A la veille d'un important rendez-vous avec la mairie de Paris, le collectif Archives LGBTQI a dévoilé à TÊTU les contours de son projet de centre d'archives.
A la veille d’une rencontre avec Jean-Luc Romero, l’adjoint en charge du dossier auprès de la Mairie de Paris, le Collectif Archives LGBTQI a présenté à TÊTU en avant-première un rapport d’activité détaillé et l’esquisse d’un ambitieux dossier de préfiguration pour le futur centre d’archives LGBTQI. Étape préliminaire indispensable, la préfiguration sert à tester les infrastructures et les services pour co-construire le Centre avec les usagers, les associations, les collectifs et les différents partenaires. Dans l’espoir que le projet se concrétise enfin dans les mois à venir..
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Après presque trente ans de promesses politiques, de nombreux rebondissements, le vote pour la création d’un centre d’Archives LGBTQI avait finalement eu lieu le 4 février 2021 au Conseil de Paris officialisant une demande portée par le Collectif Archives LGBTQI. Composé de plus de 17 associations LGBTQI adhérentes et soutenu par 45 centres d’archives LGBTQI dans 22 pays, ce dernier milite depuis sa création en 2017 pour un centre d’archive géré par la communauté et au service de tous les publics. En juin dernier, en l’absence d’avancées, la pétition pour l’ouverture du centre d’archives lancée par Didier Lestrade et le Collectif forte de plus de 8000 signatures avait rappelé l’urgence et la nécessité de concrétiser ces annonces politiques.
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Co-construire le centre d'archives
Le Collectif Archives LGBTQI s’est donc attaché à imaginer les contours d’un futur centre à même d’incarner ses différentes missions, qui pourrait ouvrir au public dès 2023 après sa phase de préfiguration. Avec la consultation "Dessinons le Centre d'Archives des Mémoires et des Cultures LGBTQI+" qu’il va lancer en 2022, il invitera toutes les personnes intéressées à venir co-construire le futur centre. S’il vise sa pleine capacité et un fonctionnement optimal en 2025 avec un accueil de plus de 15 000 personnes par an, le Centre pourrait proposer dès son ouverture différents espaces, de consultation et d’activités ainsi qu’une programmation scientifique et culturelle
Outre la consultation d’archives dans un espace dédié, les visiteur.rice.s auraient également la possibilité de se rendre dans des salles d'expositions, mais pourront assister à des événements culturels, participer à des ateliers, des séminaires, suivre des formations ou encore de se rendre dans la librairie-boutique et le café au sein même du bâtiment.
Archives orales
« Explorer, Comprendre, Eduquer, Partager, Créer », tels sont les mots-clés qui viennent compléter la règle traditionnelle des 4 C des centres d’archives, et qui désignent la Collecte, la Conservation, la Classement et la Communication, tâches que le collectif demande à pouvoir prendre en charge. Attaché au principe d’archives vivante et de création, il propose également dans sa préfiguration de prolonger son travail mené depuis plusieurs années autour des archives orales.
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Dans le prolongement de leur chaine de podcasts, La Fièvre qui rencontre un franc succès avec plus de 60.000 écoutes, le Collectif propose ainsi d’installer un studio de production d’archives orales dans le lieu même. Chaque personne pourrait alors enrichir de sa propre histoire le fonds d’archives orales du centre et apprendre à collecter et diffuser d’autres histoires. Ou encore être bénévole au Centre.
Un espace d’archives numérique
« Le Centre sera donc une entité bicéphale, à la fois physique et numérique » évoque également le Collectif Archives LGBTQI. Outre le lieu physique, il s’agirait également de créer « un centre numérique au sein d’un réseau plus large, connecté à d’autres initiatives analogues ailleurs dans le pays et à l’international ». Inspiré par les centres LGBTQI avec qui il travaille déjà et d’autres initiatives (le projet Densho au Japon, l’Institute For Visual History and Education de la Shoah Foundation), ce centre d’archives numérique serait accessible par le biais d’un portail permettant la consultation en ligne d’archives, la mutualisation de l’indexation, des catalogues, du guide des sources avec les autres centres. Il proposerait également l’accès à des contenus pédagogiques ainsi qu’à un learning center avec des cours, de l’auto-formation, des tutoriels, des webinaires pour tous les publics.
Il permettrait également une collecte en ligne d’archives numériques qui viendrait enrichir la base de donnée existante.« Des archives partout et pour tout le monde, c’est la philosophie des archives vivantes » explique Sam Bourcier, membre du collectif. « Chacun.e est un foyer d’archives potentiel, il faut juste en prendre conscience. Et que l’archive ce n’est pas un truc poussiéreux et élitiste, c’est des documents mais aussi des émotions, des corps. A partir de là, on peut déployer une foultitude de pratiques d’archives, de la recherche à la production en passant par l’archive création. L’enjeu c’est la circulation encore plus démocratique des archives et le numérique démultiplie les possibilités. »
Développement du projet pour l’année à venir:
Pour l’année 2022-2023 qui correspond à la première phase de développement du projet avec la préfiguration, le Collectif demande ainsi à pouvoir au moins créer deux postes, celui d’un.e archiviste et d’un.e administrateur.trice salarié.e ainsi que la mise à disposition d’un local temporaire qui servirait à la fois de bureau mais aussi à la collecte et au stockage des fonds déjà collectés avant l’installation dans le lieu définitif.
Si en dépit de nos sollicitations, la mairie de Paris n’a pour le moment pas répondu aux questions de TÊTU, la Région Ile de France, que le Collectif vient de rencontrer, s’est en revanche félicitée de l’avancement du dossier et se dit partie prenante du projet. Elle se dit également prête à subventionner, en attendant l’annonce de locaux par la mairie, le projet du centre numérique.