) le candidat de La France insoumise développe une pensée nourrie sur les questions LGBTQI+, plus largement sur celles du genre et, même, une réflexion étonnante de clairvoyance sur la meilleure compréhension par la jeunesse d'aujourd'hui de la non-binarité.

Mélenchon sur la PMA, la GPA, le droit à mourir…

Bien sûr, TÊTU ne pouvait pas rencontrer un candidat en campagne sans lui demander ses positions sur les dossiers du moment ou à venir : l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, la GPA (il défend une "position paradoxale"), le droit à mourir… Jean-Luc Mélenchon développe également un propos plus personnel quand on lui demande, en tant que parent (il a une fille), ce qu'il dirait à un homme de sa génération ou tout simplement à un père qui aurait du mal à accepter l'orientation sexuelle de son enfant.

"En ce moment, je lis beaucoup Philip K. Dick"

Une discussion libre qui dépassera largement le cadre initialement accordé, l'occasion pour Jean-Luc Mélenchon de livrer un plaidoyer utile, en ces temps de polarisation du débat de toute part, pour le maintien du dialogue, envers et contre tout. "N'acceptons pas de nous refermer autant que nos adversaires", lance cet amoureux des idées, à l'éternel triangle rouge épinglé sur le revers de sa veste, aux militants de la gauche qui seraient tentés de suivre les droites extrêmes, et autres lanceurs de farine, sur le chemin d'une fermeture à l'autre.

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Il y croit, Mélenchon, à l'échange, et c'est d'ailleurs sur des conseils de lecture échangés que nous nous quittons. N'ayant pas pu les intégrer dans le magazine faute de place, nous vous en livrons ici un en exclusivité : "En ce moment, je lis beaucoup Philip K. Dick, cela vous accueille comme de la science-fiction et, en même temps, c'est un auteur capable de voir toutes les failles de la réalité". Pour le reste, et pour lire notre entretien, rendez-vous dans le TÊTU n°227, en vente à partir du mercredi 16 juin chez votre marchand de journaux !

>> Interview par Marie-Pierre Bourgeois et Thomas Vampouille. Photographie : Enzo Tonati.

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