Des groupes conservateurs et religieux proches du président Recep Tayyip Erdogan ont organisé ce dimanche une manifestation contre les personnes LGBTQI+ à Istanbul. Pendant ce temps, les Marches des fiertés sont toujours réprimées en Turquie.
En Turquie, les Prides sont interdites mais quand il s'agit de lutter contre l'avancée des droits des personnes LGBTQI+, les manifestations sont encouragées par le gouvernement. Ce dimanche 18 septembre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le quartier conservateur de Fatih à Istanbul pour manifester directement contre les personnes LGBTQI+, rapporte l'AFP.
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Plus d'une centaine de groupes et d'associations conservateurs proches du président Recep Tayyip Erdogan avaient appelé à venir réclamer l'interdiction pure et simple des associations LGBTQI+. Des pancartes ont été brandies avec des slogans tels que "protégez votre famille et votre génération", "nous n'allons pas laisser faire ceux qui font la guerre à la famille", "dites non au projet de société sans genre" ou alors "papa + maman + bébé = famille"… Dans la foule, note l'AFP, la majorité des femmes présentes étaient voilées.
Large anti-LGBT parade in Istanbul. I think first ever large gathering.
They demand a ban on “LGBT propaganda” on every platform, closure of LGBT associations, a ban on their public activities, and to criminalise LGBT per the leaflet by the organisers
— Ragıp Soylu (@ragipsoylu) September 18, 2022
Preuve du soutien du gouvernement à cette manifestation, un spot publicitaire appelant à y participer a été classé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel turc comme étant "d'intérêt public". De quoi inquiéter Amnesty international en Turquie qui a réagi sur Twitter en dénonçant une "violation des principes de non-discrimination et d'égalité de l'État. Le devoir de l'État n'est pas d'encourager la haine envers une partie de la population, mais d'empêcher toute forme d'apologie de cette discrimination".
Prides réprimées en Turquie
Cette démonstration de force anti-LGBTQI+ est d'autant plus révoltante qu'à l'inverse, les manifestations LGBTQI+ sont officiellement interdites en Turquie depuis 2015, après une édition 2014 qui avait rassemblé plus de 100.000 personnes. Le 26 juin dernier, plus de 350 personnes ont encore été arrêtées puis relâchées pour avoir participé à une Marche des fiertés à Istanbul, malgré l'interdiction. "En tant que mouvement LGBTI+, nous marchons pour l'égalité et la liberté depuis des décennies. Ni les marches de la haine ni le soutien de l'État à ces marches ne peuvent nous enlever notre espoir d'égalité. En tant que LGBTI+, nous continuerons à marcher vers l'égalité avec tous nos alliés", a promis l'association Kaos GL samedi.
Depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP, le parti islamo-conservateur de Recep Teyyip Erdogan, les personnes LGBTQI+ sont sans cesse prises pour cible en Turquie. Outre la répression active des Prides, le président a pris fait et cause en 2020 pour le chef des affaires religieuses du pays qui associait homosexualité et maladies, quand le gouvernement turc n'exige pas de Netflix la suppression de ses programmes pour un personnage gay. L'année dernière, le gouvernement a décidé de retirer son adhésion à un traité de défense des droits des femmes, pourtant baptisée Convention d'Istanbul, lui reprochant notamment d'encourager l'homosexualité qui menacerait la famille traditionnelle.
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Crédit photo : Yasin Akgul / AFP