Mettant à jour les critères de don du sang, un arrêté signé ce 11 janvier doit mettre fin aux questions sur l'orientation sexuelle des donneurs ainsi qu'au délai d'abstinence imposé aux hommes gays et bis. Le point sur les nouvelles conditions, qui doivent désormais entrer en vigueur en mars.
"C'est une toute nouvelle relation avec le donneur de sang que nous souhaitons", résume le ministère. Les conditions imposées au don du sang s'apprêtent à évoluer avec le retrait de toute mention à l'orientation sexuelle des donneurs. Le ministre de la Santé Olivier Véran doit signer ce mardi 11 janvier un arrêté en ce sens, modifiant les critères qui en l'état obligent les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) à respecter une période d'abstinence de quatre mois (avant 2020, c'était un an). Si ses services avaient annoncé la mise en oeuvre de ses modifications pour le 1er janvier 2022, la date a été repoussée et le ministre annonce aujourd'hui : "Ces nouveaux critères entreront en vigueur à partir du 16 mars".
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Gay ou hétéro, fini la question
Pour mettre fin une bonne fois pour toutes à la distinction entre donneurs hétéros et homos, "le seul critère retenu sera celui du risque, il n'y aura plus aucune référence liée à l'orientation sexuelle des donneurs", détaille le ministère auprès de TÊTU, reprenant à son compte les conclusions d'un rapport rédigé en 2013 par un certain Olivier Véran, alors député.
Les questions posées dans la nouvelle mouture du formulaire précédant le don concerneront le nombre de partenaires sexuels au cours des quatre derniers mois, la prise de stupéfiants, les tatouages, etc. "Les donneurs sont très conscients de ce qu'ils font. Tout se joue sur la relation de confiance entre les donneurs et l'établissement français du sang", appuie la Direction générale de la santé.
La prise de PrEP exclura du don
Attention, la prise de PrEP en prévention du VIH sera également rangée parmi les risques. "La prophylaxie est très efficace, précise bien le ministère, mais elle est prescrite en cas de prise de risque. De plus, il peut y avoir des interactions entre la prise de ces antirétroviraux puissants et le dépistage [du sang au VIH, ndlr] qui peut être rendu faussement négatif par leur présence." Des critères qui, nous dit-on, ont vocation à évoluer au fil du temps.
"L'objectif de ces nouveaux critères n'est pas quantitatif, nous ne cherchons pas quelques centaines ou milliers de poches supplémentaires", précise l'entourage d'Olivier Véran, bien qu'un risque chronique de pénurie de poches de sang force régulièrement l'Établissement français du sang (EFS) à tirer le signal d'alarme en appelant aux dons d'urgence.
Le sang testé pour un risque "théorique"
Au total, chaque don étant testé au VIH ainsi qu'aux hépatites B et C, le risque résiduel est estimé à une poche de sang sur 11,6 millions, ce qui le place au rang de "théorique". De fait, il était évalué en 1990, avec les techniques de l'époque, à une poche sur 310.000.
Pour expliquer le décalage du 1er janvier au 16 mars de l'entrée en vigueur de cette réforme, le ministère de la Santé invoque la formation nécessaire des acteurs du don à l'échelle nationale. Et de promettre : "Nous faisons en sorte que le délai soit le plus raccourci possible".
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