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film"Vice-versa" : et si Riley était non-binaire dans le film animé de Pixar ?

Par Tessa Lanney le 25/01/2022
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Vice-versa, le formidable dessiné animé de Pixar, aborde avec humour et délicatesse les thèmes de la santé mentale et de la pré-adolescence. Parmi les théories qui entourent le film, celle questionnant la binarité de son personnage principal, Riley, nous intéresse évidemment au premier chef.

Émotions en vrac, hormones en ébullition, élans de rébellion, l'entrée dans l'adolescence n'est pas de tout repos. Comment représenter les phénomènes complexes qui nous traversent le cerveau pendant cette période ? Vice-versa, le dessin animé des studios Pixar (rachetés par Disney en 2006) sorti en 2015, y parvient avec douceur, humour et subtilité. Et si vous l'avez raté ou que vos enfants ne l'ont pas encore vu, il repasse à la télé ce 25 janvier sur la chaîne W9.

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Vice-versa nous plonge dans la tête de Riley, 11 ans, où Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût prennent vie pour faire face à tous les changements qui chamboulent la vie de celle qui n'est plus tout à fait une enfant. Sa rediffusion est aussi l'occasion de redécouvrir d'un autre oeil le film qui avait été gratifié de l'Oscar et du Golden Globe du Meilleur film d'animation : et si Riley ne correspondait pas tout à fait aux normes de la binarité ?

La réponse du réalisateur de Vice-versa

Derrière l'émerveillement apporté par les graphismes colorés, les messages émouvants, mais aussi l'humour du dessin animé, un détail vous aura en effet peut-être échappé. Lorsque l'on est projeté dans la tête des parents de Riley, l'organisation y apparaît bien différente que dans celle de l'enfant… Outre les états d'âme spécifiques des parents, ce qui retient notre attention, c'est le genre de leurs émotions. Celles du père sont représentées comme masculines, via notamment une moustache, et celles de la mère comme féminines, avec cheveux longs et vêtements genrés. Toutes, sans exception. Surprenant, quand on voit que chez Riley, Peur et Colère sont genrées au masculin et que Joie, Dégoût et Tristesse sont genrées au féminin. Le film n'ayant pas l'air d'avoir laissé quoi que ce soit au hasard, des fans attentifs en ont conclu que ces détails n'étaient pas une coïncidence, et que son message d'acceptation portait au-delà des carcans de la binarité…

D'autres pensent que le jeune âge de Riley, qui s'apprête seulement à entrer dans la puberté, peut expliquer la mixité de son "quartier général" cérébral. Son identité de genre, de même que son orientation sexuelle, ne seraient pas encore déterminés, théorie parfaitement valable.

"Il fallait que le spectateur sache immédiatement quand on était dans la tête de la mère, sans que ce soit trop compliqué pour les enfants."

Dans une interview publiée ce 25 janvier par le magazine Premiere, son réalisateur, Pete Docter, aborde la question, y apportant une réponse purement pragmatique. "J’aurais adoré avoir une réponse profondément philosophique à vous donner, déclare-t-il. Mais nous avons pris cette décision simplement pour servir la comédie. Il fallait que le spectateur sache immédiatement quand on était dans la tête de la mère, sans que ce soit trop compliqué pour les enfants. En mettant simplement une moustache aux émotions du père, le problème ne se posait plus." Néanmoins comme autour de toute oeuvre, la réflexion reste permise. Après tout, Vice-versa peut se targuer de proposer plusieurs niveaux intéressants de sous-texte…

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Crédit photo : Vice-versa / Disney Pixar