Après les films et les séries, la plateforme de streaming d'Amazon tient à élargir son offre en matière de reality shows. C'est chose faite avec Tampa Baes, ou la vie de jeunes lesbiennes sous le soleil de la Floride.
Près de dix ans après l'annulation de The Real L Word, voilà qu'une nouvelle télé-réalité lesbienne fait son apparition. Et cette fois-ci, plus question de rester à Los Angeles ou Brooklyn. Comme son nom l'indique, Tampa Baes, la petite nouveauté du catalogue d'Amazon Prime Video, nous embarque à Tampa, située sur la côte ouest de la Floride (sud-est des États-Unis). Le programme est peu ou prou le même : des imbroglios amoureux, des règlements de comptes et un brin d'humour.
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Sea, lesbian sex & fun
Disponible sur la plateforme de streaming dès ce vendredi 10 décembre, Tampa Baes s'intéresse donc à un groupe de lesbiennes qui font vivre la communauté LGBTQI+ des environs. Elles aiment faire la fête, parfois au point où ça dégénère. "Tout le monde se connaît, tout le monde est sorti avec tout le monde, et tout le monde est au courant de ce que tu fais", énonce clairement une des filles dès le départ. Le ton est donné. Mais si l'on espérait voir un groupe d'amies soudées, il n'en est rien.
Tampa Baes place tant bien que mal ses pions dans un épisode d'exposition surchargé. Après tout, on trouve pas moins de 12 "personnages" au casting principal. Une fois que l'on se familiarise avec toute cette joyeuse bande de fêtardes au caractère bien trempé, les enjeux deviennent clairs. Toutes gravitent autour de deux couples : d'un côté, Haley et Brianna. De l'autre, Marissa et Summer – impossible de ne pas penser à Newport Beach. Les deux binômes ne peuvent pas se sentir et leur tenace rivalité va progressivement scinder toutes les membres des "Tampa Baes".
Tampa Baes, drama mais pas que
Au niveau de sa construction narrative, Tampa Baes est à l'image, par exemple, de Selling Sunset, qui cartonne sur Netflix avec l'ajout de sa quatrième saison. Il y a une trame principale : les frictions entre les deux couples, vouées à prendre de l'ampleur jusqu'à l'explosion. C'est ici que l'on retrouve les ressorts dramatiques attendus d'un reality show : une soirée trop alcoolisée qui dérape, des prises de bec où la moitié des répliques sont inaudibles, des piques bitchy lancées au confessionnal... Tout est là pour faire jubiler la téléspectatrice en manque de drama.
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En marge de ces mélodrames successifs, d'autres intrigues minoritaires émergent – et c'est là que Tampa Baes se distingue des autres télé-réalités contemporaines. Au fil des épisodes, le programme réussit à mettre en lumière les sentiments propres à la communauté LGBTQI+ : la crainte de faire son coming out à ses grands-parents, la peur d'être rejetée par sa famille croyante, la menace des "thérapies de conversion"... Tout ceci est abordé dans Tampa Baes, certes de façon parfois expéditive. Mais ces moments permettent à l'émission de s'ancrer dans les réalités du vécu queer et d'avoir plus de profondeur qu'une télé-réalité classique.
Lors de sa mise en ligne outre-Atlantique il y a un mois, Tampa Baes a été critiquée pour son casting, composé en grande partie de femmes blanches, minces et correspondant aux standards de beauté. Un reproche tout à fait légitime. Pour autant, la série compense en montrant un panel de lesbiennes à l'expression de genre et aux styles divers. Il y a quelque chose de réjouissant dans le fait de voir autant de femmes queers différentes dans une seule et même production – qui ne soit pas The L Word.
Un divertissement convenable
Au rayon des défauts à pointer, le casting s'avère souvent inégal. Certaines participantes ne semblent pas avoir assez de personnalité ou de charisme pour que leurs déboires captivent. Les plus sympas diront que cela renforce l'aspect réaliste du programme, tout le monde n'étant pas aussi excentrique qu'une real housewife. La production de Tampa Baes laisse aussi parfois à désirer, avec des plans peu soignés et une réalisation simpliste – une critique légitime par rapport par exemple à MTV, qui a prouvé que la télé-réalité trashy pouvait être esthétique avec Siesta Key, qui se déroule d'ailleurs près de la baie de Tampa.
En dépit de ces imperfections, Tampa Baes s'en tire avec les honneurs, parvenant à mettre en lumière une communauté lesbienne tout en signant une télé-réalité suffisamment divertissante, voire amusante par moments. Encore faut-il avoir envie de s'infliger huit épisodes qui ressassent la même histoire, laquelle implique des personnes immatures pourtant intimement convaincues de leur maturité. Au bout du compte, si les hétéros peuvent se détendre devant Les Marseillais, les lesbiennes peuvent bien en faire autant avec ce nouveau show.
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Crédits photos : Amazon Prime Video